A l’occasion de la 26e édition de la Journée du Patrimoine en Région bruxelloise, une petite centaine de lieux connus et moins connus ouvraient leurs portes aux curieux. Daily Science a poussé celles de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA), un des Instituts scientifiques relevant de la Politique scientifique fédérale (Belspo).
Situé dans le Parc du Cinquantenaire, l’austère bâtiment qu’on aperçoit de l’avenue de la Renaissance regorge de chercheurs, des spécialistes, de techniciens et bien sûr… de multiples trésors soumis à leurs expertises. Visite succincte, en images.
Trois départements
L’Institut royal du patrimoine artistique est en charge de la documentation, de l’étude et de la conservation-restauration du patrimoine culturel et artistique belge. Il se compose de trois départements consacrés à la documentation des œuvres, à leur étude technique (les laboratoires) et à leur conservation/restauration.
Escalier classé
La construction du bâtiment qui abrite aujourd’hui l’Irpa démarre en 1959. Il est opérationnel depuis 1962. C’est un des premiers bâtiments au monde à avoir été conçu pour faciliter l’approche interdisciplinaire des œuvres d’art. L’escalier principal du bâtiment est classé. Sa structure hélicoïdale suspendue est en béton. Les paliers de chaque étage s’y découpent en demi-cercle. Une rampe continue en aluminium borde le tout.
L’atelier des textiles
Au cinquième étage du bâtiment, les tapisseries, comme ici un détail de “Simon chez les Farizées” (1731) provenant de la cathédrale Saint-Sauveur de Bruges, font notamment l’objet de travaux de consolidation voire de réparation. Les textiles sont particulièrement sensibles aux variations climatiques et aux mauvaises manipulations. L’Irpa propose ainsi un module spécifique d’information sur la conservation préventive des ornements liturgiques à destination des gestionnaires de ce patrimoine spécifique.
Le repos de ‘t Serclaes
La statue de ‘t Serclaes, visible jadis en bordure de la Grand-Place, est en convalescence à l’IRPA. En un siècle d’exposition au soufre présent dans l’atmosphère bruxelloise (surtout à l’époque où on se chauffait au charbon), le cuivre de son laiton a été abîmé de manière irréversible. L’œuvre du sculpteur Julien Dillens va être nettoyée. Mais trop sensible pour être remise ensuite à l’air libre, elle devrait être exposée dans une des salles de l’Hôtel de Ville.
Pas de miracle pour les anges de nos campagnes
Le bois dont sont faits les anges de l’église de La Gleize (du tilleul) est sensible aux attaques d’insectes. Cet ange-ci en est à son second séjour à l’Irpa. Après un premier traitement, il avait regagné son église. Mais déposé sur une structure infestée, les insectes xylophages avaient repris leur travail de sape. Les intrus ont été cette fois éliminés par anoxie : soit un traitement de 21 jours dans une chambre atmosphérique très riche en azote qui évite d’avoir recours à des badigeons.
Rayons X et lumière infrarouge
L’étude non destructive des œuvres d’art passe notamment par un examen aux rayons X et sous lumière infrarouge. L’Institut est doté d’un studio d’imagerie scientifique blindé contre les rayons X qui permet ce type d’examens.
L’Infothèque
Un million de clichés, 60.000 livres, 1.600 revues scientifiques : le centre de documentation de l’Institut réunit la bibliothèque, la photothèque, la documentation du Centre d’études des Primitifs flamands, les archives et les dossiers d’intervention de l’Irpa.
Carbone 14
Le laboratoire de datation radiocarbone de l’Irpa vient de se doter (2013) d’un spectromètre de masse couplé à un accélérateur de particules. Il permet des datations sur des échantillons désormais infimes de matériaux : quelques milligrammes à peine. Avant de passer dans la machine, les échantillons sont préparés au laboratoire.
Les seigneurs de Boussu
Les traitements de conservation et de restauration des oeuvres en pierre, comme ici les statues en albâtre de la Chapelle des Seigneurs de Boussu, entrent également dans les missions de l’Institut. Avec comme fil conducteur une double philosophie : intervention minimale et réversibilité maximale.
La 26e édition des journées du Patrimoine à Bruxelles avait pour thème “Histoire et mémoire”. Selon le gouvernement bruxellois, cette opération a drainé plusieurs milliers de visiteurs dans certains hauts lieux de la capitale, comme l’Irpa, mais aussi le Palais d’Egmont, le Pavillon Horta-Lambeaux, l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, Val Duchesse, La Monnaie, le Musée royal de l’Armée et de l’Histoire militaire et l’Ecole royale militaire. La Culture (y compris scientifique) a un bel avenir devant elle.