Hautes Fagnes. Photo © Frederic Demeuse

La forêt en Belgique : trois régions, trois approches

31 décembre 2014
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Comment se porte la forêt en Belgique ? Voilà la question à ne pas poser à Olivier Baudry.  Ce docteur en sylviculture et en écologie forestière de l’Université Catholique de Louvain est intarissable dès qu’il s’agit de production de bois, de santé des massifs ou encore de l’impact des changements climatiques sur les essences qui prospèrent en Belgique.

 

«Il y a un clivage de plus en plus important entre la forêt résineuse et la forêt feuillue en Belgique », lance-t-il.
« Les résineux se portent bien. Nous disposons encore de grosses scieries. Ces essences sont valorisées localement. Par contre les scieries de feuillus sont en train de disparaître. La plupart de ces bois sont exportés vers l’Asie parce qu’ils demandent plus de travail. Question de coûts, de main-d’oeuvre ».

 

Le hêtre souffre de la sécheresse

 

« La Forêt en Belgique » par Olivier Baudry et Frédéric Demeuse. Editions Racine. VP 39,95 euros
« La Forêt en Belgique » par Olivier Baudry. Editions Racine. VP 39,95 euros

Dans son livre, « La Forêt en Belgique » , le bioingénieur explore les multiples facettes de la forêt : économiques bien sûr, écologiques, récréatives.

 
« La forêt nous fournit le bois nécessaire à la construction, au chauffage, à l’ameublement et au papier. Elle épure l’eau et l’air et stocke le carbone. Elle héberge et protège des espèces animales et végétales typiques de ces milieux », indique-t-il.

 

La santé des massifs ? « De nouvelles maladies apparaissent », constate Olivier Baudry. « Elles sont liées aux changements climatiques et à la mobilité mondiale des personnes. Pour l’instant, le frêne souffre d’une attaque de champignons venus d’Orient ». 

 
Les changements climatiques ? Certaines espèces sont menacées. « Chez nous, dans les sols qui ne retiennent pas assez l’eau, comme des sols sableux, le hêtre souffre des sécheresses estivales », explique-t-il.

 

Abondamment illustré par les photographies de Frédéric Demeuse, ce (beau) livre plonge au sein d’une trentaine de massifs forestiers tant du nord que du sud de la Belgique. Sans oublier la Forêt de Soignes, chère aux Bruxellois, laquelle s’étend sur les trois Régions du pays. Toutefois, c’est le bois de Mariemont qui a les faveurs de l’auteur. Il y a passé une bonne partie de son enfance…

 

De la Forêt d’Anlier au Bois de la Cambre, en passant par le Westhoek

 

La fragilité comme l’utilité de la forêt sont des évidences pour Olivier Baudry. Il décortique quelques grandes thématiques forestières : les cycles de la forêt et des arbres, la situation des forêts en Belgique, les principales espèces arboricoles, la gestion durable de la forêt, les traces du passé, le travail de l’homme, la faune et la flore, la protection de l’eau et des sols, ainsi que le lien avec l’agriculture.

 

Il pointe aussi, en filigrane, les approches régionales distinctes qui animent les gestionnaires publics de la « forêt belge ». De Gedinne et son arboretum à la forêt d’Anlier en passant par le bois de Lauzelle, la forêt de Ravels, le Westhoek ou encore le bois de la Cambre à Bruxelles, on ne gère pas ces espaces arborés de manière identique.

 

18.000 emplois en Wallonie

 

« En Wallonie, la forêt occupe environ un tiers du territoire », rappelle Philippe Blerot, Inspecteur général du Département de la Nature et des Forêts de la Région Wallonne.

 

« Une superficie considérable pour des enjeux socio- économiques et environnementaux majeurs. Stockage du carbone, emploi et savoir-faire local, protection des sols, conservation des espèces et ouverture de la forêt au public constituent les défis actuels. La filière bois, de la graine à la planche, fournit du travail à plus de 18.000 personnes, avec un savoir-faire reconnu internationalement. Un emploi local, pour une demande et un bien marchand tout aussi local ».

 

Bruxelles, ville « verte » à 54 %

 

A Bruxelles, la priorité est ailleurs. « Bruxelles, capitale de l’Europe, capitale de la Belgique, Ville-Région, est l’une des capitales les plus vertes. Le « vert » y couvre 54% du territoire régional », souligne en guise de préface Stéphane Vanwijnsberghe, Chef de sous-division Nature et Forêts à  Bruxelles Environnement.

 
« La gestion de ces espaces boisés est orientée vers l’accueil du public, la conservation de la nature et la préservation des paysages ». Avec en tête les deux grandes menaces qui pèsent sur la faune et la flore bruxelloises : la pression récréative et l’isolement de ces sites.

 

Services écosystémiques en Flandres

 
En Flandres, la gestion forestière est placée sous le signe des directives européennes Habitats et Oiseaux. « Pour obtenir des habitats forestiers en bon état, la conversion des forêts (au moins 28.000 ha) comme le reboisement (au moins 6.000 ha) sont nécessaires », écrit Jos Rutten, Directeur général de l’Agentschap voor Natuur en Bos.

 

« Cette intégration de la forêt et de la nature conduit à une plus grande biodiversité. Une forêt écologiquement saine offre une expérience forestière authentique aux visiteurs ainsi que des services écosystémiques tels que la purification de l’eau, le contrôle de l’érosion ou la fixation des particules fines et du carbone ».

 

La forêt belge : 0,02 % de la forêt mondiale !

 

Trois approches distinctes pour, au total, une forêt « belge » qui s’étend sur 700.000 hectares. Un chiffre impressionnant ?  « N’oublions pas que la forêt belge n’est qu’une minuscule pièce du puzzle forestier mondial, représentant moins de 0,02% de la forêt mondiale », conclut Olivier Baudry.

 

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