Traqua, au cœur de l’eau et du sous-sol

13 octobre 2025
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

L’eau souterraine n’a jamais été aussi stratégique, que ce soit pour la transition énergétique, la résilience urbaine ou la qualité environnementale. Le développement de Traqua, une spin-off de l’université de Namur, avec son positionnement de niche, en atteste.

L’entreprise participait ces derniers jours au salon bisannuel Pollutec, à Lyon. À ce rendez-vous incontournable pour les entreprises innovantes dans le secteur de l’environnement, sa présence était une évidence. Sa spécialité n’est autre que le traçage hydrogéologie, l’étude de la dynamique des eaux souterraines.

« Ce salon, c’est l’occasion de rencontrer des partenaires, de montrer ce qu’on fait dans des contextes très variés, et de sortir du cadre purement académique », explique Sofie De Volder, venue représenter Traqua à Pollutec, avec une vaste délégation wallonne. Pas moins de 60 acteurs des « cleantechs » wallonnes avaient fait le déplacement grâce à une étroite collaboration entre l’AwexWBI, le Cluster H2O et GreenWin.

Un outil propre et une expertise globale

« Au début de nos activités, une part importante du chiffre d’affaires provenait de la location du dispositif Stream mis au point par Amaël Poulain, dans le cadre de son doctorat. Il s’agit d’une sonde de traçage des flux hydrogéologiques », précise Mme De Volder.«  Une cinquantaine de ces dispositifs sont d’ailleurs toujours disponibles, pour quelques semaines ou quelques mois. Ils peuvent être envoyés dans toute l’Europe, voire plus loin, suivant l’intérêt de nos clients. Des contrats de location ponctuelle ont ainsi été signés avec l’Espagne. Même le secteur minier en Australie serait intéressé. »

Aujourd’hui, la location de ces équipements est cependant devenu une activité marginale pour Traqua. « Ce qui fonctionne réellement bien, ce sont les services complets que nous proposons à nos clients », souligne Sofie De Volder. « Cela passe par des études de terrain, le déploiement de nos dispositifs, la récolte de données et leur interprétation. C’est dans ce cocktail de compétences que réside notre valeur ajoutée. »

Partout où il y a des écoulements

Depuis trois ans, Traqua a donc fortement diversifié ses domaines d’intervention. Historiquement ancrée dans les projets liés à la protection des eaux souterraines et à la qualité environnementale, l’entreprise intervient désormais dans des secteurs très techniques : géothermie, carrières, infrastructures souterraines ou encore études de risques karstiques. Bref, partout où des écoulements peuvent avoir un impact sur l’environnement et les activités humaines.

« En géothermie, par exemple, si on injecte de l’eau pour la réchauffer et qu’on la retrouve très vite en sortie, cela veut dire que le système recycle le liquide trop rapidement. C’est mauvais pour la performance, et cela nécessite des ajustements », souligne la représentante de l’entreprise wallonne.

Autre exemple, à Bruxelles, Traqua est intervenue sur les chantiers du métro, où le creusement de tunnels dans des nappes phréatiques impose une stabilisation par congélation du sol. Le comportement de l’eau est alors un facteur critique. La spin-off wallonne a ainsi modélisé localement les vitesses d’écoulement, permettant d’ajuster les volumes d’azote liquide utilisés pour « geler » le sol et maintenir la stabilité des parois. Ce savoir-faire intéresse aujourd’hui Anvers, où un projet similaire est en discussion.

Une expertise sollicitée en Belgique et à l’étranger

Outre la Belgique, Traqua regarde aussi vers l’international. D’où sa présence à Lyon. La France est d’ailleurs son premier marché étranger, avec des projets de géothermie de moyenne profondeur. Le Royaume-Uni est également un pays stratégique, notamment en raison de l’intérêt croissant pour la géothermie minière, un domaine où le savoir-faire local s’est étiolé. « On nous demande des prestations en Écosse, par exemple, sur d’anciens sites industriels ou miniers pollués. Les connaissances du terrain existent, mais la capacité d’analyse y a disparu. »

Parallèlement, l’entreprise poursuit ses travaux dans le secteur des carrières, notamment en Wallonie, où les exploitants cherchent à mieux comprendre l’impact de leur activité sur les nappes phréatiques.

Un retour à l’environnement après les inondations de 2021

Depuis les inondations de juillet 2021, la Wallonie impose une étude hydrologique préalable à tout permis de construire en zone inondable. Traqua s’est rapidement positionnée sur ce créneau : modélisation des ruissellements, capacité d’infiltration, impact des aménagements sur les flux pluviaux… Ces études, moins techniques que la géothermie, occupent néanmoins une part importante de leur activité actuelle. « C’est une forme de retour à l’environnemental pur, mais avec un vrai besoin sur le terrain, et un impact direct sur la sécurité des populations », conclut Sofie De Volder.

Haut depage