Une recherche menée à l’Institut de Duve (UCLouvain) sur les télomères laisse entrevoir une nouvelle stratégie thérapeutique pour soigner certains cancers pédiatriques.
« Après quatre années de recherches menées grâce au soutien du Télévie, nous venons de mettre en lumière une nouvelle stratégie potentielle pour lutter contre le cancer des enfants », annonce la Pre Anabelle Decottignies, spécialiste des télomères.
Les télomères se situent à l’extrémité de nos chromosomes. Avec l’âge, ils ont tendance à raccourcir, ce qui entraîne le vieillissement des cellules. Dans le cas de cellules cancéreuses, les télomères restent par contre très « jeunes ». Les cellules cancéreuses ne vieillissent dès lors pas et continuent à se diviser rapidement, formant des tumeurs et des métastases.
Ciblage d’une protéine “protectrice”
« Nous avons identifié une protéine qui permet la survie des télomères des cellules malignes dans certains cancers des enfants. Cette protéine baptisée TSPYL5 n’est pas indispensable à la survie des cellules saines. En la ciblant, nous espérons à présent développer une drogue capable de la neutraliser ».
« Lorsque la protéine TSPYL5 est éliminée, les cellules cancéreuses meurent suite au dysfonctionnement de leurs télomères. C’est la première fois qu’on trouve une cible spécifique pour contrer les cellules cancéreuses chez l’enfant», se réjouit Anabelle Decottignies.
Un intérêt pour le traitement des sarcomes et des glioblastome notamment
Tous les cancers pédiatriques ne sont pas concernés par cette découverte. Dans le cas de la leucémie par exemple, qui représente un quart des cancers pédiatriques, le mécanisme en question n’intervient pas. Par contre, pour d’autres cancers comme des sarcomes ou le glioblastome, le mécanisme et la protéine mis au jour pourraient s’avérer utiles.
« Il s’agit d’un nouveau moyen d’enrayer la prolifération des tumeurs sans avoir recours à la chimiothérapie », estime la scientifique du groupe de recherche « Genetic & Epigenetic Alterations of Genomes », à l’Institut de Duve.
« Le problème de la chimiothérapie dans le traitement des cancers pédiatriques reste sa toxicité », pointe la chercheuse bruxelloise. « Ce traitement est tout aussi toxique que ceux administrés voici plus de vingt ans. Il est aussi risqué pour l’enfant qui guérit. Celui-ci risque des problèmes de stérilité, notamment. Il a également un impact sur son capital de cellules-souches. Or, celles-ci permettent la prolifération et le renouvellement de ses tissus. La capacité des tissus à se régénérer diminue, alors que l’enfant qui guérit a encore de nombreuses années devant lui. Nous avons ici l’ébauche d’une alternative intéressante ».