« Aujourd’hui le tri des déchets est quelque chose de tout à fait naturel pour les jeunes. Demain, grâce au programme interrégional européen GeotherMythe 4.0, ils auront le réflexe de penser à la chaleur venue du sous-sol quand ils réfléchiront aux énergies renouvelables ». Caroline Decamps, directrice générale de l’intercommunale Idea, dans la région de Mons, en est convaincue.
Ce micro-projet Interreg, réalisé en collaboration avec un partenaire français, le parc d’attractions scientifique SparkOH! et l’Université de Mons, portait sur l’élaboration et la mise à disposition des enseignants d’un kit didactique lié à la géothermie. Celui-ci, désormais disponible, comprend un feuillet d’information, une mallette d’activités et une vidéo de sensibilisation.
Une réalité à Saint-Ghislain depuis 35 ans
« La géothermie n’est pas un horizon lointain », souligne Jacques Gobert, président d’Idea. À Saint Ghislain, c’est même une réalité depuis 35 ans. Trois puits d’exploration géothermique creusés dans les années 1970 ont été transformés en site d’exploitation de l’eau à 70 degrés puisée à 2.000 mètres sous la surface. « Une eau qui alimente un réseau de chaleur urbain desservant la piscine communale, 250 logements sociaux, quatre écoles, deux hôpitaux et deux maisons de repos », relate-t-il.
Dans la région, la géothermie a aussi ses détracteurs, comme le montre le projet du site Ambroise Paré (Mons) auquel les riverains se sont opposés. « Mais avec l’explosion actuelle du prix du gaz, cette ressource énergétique durable située juste sous nos pieds présente un nouvel avantage non négligeable: elle est désormais compétitive », reprend Caroline Decamps. « Elle est non seulement rentable, mais aussi accessible localement, silencieuse et non polluante. Et, contrairement aux éoliennes ou aux panneaux solaires, la géothermie est disponible 24 heures sur 24, quels que soient le moment de la journée et la météo », martèle-t-elle.
Voilà le type de messages que le projet GeotherMythe entend faire passer auprès des élèves. Des messages dont les notions techniques (types de géothermie, techniques d’exploitation, informations géologiques…) ont été validées par les scientifiques de l’Université de Mons.
Le développement territorial durable, un axe stratégique pour l’UMons
« Outre ses missions de recherche et d’enseignement, l’Université de Mons assure aussi toute une série de services à la société », explique la Pre Diane Thomas, Vice-Rectrice en charge de la promotion des partenariats régionaux et interrégionaux. « Nous collaborons, par exemple, depuis 40 ans avec l’intercommunale Idea dans le cadre de recherches sur les nappes aquifères. Notre expertise en géologie est riche de deux siècles d’expériences. Elle a donné lieu, en 2005, à un nouvel accord de collaboration avec Idea pour tout ce qui touche au sol. »
« C’est dans ce cadre que nous avons participé au projet GeotherMythe. Mais aussi parce qu’il est ici question de développement territorial durable: un axe stratégique pour l’université. Notre expertise en matière de vulgarisation scientifique, via le MuMons, a également été un apport utile pour améliorer les connaissances du public par rapport à cette énergie trop peu connue », précise-t-elle.
Selon les cartes géologiques dressées par les scientifiques de l’UMons, une zone intéressante pour l’exploitation de la géothermie, longue de 20 km sur 5 km de large , serpente dans la région montoise. Idea ne désespère pas d’y développer de nouveaux projets. « Des projets qui passeront par une information accessible et optimale de la population », souligne encore le président de l’intercommunale. C’est là tout le cœur du projet GeotherMythe: démystifier cette énergie à l’aide d’une communication adéquate.