Mieux tenir compte des besoins psychiques des jeunes qui quittent l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte. Les impliquer dans les soins et l’élaboration des politiques. Leur offrir une prise en charge flexible et adaptée. Favoriser la collaboration et le partage d’expériences et d’expertises entre les réseaux ‘enfants/adolescents’ et ceux dédiés aux adultes. Telles sont les principales conclusions des deux chaires en psychiatrie de transition soutenues durant quatre ans par les Fonds Julie Renson et Reine Fabiola, et la Fondation Roi Baudouin. Objectif ultime : mettre à l’agenda cette thématique à la croisée des soins en pédopsychiatrie et en psychiatrie adulte.
Premiers signes entre 14 et 25 ans
Si la vulnérabilité psychique des jeunes fait l’objet d’une attention croissante – amplifiée encore à la suite de la pandémie de Covid-19 – les besoins psychiques des jeunes à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte restent quant à eux souvent mal compris.
Sur le terrain, on constate également une rupture dans la continuité des soins et de l’accompagnement proposés par les départements cliniques pour enfants/adolescents et ceux pour adultes.
Or, c’est précisément durant cette période transitionnelle que la fragilité psychique est la plus importante : dans environ trois cas sur quatre, les premières manifestations des troubles psychiques apparaissent entre 14 et 25 ans. Ces troubles sont, en outre, souvent associés à d’autres problématiques telles que le décrochage scolaire, les comportements délinquants, la toxicomanie, le sans-abrisme.
Chaires en psychiatrie de transition à ULB et KULeuven
Face à l’intérêt croissant pour la psychiatrie de transition, renforcé par les réformes des soins en santé mentale, les Fonds ‘santé mentale’ et la Fondation Roi Baudouin se sont unis afin de mettre cette thématique à l’agenda en Belgique. Entre 2019 et 2022, ils ont soutenu deux chaires en psychiatrie de transition, pour un total d’1,2 million d’euros.
Toutes sont deux rattachées à une faculté de médecine d’une université belge. Il s’agit de l’ULB pour la chaire francophone portée par l’Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola (HUDERF) en collaboration avec l’Hôpital Erasme, le CHU Brugmann et le Service de Santé Mentale ULB. Et la UPC KULeuven pour la chaire néerlandophone.
Ces chaires ont aussi impliqué différents groupes de jeunes demandeurs de soins psychiatriques ou psychologiques. Outre leur contribution à la recherche scientifique, leurs travaux ont œuvré à l’amélioration des soins destinés aux jeunes patients, afin qu’ils soient adaptés à leur phase de vie et à l’époque actuelle.
Vers une prise en charge accessible et flexible
Les recherches ont démontré que les facteurs prédisposant au déclenchement d’une psychopathologie à l’âge de transition se situent à deux niveaux : l’environnement – incluant les expériences traumatiques durant l’enfance et le fonctionnement familial – et la vulnérabilité familiale aux troubles psychiatriques.
Les jeunes de 16 à 24 ans impliqués dans les travaux des deux chaires estiment essentiel que l’on puisse leur offrir une prise en charge accessible et flexible, ainsi qu’une offre de soins appropriée.
Cela nécessite une attention particulière aux éléments suivants :
– le type d’accueil : entretiens individuels au premier contact, séances de groupe sur indication ;
– la temporalité : délai d’attente court (entre 1 et 2 mois maximum), tarif bas (moins de 12 €, c’est acceptable; idéalement, ce serait gratuit) ;
– le lieu : une maison chaleureuse et adaptée aux jeunes en ville, ouverte sur son environnement ;
– le type d’aide : aides professionnelles, traitements et support des pairs ;
– la confidentialité : respect de la vie privée, qui est un point d’attention essentiel pour les jeunes ;
– la participation : apports des jeunes eux-mêmes dans le processus thérapeutique.
A ces recommandations s’en ajoutent d’autres issues du groupe de travail ‘Jeunes en transition’ présidé par la Dre Véronique Delvenne, cheffe de service de Pédopsychiatrie à l’HUDERF, et le Pr Ruud van Winkel, psychiatre à la KULeuven. Ces dernières mettent notamment l’accent sur l’importance de développer une approche trans-diagnostique, qui va agir sur les processus responsables de l’apparition et du maintien d’un trouble psychique chez le jeune.