Des milliers d’espèces marines pistées grâce à leur ADN, la vie des princesses n’est pas un long fleuve tranquille, la manière de « scroller » sur les médias sociaux signe une forme de solitude.
À la rédaction de Daily Science, nous repérons régulièrement des informations susceptibles d’intéresser (ou de surprendre) nos lecteurs et lectrices. À l’occasion de notre dixième anniversaire, nous relançons deux fois par mois notre rubrique du week-end « les yeux et les oreilles de Daily Science ». Avec, pour celle-ci, et à la demande de notre lectorat, un regard plus international.
4.500 espèces marines pistées dans l’environnement grâce à leur ADN
Le programme pilote de l’Unesco sur l’ADN environnemental a permis de cartographier 4.500 espèces marines dans 21 sites du patrimoine mondial à travers le monde, fournissant de nouvelles données clés et une méthode inédite pour renforcer la protection de l‘océan face au dérèglement climatique croissant, indique l’Unesco.
« Ce programme révolutionne la façon d’observer et de surveiller l’évolution de la vie marine. À l’heure où la dégradation de la biodiversité atteint un rythme alarmant, il offre de nouvelles opportunités pour mieux comprendre et sauvegarder les écosystèmes majeurs des 18.000 aires marines protégées à travers le monde. L’Unesco met cette technique en libre accès et appelle ses États membres à soutenir la communauté scientifique pour une utilisation à grande échelle », estime Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
Près de la moitié des espèces identifiées sont des poissons, elles comprennent 86 espèces de requins et de raies, 30 espèces de mammifères et 3 espèces de tortues. Parmi ces espèces, 120 sont répertoriées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN.
Le programme ADNe de l’Unesco est la toute première application standardisée d’échantillonnage d’ADN environnemental pour surveiller l’état des espèces marines dans les réservoirs de biodiversité mondiaux. Ses résultats démontrent le formidable potentiel de cet outil pour renforcer la conservation des océans.
Avec un seul échantillon d’eau de 1,5 litre, cette technique peut révéler des traces génétiques d’environ 100 espèces marines en moyenne. Comparé aux autres technologies existantes, ce programme est à la fois peu coûteux, non invasif et beaucoup plus rapide. Il réduit les délais de collecte de données de plusieurs années à quelques mois seulement.
La vie des princesses n’est pas un long fleuve tranquille
Pauvres Blanche Neige, Jasmine, Cendrillon et autres Pocahontas! Selon un article de chercheurs de l’Université de Twente, aux Pays-Bas, les princesses des dessins animés de Disney feraient bien d’être un peu plus attentives à… leur santé.
L’équipe pointe une série de problèmes potentiels auxquels ces héroïnes doivent faire face afin d’espérer « vivre heureuses et pour toujours (et en bonne santé) », comme le veut la tradition de ce genre de productions.
Quelques exemples ? Les chercheurs spécialisés en technologies de la santé, en maladies pulmonaires et en cancers en pointent une panoplie !
Blanche-Neige, exploitée comme servante par sa méchante belle-mère, voit ses possibilités d’interaction sociale extrêmement limitées. « Ce qui l’expose à des risques de maladies cardiovasculaires, de dépression, d’anxiété et de mort prématurée », expliquent les auteurs. Heureusement, grâce à sa rencontre avec les sept nains, elle échappe à cette solitude.
Dans Aladin, la princesse Jasmine est également exposée aux effets de la solitude sur la santé. Elle grandit entre les murs de son palais sans aucun ami. Quant à son tigre de compagnie, Rajah, il présente non seulement un risque d’infection zoonotique, mais ses instincts naturels pourraient aussi conduire à une situation dangereuse et potentiellement fatale pour la belle.
Et il en va de même pour la Belle, de « La Belle et la Bête ». Le contact étroit avec la Bête l’expose également à de nombreuses maladies infectieuses potentiellement mortelles, telles que la brucellose ou la rage.
« Dans son environnement poussiéreux, Cendrillon risque pour sa part de développer une maladie pulmonaire professionnelle », estiment les scientifiques. Une situation aggravée par le fait que sa marraine la fée répand volontiers autour d’elle des quantités massives de paillettes magiques. Des paillettes magiques ? Aux yeux des scientifiques, il s’agit sans aucun doute de microplastiques recouverts d’aluminium, lesquels peuvent eux aussi pénétrer dans les tissus pulmonaires humains…
Dans sa volonté d’instaurer la paix entre les Amérindiens et les colons anglais, le premier plongeon de neuf secondes de Pocahontas depuis une falaise est impressionnant. « Une chute depuis une hauteur estimée de 252 mètres n’est pas sans risques », préviennent les auteurs. Un tel saut laisserait à Pocahontas « une symphonie de fractures plutôt qu’un accord harmonieux avec la nature ».
Dans la Belle au bois dormant, le « sommeil infini » de la princesse Aurore comporte pour sa part des risques de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux, d’obésité et de diabète, tandis qu’un alitement prolongé est lié à un risque accru d’escarres et d’atrophie musculaire. Heureusement, le prince Philip rompt presque immédiatement le charme du sommeil en embrassant Aurore, bien que les auteurs notent qu’il rompt également avec les normes sociales actuelles en négligeant d’obtenir le consentement de l’intéressée…
Alors que Mulan est célébrée comme une guerrière qui sauve l’empire de Chine, elle subit à plusieurs reprises des pressions de la part de sa famille pour qu’elle préserve son honneur. Selon les auteurs, les femmes confrontées à la violence fondée sur l’honneur risquent de souffrir davantage de troubles mentaux parce qu’elles sont forcées de vivre une vie qu’elles n’ont pas choisie.
Enfin, les auteurs estiment encore que les follicules pileux de Raiponce ont probablement été endommagés par la traction excessive et répétée de sa longue tresse. Une situation connue sous le nom d’alopécie de traction, laquelle peut entraîner des douleurs au cuir chevelu, des maux de tête et une perte de cheveux permanente.
« Disney devrait envisager des interventions spécifiques pour préserver ses héroïnes de tels problèmes de santé, y compris la pleine conscience et la psychothérapie, la formation à la cohabitation avec les animaux et des mesures de protection personnelle contre les agents infectieux et les particules toxiques », écrit l’équipe hollandaise. « Ce n’est qu’à ces conditions que les princesses Disney pourront vivre en bonne santé et pour longtemps ».
La manière de “scroller” signe une forme de solitude
La consommation passive des médias sociaux semble renforcer le sentiment de déconnexion de la réalité, de la solitude, estime le Centre commun de recherche de la Commission européenne.
« Les médias sociaux sont devenus un élément incontournable de la vie quotidienne. Ils facilitent la connectivité mondiale, permettant aux individus d’engager des conversations, de collaborer et de partager des pensées, des photos et des idées », indique le CCR (JRC en anglais pour “Joint Research center”). « Ils ont transformé la manière dont les gens nouent des relations et construisent des communautés, en s’affranchissant des barrières géographiques et autres, et ont permis une communication constante avec les amis et la famille, avec des réponses immédiates et interactives ».
Pour de nombreuses personnes, en particulier les jeunes utilisateurs, les médias sociaux semblent produire un résultat plus complexe. Les communications interpersonnelles réelles ont diminué parallèlement à l’augmentation drastique du temps passé en ligne.
Dans son document intitulé « Solitude et utilisation des médias sociaux dans l’Union européenne », le CCR fournit la première analyse au niveau européen des schémas d’utilisation des médias sociaux et de l’association entre l’utilisation intensive des médias sociaux et la solitude.
L’étude qui examine les habitudes d’utilisation des médias sociaux en Europe, révèle qu’environ 34,5 % et 26,1 % des personnes interrogées âgées de 16 à 30 ans utilisent des sites de réseaux sociaux et des outils de messagerie instantanée pendant plus de deux heures par jour.
En outre, plus d’un tiers des jeunes interrogés présentent des caractéristiques propres à l’addiction aux médias sociaux, comme le fait de négliger le travail, la famille ou l’école pour utiliser les médias sociaux plusieurs fois par semaine. Pour les personnes âgées de 31 ans et plus, ces chiffres sont nettement inférieurs.
L’analyse empirique suggère que le fait de passer plus de deux heures par jour sur des sites de réseaux sociaux est associé à une augmentation substantielle de la prévalence de la solitude.