Cimetières, eau, sport, déchets : la “Smart City” envahit la Wallonie

1 octobre 2018
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Musson, Verviers, Gerpinnes, Charleroi, Silly… Les initiatives en lien avec la « ville intelligente » fleurissent en Wallonie. Le deuxième rendez-vous « Smart City Wallonia », organisé à Marche-en-Famenne, a permis d’en prendre la mesure.

Et ce même si du concept de « Smart City » aux réalisations concrètes il existe encore parfois certains décalages. « Quand on parle de villes intelligentes, digitales, technologiques, le risque est grand de partir dans des discussions stratosphériques et déconnectées du terrain », entendait-on aussi à cette journée Smart City Wallonia.

Cimetières en ligne à Gerpinnes

À l’autopsie pourtant, il ressort que la Wallonie n’a pas à rougir de ses initiatives en la matière.

Quelques exemples? À Gerpinnes, les cimetières sont désormais en ligne grâce au réseau CimWeb. L’attrait des cimetières «branchés»? « Il s’agit d’offrir de nouveaux services aux citoyens, mais aussi à la commune en agrégeant une série de données », explique Julien Matagne, de l’administration communale de Gerpinnes.

« En digitalisant les informations relatives aux monuments, aux tombes, aux caveaux, notamment ceux qui ne sont plus entretenus, nous dressons une cartographie précise de l’état des parcelles. Il s’agit d’une sorte d’Immoweb des cimetières », explique-t-il. « Cela permet de retrouver une tombe oubliée par exemple. Ou encore d’en apprendre davantage sur telle ou telle sépulture. Mais il s’agit aussi d’un site à vocation commerciale. Via CimWeb, il est aussi possible de faire fleurir une tombe, de la faire entretenir », précise-t-il.

Les compteurs d’eau de Musson communiquent leurs index

Le concept de ville intelligente comporte de multiples facettes. S’il s’agit notamment d’offrir de meilleurs ou de nouveaux services en croisant diverses bases de données, la dimension économique entre également en jeu.

À Musson, en province de Luxembourg, on surfe aussi sur la vague « smart city ». Une démonstration que le concept est aussi applicable en zones rurales. Ici, ce sont les compteurs d’eau qui ont été au centre des préoccupations de l’administration communale.

Technologie RFID

« Un employé communal faisait traditionnellement le tour des maisons de la commune et enregistrait les données », explique Daniel Guebels, de l’administration communale de Musson. « Encore faut-il que les occupants soient présents et puissent lui donner accès au compteur. En cas d’absence, le contrôleur laissait une carte d’avis. Régulièrement, les données n’étaient pas enregistrées, ce qui pose un problème aux consommateurs, qui sont alors facturés forfaitairement, et à la commune qui ne dispose pas d’une vision exacte de la consommation d’eau ».

La solution « smart » mise en place à Musson à vu les compteurs devenir « communicants ». Les relevés sont désormais effectués à distance, grâce à la technologie RFID. Le contrôleur sillonne les rues de la commune à bord d’une camionnette et interroge à distance chaque compteur rencontré, lequel transmet automatiquement son index. La tournée est plus rapide, il ne faut plus frapper à la porte et espérer que les occupants soient présents, et les bons chiffres sont immédiatement encodés dans le système de facturation. Une avancée qui a séduit le jury de l’Agoria Smart City Award dont Musson a été lauréate en 2018.

Réduire ses déchets avec Smogey

Cette année, Agoria, la Fédération des entreprises technologiques, propose pour la 7e fois aux villes, aux communes, mais aussi aux provinces, aux autorités régionales ou encore aux intercommunales qui mettent en œuvre des solutions technologiques intelligentes pour favoriser la viabilité et offrir de meilleurs services à leurs citoyens de concourir pour son « Smart City Award ».  Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 30 novembre.

Une opportunité pour la Région bruxelloise de présenter sa nouvelle opération de réduction des déchets? « Nous travaillons effectivement avec Bruxelles Environnement à la mise au point d’un nouvel outil digital destiné à réduire la masse de déchets dans la capitale », indique Tanguy Deglas, directeur de projets chez Smogey.

Cette start-up propose une plateforme qui agrège les initiatives durables. Sa première réalisation a concerné le centre culturel de Silly, qui visait le zéro déchet. À Bruxelles, une opération similaire est en passe d’être lancée. Smogey a développé une interface éducative et ludique qui devrait permettre aux Bruxellois de prendre d’abord conscience de leur propre €production » de déchets, via un bilan de départ, puis de développer de nouvelles habitudes plus durables à ce propos.

Courir en ville plus… intelligemment

Enfin, les loisirs sportifs et le tourisme ne sont pas oubliés. Charleroi va en faire l’expérience cette semaine. Elle rejoint le projet sportivo culturel « Runnin’City » en inaugurant trois circuits de jogging commentés.

L’application pour smartphone qui reprendra ces circuits a été imaginée en France (Lyon), et est désormais disponible. Plus de 160 villes en font désormais partie, dont plusieurs en Belgique (Bruxelles, Bruges, Ypres par exemple, et cette semaine: Charleroi). Son originalité? Mêler géopositionnement et informations culturelles et/ou touristiques tout au long d’itinéraires de course à pied de kilométrages différents. Le visiteur, ou le riverain sportif qui souhaiterait mieux connaître sa cité, a le loisir d’opter pour l’un ou l’autre des circuits proposés et d’ainsi découvrir la ville qui l’accueille tout en se livrant à son sport favori. Quand son itinéraire l’amène à proximité d’un endroit remarquable, l’application lui diffuse une information pertinente à son sujet.

De quoi également rappeler que la « ville intelligente » est aussi une question de… participation citoyenne et d’ouverture!

Haut depage