La pandémie de COVID-19 a révolutionné la lutte contre les maladies infectieuses en faisant éclore une nouvelle génération de vaccins, au premier rang desquels les vaccins à ARN messager. Cette technologie innovante a été déployée en un temps record grâce à des collaborations sans précédent entre chercheurs académiques, industriels et gouvernements. Les résultats d’essais cliniques à grande échelle ont conduit les agences réglementaires et les autorités sanitaires à approuver la mise à disposition rapide de ces nouveaux vaccins, sans déroger aux critères habituellement appliqués à cette catégorie de produits pharmaceutiques. On estime que près de 1,5 million de vies ont ainsi été sauvées en Europe par les vaccins anti-COVID-19.
Contribution à la santé publique mondiale
Rappelons qu’ils ne sont pas tombés du ciel : les technologies vaccinales innovantes qui ont permis de maîtriser rapidement la pandémie sont le fruit de recherches menées depuis plus de 10 ans, souvent dans des laboratoires académiques financés par les pouvoirs publics. L’extraordinaire efficacité des vaccins à ARN messager à prévenir les formes graves de la maladie en font aujourd’hui un outil essentiel pour se préparer à de nouvelles pandémies. Et amène à considérer cette technologie pour le développement de nouveaux vaccins anti-infectieux et le traitement de certains cancers.
L’impact des vaccins sur la pandémie de COVID-19 est venu confirmer la contribution essentielle de la vaccination de la santé publique mondiale. Celle-ci a encore été démontrée récemment par l’extraordinaire succès des programmes internationaux de vaccination contre les maladies infectieuses infantiles. Au cours des 50 dernières années, c’est plus de 150 millions de vies qui ont été sauvées dans le monde, essentiellement dans les pays à faible revenu. Il est frappant que le vaccin contre la rougeole est celui qui a le plus réduit la mortalité infantile, selon une étude publiée dans The Lancet.
Défiance envers les vaccins
Malheureusement, comme ce fut très souvent le cas dans l’histoire de la vaccination, les vaccins anti-Covid-19 ont fait l’objet d’une défiance croissante sur la base d’arguments fallacieux. Cette défiance s’est étendue aux vaccins en général, ce qui conduit de plus en plus de parents à refuser la vaccination de leurs enfants. C’est ainsi que la pandémie de COVID-19 a remis la rougeole à l’ordre du jour, alors qu’elle avait pratiquement disparu dans beaucoup de pays, à tel point que les Etats-Unis avaient proclamé son élimination en 2000. Les foyers de rougeole qui réapparaissent aujourd’hui nous rappellent qu’il s’agit d’une maladie excessivement contagieuse qui peut être à l’origine de complications pulmonaires et cérébrales très graves, mortelles dans plus d’un cas sur 1000.
Les premières victimes de cette situation déplorable sont les enfants dont les parents refusent la vaccination, mais aussi les nouveau-nés qui n’ont pas encore pu être vaccinés et ceux qui ne peuvent bénéficier de la vaccination pour des raisons médicales. En effet, lorsqu’une proportion suffisante de la population est vaccinée, le principe d’immunité collective assure la protection de tous en éliminant la circulation du microbe. La vaccination représente alors plus qu’une mesure de protection individuelle, elle devient un acte de solidarité vis-à-vis de la collectivité.
Distribution inéquitable des vaccins
Si la pandémie de COVID-19 aura été à l’origine d’un succès scientifique et industriel sans précédent, elle aura aussi démontré l’incapacité à répartir les vaccins de manière équitable à travers le monde. Alors que les États-Unis, les pays de l’Union européenne et certains pays asiatiques ont largement vacciné leur population, les pays à revenu faible, en particulier de nombreux pays africains, n’ont pas eu accès aux vaccins en temps utile. Cela a mis en lumière l’absolue nécessité d’une meilleure solidarité internationale permettant une distribution plus équitable des vaccins et de les produire au sein même des pays qui ont été les laissés-pour-compte de la pandémie. C’est une ambitieuse réforme de la santé mondiale qui devrait être mise en place pour corriger les inégalités d’accès aux vaccins existants et à venir.
Vers un leadership européen au bénéfice de la santé mondiale
Alors qu’une nouvelle ère devrait s’ouvrir pour la vaccination et la santé mondiale, elle ne verra le jour que si nous parvenons à surmonter les effets désastreux de la nouvelle politique mise en place aux Etats-Unis par l’administration du président Trump, qu’il s’agisse de la nomination d’un vaccino-sceptique avéré à la tête du Ministère de la Santé, des coupes sombres dans les budgets de la recherche scientifique académique, ou encore du retrait des Etats-Unis de l’Organisation Mondiale de la Santé.
C’est à l’Europe que revient aujourd’hui la responsabilité de mettre en place une politique volontariste qui permette de faire face à la nouvelle situation créée par l’administration du président Trump. Les défis sont multiples: financer la recherche et l’innovation indispensables pour l’émergence de nouveaux vaccins, organiser leur production et leur distribution équitable, et mettre en place de nouveaux mécanismes de solidarité internationale dans la lutte globale contre les maladies infectieuses. Le plan ambitieux de l’Union européenne pour la prévention, la préparation et la réaction aux futures pandémies est une excellente base pour développer ce leadership européen au bénéfice de la santé mondiale.
Note 1: À l’occasion de son dixième anniversaire, Daily Science donne chaque mois carte blanche à l’un(e) ou l’autre spécialiste sur une problématique qui l’occupe au quotidien. Et ce, à l’occasion d’une des journées ou semaines mondiales des Nations-Unies. Aujourd’hui, la Semaine mondiale de la vaccination.
Note 2 : Les intertitres sont de la rédaction de Daily Science.