Les chiffres sont a priori impressionnants. Cette année, 2740 élèves issus des dernières années d’étude des écoles secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont participé aux Olympiades de biologie, de chimie et/ou de physique. Mercredi 14 mai, les lauréats de l’année (de 3 à 13 lauréats suivant les catégories) ont reçu leur récompense lors d’une cérémonie organisée dans les infrastructures de l’entreprise GSK, à Wavre.
Une belle fête… Avec un constat immédiat : les sciences ont toujours bien un sexe! Y compris dès l’âge de 17 ou 18 ans, avant même d’attaquer le « Supérieur ». Aux Olympiades, les filles étaient très nettement majoritaires en biologie et totalement absentes du palmarès en physique. La chimie quant à elle faisait moitié-moitié. Est-ce là un problème majeur pour l’industrie wallonne qui recrutera un jour ces (futurs) scientifiques?
L’industrie en quête de talents
“Ce genre de répartition ne pose pas vraiment de problème chez nous”, souligne Pascal Lizin, directeur “external & public affairs” chez GlaxoSmithKline (GSK), qui emploie 8.500 personnes en Belgique. “Que l’on soit un ou une ingénieur chimiste ou biologiste, on peut exercer des métiers forts différents. Les filles vont davantage se tourner vers des métiers de recherche, de développement ou de contrôle de qualité par exemple tandis que les garçons vont se diriger en priorité vers les métiers de production. Il y a bien sûr des exceptions et des évolutions de carrières. Mais le schéma est assez net”.
Qu’on ne s’y trompe pas. Les 2740 jeunes, enthousiastes pour les sciences dures, qui ont concouru cette année aux Olympiades, cachent mal la pénurie de cerveaux disponibles sur le marché du travail. La faute au désintérêt des jeunes pour les filières scientifiques.
L’offre belge ne suffit pas
“Nous trouvons sur le marché belge une grande partie de nos collaborateurs”, indique Pascal Lizin. “Mais en Belgique, notre entreprise est riche de scientifiques issus de 73 pays différents. Nous cherchons les meilleurs. Cela implique donc que nous recrutons aussi dans des universités étrangères”.
La difficulté de trouver des scientifiques en suffisance en Belgique n’est pas un problème neuf. “Depuis quelques années, nous avons des problèmes, reprend le dirigeant. Et ce n’est pas qu’un problème wallon ou belge. C’est un problème européen”.
La faute à l’enseignement ? “Parfois, on constate de légers frémissements dans les universités et les écoles supérieures, mais ils sont rapidement suivis par un tassement”, continue Pascal Lizin. “C’est un vrai problème pour l’industrie. C’est aussi un enjeu sociétal. Nous avons besoin de recruter des scientifiques”.
Une responsabilité partagée par le secteur industriel
Quels rôles les entreprises peuvent-elles jouer dans ce cadre? “Nous avons une part de responsabilité dans l’adéquation entre la formation des jeunes et les problèmes que nous rencontrons”, estime-t-il. “Nous devons amplifier nos collaborations avec les enseignants, dès l’école secondaire. Créer davantage de synergies avec le monde académique, en parlant des métiers présents dans nos industries et des perspectives d’emplois, pourrait corriger le manque d’intérêt pour certaines filières scientifiques.”
“Le rôle de l’école est important. Il serait bon de développer, et ce très tôt dans les cursus scolaires, de réels programmes d’attraction des jeunes vers les carrières scientifiques. C’est donc aussi une responsabilité politique, intégrée et à long terme si on désire réellement changer ce paradigme”.
Ecoutez Pascal Lizin détailler l’initiative « Cefochim » développée par les industries du secteur de la chimie et de la pharmacie.
Et manifestement, promouvoir les carrières scientifiques, cela passe également par des opérations comme les Olympiades de Biologie, de Chimie et de Physique. Les jeunes qui y participent sont motivés. Leur enthousiasme est communicatif.
Faut-il dès lors commencer la sensibilisation aux sciences plus tôt? Dès l’école primaire?
Pascal Lizin analyse la situation en Belgique francophone.
De son côté, la Fédération belge des industries chimiques et des sciences de la vie (Essenscia) est également très active pour intéresser les jeunes aux métiers industriels de la chimie et de la pharmacie. Notamment via son site destiné aux jeunes des écoles primaires et secondaires : Sciences Adventures
Ce site n’hésite pas à marteler son message-clé: “A côté du secteur académique, le secteur chimique et pharmaceutique offre de réelles possibilités de carrières passionnantes dans une industrie à la rencontre des grands défis de société, qu’il s’agisse du bien-être quotidien, de la santé, de l’eau, de l’énergie ou encore du développement durable. La cellule “Sciences adventure” a pour vocation d’inviter les jeunes de tous âges à participer à l’aventure de la chimie et des sciences de la vie pour construire le monde de demain”.
Perspectives d’emplois
Et du boulot, il y en a ! Cefochim se targue de donner du travail à 80 % de ses stagiaires. Et cette année, rien que chez GSK, ce sont 200 à 300 profils scientifiques qui seront recrutés, universitaires et bachelier en sciences qui feront surtout assurance de qualité.
Pour Vincent, un rhétoricien de 18 ans de l’Athénée Royal d’Arlon, lauréat des Olympiades de physique, l’avenir est tout tracé. Non seulement il va participer cet été aux Olympiades internationales de physique à Astana (Kazakhstan) mais dès la prochaine rentrée académique, il va se lancer dans des études d’ingénieur à Louvain-la-Neuve. Comme une dizaine d’autres élèves de son année. Les autres ? Ils veulent faire médecine…
Les universités aussi jouent la carte de l’attractivité
Chaque université dispose de ses propres outils de promotion des sciences et des filières scientifiques.Inforscience (ULB)
Science infuse (UCL)
Scitech2 (Umons)Réjouisciences (ULg)
Atouts Sciences (Unamur)