Utiles les probiotiques? Surtout quand ils arrivent en forme à destination

31 mars 2016
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

L’engouement tant en ce qui concerne la recherche fondamentale que l’innovation en matière de probiotiques fait des vagues en Belgique.

Ces micro-organismes (des levures et des bactéries), dont plusieurs souches peuvent apporter un bénéfice à notre organisme, aiguisent les appétits de certains entrepreneurs-chercheurs wallons. C’est le cas de la société Vésale Pharma, à Noville-sur-Méhaigne, en province de Namur. Elle propose quelques produits prêts à l’emploi sous forme de comprimés ou de poudre à avaler. Mais surtout, elle a mis au point un système de conservation des probiotiques.

Technologie de micro-encapsulation

Les micro-organismes, comme des lactobacilles ou encore des bifidobactéries pris par voie orale, ne sont réellement utiles que lorsqu’ils arrivent à destination. C’est à dire le côlon”, précise Jehan Liénart, le patron de Vésale Pharma.

Les quatre chercheurs employés par son entreprise ont mis au point un procédé d’enrobage de ces micro-organismes qui leur assure un voyage sans souci jusqu’à leur lieu de travail. Les recherches menées au sein de l’entreprise font aussi l’objet de partenariat avec l’Université de Liège, celle de Louvain (UCL) ou encore l’Institut Pasteur de Lille.

 

Il s’agit d’une technique de micro-encapsulation des probiotiques”, souligne Jehan Liénart. “Grâce à cette technologie que nous avons brevetée, la partie active de nos produits traverse sans souci l’essentiel du système digestif. Ils ne sont pas détruits par les sucs gastriques par exemple. Résultats, ils arrivent en forme et en nombre à destination où ils peuvent alors déployer leur effet bénéfique pour la santé”.

C’est un changement dans l’acidité du système digestif qui donne le signal de libération des probiotiques micro-encapsulés par la technologie maison, baptisée “Intelicaps”.

Une nouvelle unité de production à Ghlin

Cette technologie de micro-encapsulation ne permettait jusqu’à présent que de traiter quelques dizaines de kilos de probiotiques par an. Dans les semaines qui viennent (l’entreprise parle du mois de juin), une nouvelle unité de micro-conditionnement devrait être opérationnelle à Ghlin (Hainaut). Elle permettra de traiter jusqu’à une tonne de probiotiques chaque année.

Le développement de la PME namuroise ne s’arrête pas là. Elle lorgne désormais aussi vers l’étranger. “Le marché est en pleine expansion”, indique Jehan Liénart. Si la technologie Intelicaps restera bien en Wallonie, l’entrepreneur vise désormais le Brésil, la Chine et même les Etats-Unis.

Retombée directe d’une mission de l’AWEX aux Etats-Unis

Grâce à une mission de l’Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers (AWEX) menée au Texas et à laquelle il vient de participer, le patron de Vésale Pharma envisage de développer ses activités de recherche puis commerciales aux Etats-Unis, d’ici 2018.

Deux projets de recherche conjoints avec la Texas A&M University ont été identifiés et pourraient démarrer rapidement sous la forme d’une spin-off. Ils porteraient sur le syndrome métabolique et la technologie Intelicaps, notamment afin de déterminer le comportement des bactéries quand elles se retrouvent micro-encapsulées. Ce sont ces projets de recherche qui déboucheraient ensuite sur la création d’une filiale commerciale aux Etats-Unis.
Une perspective qui enchante Pascale Delcomminette, Administratrice générale de l’Awex. Son agence évolue. Elle soutient les PME wallonnes innovantes qui se sentent pousser des ailes.

Nous avons en Wallonie des entreprises de niche”, dit-elle. “L’AWEX est là pour les soutenir et les aider à conquérir de nouveaux marchés. Et tant mieux si cela passe aussi par de nouveaux partenariats technologiques. N’oublions pas que 70 pc du chiffre d’affaires de nos entreprises sont liés aux exportations”, conclut-elle.

 Le microbiote, le cerveau et le cancer

L’impact du microbiote intestinal sur la santé n’est plus à démontrer. En Belgique, plusieurs équipes travaillent sur des aspects parfois surprenants à ce sujet. A l’UCL, on connait les travaux du Pr Cani. On connaît sans doute moins ceux du Dr Laure Bindels. Ils portent sur l’impact du microbiote sur la cachexie qui se développe en marge d’un cancer. Le FNRSnews de mars, consacré au Télévie 2016, détaille les enjeux de ces recherches.

Par ailleurs, la revue Nature de cette semaine publie un résultat de recherche tout aussi intéressant sur les liens qui peuvent exister entre le microbiote intestinal et la récupération d’un patient qui vient de connaître un accident vasculaire cérébral.

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