Trois espaces distincts du Musée L ont été mis au diapason du 600e anniversaire de l’Université de Louvain. Un régal !
La pièce maîtresse prend la forme d’une exposition temporaire qui invite le visiteur à découvrir un étrange appartement. Il ne s’agit, bien entendu, ni d’un kot pour étudiant ni du logement de l’un(e) ou l’autre scientifique en poste à l’Université. L’appartement dont il est ici question est une scénographie allégorique.
Sa visite fait transiter les curieux dans différentes pièces (le vestiaire où on abandonne son manteau de préjugés sur l’Université, le bar à questions, le couloir du temps, la cuisine de la recherche…), les plongeant dans le quotidien (et l’histoire) de l’institution. Au fil du circuit, on découvre les multiples facettes de la vie de l’Université.
Son histoire démarre avec sa fondation en 1425. « Le 9 décembre 1425, par la bulle Sapientiae immarcessibilis, le pape Martin V fonda l’Université de Louvain. Une décision qui répondait à la demande de l’autorité communale, appuyée par le duc Jean IV de Brabant et les chanoines de Saint-Pierre. La délégation à Rome était menée par Guillaume Neefs: le futur premier recteur », rappelle la ligne du temps de l’appartement.
En 1968, en raison de tensions linguistiques, l’Université est divisée en deux entités distinctes : la section francophone s’établit à Louvain-la-Neuve et donne naissance à l’Université Catholique de Louvain (UCLouvain) , tandis que la section néerlandophone poursuit ses activités à Leuven (Louvain) sous le nom de Katholieke Universiteit Leuven (KUL).

Former des étudiants critiques
« Cette exposition temporaire, baptisée « Happy U » , est l’occasion de découvrir comment on fait de la recherche à l’Université et comment cette recherche, même si elle est dite fondamentale, est toujours motivée et au service des enjeux de la société », explique la Pre Françoise Smets, rectrice de l’UCLouvain.
« Mais aussi comment l’enseignement a évolué sans discontinuer, avec l’évolution des savoirs, mais aussi avec l’évolution des générations. Aujourd’hui, un étudiant, une étudiante, n’attend plus d’être enseigné comme il y a 20 ans, 50 ans ou 100 ans. Et vous le savez, l’arrivée de l’intelligence artificielle, la disponibilité immédiate du savoir fait que, plus que jamais, notre rôle est de former des étudiants critiques, qui savent où trouver la bonne information. Des étudiantes et étudiants qui savent collaborer, qui savent résoudre des problèmes complexes et qui serviront la société une fois sortis de l’Université. »
Écoutez la rectrice Françoise Smets parler de la place des femmes dans l’Université Catholique de Louvain. Et de comment améliorer davantage leur carrière académique. Happy U rappelle, en effet, que les premières étudiantes n’ont été admises à Louvain… qu’en 1920 !
Embellir le savoir
« Les 600 ans, c’est une fête de toute l’Université, », précise Élisa de Jacquier, la directrice du Musée L. « Et, évidemment, le musée voulait en faire partie. Cela se traduit donc par l’exposition temporaire Happy U, mais aussi par une seconde exposition, intitulée « Embellir le savoir ». Gwendoline de Mûelenaere, chargée de recherches FNRS (www.fnrs.be) à l’UCLouvain, en est la commissaire. Cette exposition met en lumière les notes de cours des étudiants d’hier et d’aujourd’hui.
Comment les étudiants prenaient-ils note autrefois? Et surtout, pourquoi prenaient-ils le temps d’illustrer leurs cahiers à la main? Cette exposition remonte le temps pour explorer ce geste banal et pourtant révélateur. On y découvre une trentaine de manuscrits anciens issus des collections de l’UCLouvain, dans lesquels les étudiants copiaient leurs cours en les agrémentant de dessins, gravures, collages ou symboles. A noter que pour l’occasion, les Presses universitaires de Louvain ont édité un ouvrage en lien avec l’exposition.


Six aspects de la recherche et… un bâtiment iconique désormais classé
Enfin, au cœur du musée, la salle permanente réservée à la passion de la recherche scientifique, où on rencontre également de grandes figures de l’Université, a, elle aussi, bénéficié d’une remise au goût du jour. Si George Lemaître (le « père » du Big Bang) et Christian de Duve (Prix Nobel de médecine ou de physiologie en 1974) y ont toujours leur place, on y découvrira six nouveaux espaces qui, chacun à leur manière, interrogent les fondements de la recherche. Cela va de l’inattendu aux découvertes, en passant par la collaboration, la transmission, les ruptures mais aussi le doute.

Cerise sur le gâteau d’anniversaire: Valérie Lescrenier, la ministre (Les Engagés) de la Région wallonne en charge notamment du patrimoine, a décidé de classer le bâtiment qui abrite le musée à Louvain-la-Neuve. Il s’agit de l’emblématique bâtiment en béton brut qui fut d’abord réservé à la bibliothèque des sciences et des technologies. Un des premiers bâtiments construits à Louvain-la-Neuve. « Un acte fort pour la reconnaissance du patrimoine du XXe siècle », indique la Ministre, qui jadis fut étudiante en Économie à Louvain-la-Neuve.
Note 1: le podcast complet avec la rectrice Françoise Smets est disponible sur la chaîne « Les podcasts de Daily Science » (Spotify, Deezer, Apple Podcast, etc). On y aborde la place des femmes dans l’Université, mais également les menaces qui pèsent sur la recherche ou encore la question du financement des Universités en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Note 2: un épais ouvrage consacré aux 600 ans de l’Université de Louvain a également été publié aux Presses universitaires de Louvain. Sa version numérique est disponible gratuitement.