Pr Jean-Marie Baland, UNamur © Christian Du Brulle

«Dans la carrière académique, le plus difficile, ce sont les journées très coupées » (Pr Jean-Marie Baland, UNamur)

20 novembre 2025
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

PODCAST

Série : Prix Quinquennaux du FNRS (4/6)

Le Prix Quinquennal du FNRS en Sciences sociales (Prix Ernest-John Solvay) est attribué au Pr Jean-Marie Baland, du Département de sciences économiques de l’UNamur. Ce spécialiste du Centre de recherche en économie du développement « allie la rigueur théorique à des études de cas menées dans des pays tels que l’Inde, le Népal, le Kenya et le Chili », note le jury de ce prix. « Ses recherches abordent des questions telles que le développement économique, la réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement. Il a exploré de nouvelles approches de recherche qui jouissent d’une large reconnaissance internationale. »

Les sciences économiques, principalement en ce qui concerne les questions de développement, sont passionnantes. Mais sont-elles aisées à mener? Les financements, suivent-ils dans ce domaine? Et quelles sont les autres difficultés auxquelles un chercheur doit faire face ? L’expérience du Pr Baland est édifiante.

Les financements? Il balaie d’un revers de la main. En ce qui le concerne, il n’a pas le sentiment qu’ils aient été plus compliqués à décrocher que pour d’autres domaines de recherche. Par contre, le temps disponible pour mener ses travaux a été un casse-tête récurrent.

« Ce qui m’a le plus manqué, ce sont des visites de long terme sur le terrain », concède-t-il. « Ceci à cause des contraintes de cours. Ces charges sont relativement importantes à l’université. Cela réduit les possibilités de déplacements. D’autre part, et cela m’est sans doute un peu plus personnel, le fait que j’aie assuré des charges collectives de direction de département pendant plus de 15 ans a également limité mon temps disponible. Elles impliquaient ma présence à Namur. Cela a souvent limité mes recherches sur le terrain à trois semaines d’affilée au maximum.»

« Cela a rendu difficile l’exercice de mon métier, qui s’intéresse aux questions de développement. Quand on s’intéresse à ces questions, il faut connaître le terrain. Si on s’intéresse au Cameroun, il faut aller au Cameroun. On ne peut pas juste envoyer deux doctorants et leur dire « débrouillez-vous ». La difficulté, outre les contraintes familiales, a donc plutôt été de savoir comment aménager mon temps pour prévoir ces visites tout en assurant ici mes tâches académiques.»

Un marathon de travail avec et chez les coauteurs

Prenons le cadre d’une année académique. Comment cela se passe-t-il? « Typiquement, je prévois souvent deux ou trois séjours sur le terrain de l’ordre de deux ou trois semaines », explique-t-il. « Nous avons ainsi, en guise d’exemple, une visite de trois semaines prévue au Népal, dans les groupements forestiers en mars prochain. Il y a aussi la question des conférences scientifiques. J’essaie de participer à quatre ou cinq conférences par an, essentiellement liées aux questions de développement. Il faut aussi aménager tout cela dans mon calendrier. Ce que j’ai fait très souvent dans ma carrière, c’est partir travailler avec mes coauteurs. J’ai toujours travaillé en coauteurat, donc avec d’autres équipes, d’autres personnes. Ce que je faisais typiquement, c’était de partir deux semaines à l’étranger, travailler chez le co-auteur. Je dormais chez lui. On travaillait du matin au soir, de façon un peu obsessionnelle. Cela a été, pour moi, une bonne façon de travailler. Cela m’a permis de me concentrer complètement sur le travail scientifique.»

Bien entendu, la recherche ne se déroule pas qu’à l’étranger. Une part du travail est aussi menée à l’université. « Lorsque je suis ici, à Namur, et j’y suis quand même très souvent, le temps dédié à la recherche est aussi limité. Outre les cours et les charges collectives de direction de département, il y a aussi la supervision des doctorats. Il y a du travail de rédaction. Le plus difficile dans la carrière académique, c’est qu’on ait des journées très coupées, entre des réunions avec des collègues, les réunions de type administratif ou pédagogique, les cours. Et puis, entre deux obligations, quand on a soudain deux heures de blanc, on est supposé faire de la recherche. Et ça, c’est très compliqué à gérer, parce que la recherche demande un effort plus continu et plus soutenu. »

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