Sur les traces de Napoléon en Belgique

18 juin 2015
par Raphaël Duboisdenghien
Temps de lecture : 4 minutes

Série / Autres regards sur Waterloo (3)

 
Tout a été dit sur Napoléon Bonaparte… «Tout, oui, mais aussi son contraire», constate l’historien Denis De Vleeschouwer. «Il faut renoncer à émettre un jugement sur le personnage historique, car cela nous placerait sur le plan de la morale et non sur celui de l’histoire. Lorsque nous tentons de reconstruire un événement du passé, nous ne disposons que de ressources limitées. Dans le cadre d’un travail d’historien, il faut donc, autant que faire se peut, rester prudent et se méfier de soi-même.»

 

De la frontière française à Waterloo

 

«Il faut tenir compte de ce que Bonaparte a apporté à son époque, mais aussi comprendre ce qu’il a reçu en héritage», souligne encore Denis De Vleeschouwer. «Napoléon n’a pas créé l’armée française. Les canons, les fusils et la formation d’une bonne partie des officiers appartiennent à l’époque de Louis XVI. S’il est un maître dans l’art de rassembler et de manœuvrer promptement ses troupes, il ne comprend rien aux tempêtes qu’il déchaîne en Europe. Et aux nouvelles formes de guerre qui apparaissent en Espagne et en Russie.»

"Promenades sur les traces de Napoléon", par Nathalie Demain, Ed Racine.
“Promenades sur les traces de Napoléon”, par Nathalie Demain, Ed Racine.

 

Nathalie Demain balade promeneurs et cyclistes passionnés d’histoire de la frontière française jusqu’à Waterloo avec des cartes détaillées. Son «Guide des promenades sur les traces de Napoléon» proposé aux éditions Racine (19,95 euros), est préfacé par l’historien Denis De Vleeschouwer. Il invite à revivre les cinq jours de l’épopée napoléonienne.

 

«Sur base du tracé que Napoléon parcourut en Belgique, du 14 au 18 juin 1815, j’ai cherché à créer des itinéraires en boucles qui empruntent un tronçon qu’il suivit ou à défaut l’un de ses généraux, explique l’auteure du guide. Un endroit où il fit une halte. Où il dormit. Les lieux de batailles n’ont évidemment pas été oubliés. Mais j’ai également voulu aller à la recherche de chemins moins connus. J’ai profité des passages dans les villages pour utiliser au mieux des sentiers de liaison. Entre les propriétés, les murs des maisons.»

 

Grandrieu, Strée, Jamioulx, Marcinelle…

 

Le terrain a bien changé depuis 1815. Mais, à certains endroits, on peut imaginer Napoléon regardant passer ses troupes. Observant les forces britanniques et hollando-belges commandées par le duc de Wellington, les troupes prussiennes du maréchal Blücher.

 

La randonnée commence au village de Grandrieu qui jouxte la frontière française. Napoléon le traverse pour se rendre à Beaumont où il installe son quartier général et passe la nuit du 14 au 15 juin. Il le quitte à 3h. Passage des troupes à Thirimont, Strée, Marbaix-la-Tour, Ham-sur-Heure. Halte à 8h au village de Jamioulx. Bivouac. L’empereur discute avec les habitants et d’anciens soldats. Bavarde avec le curé pressenti pour devenir évêque. Traversée de Marcinelle.

 

La dernière victoire française

 

Vendredi 16 juin, vers 9h30, Napoléon quitte Charleroi en berline. À Fleurus, il utilise le moulin de Naveau comme poste d’observation pour voir les mouvements des troupes. À 15h, le combat s’engage sous une chaleur étouffante. Les villages de Saint-Amand et de Ligny sont pris et repris plusieurs fois. Assaut final vers 19h30 avec l’appui de la Garde impériale. Les Prussiens battent en retraite. La victoire est française, la dernière. Au prix d’un véritable carnage.

 

Samedi 17 juin, à 14h, l’empereur rencontre Michel Ney, maréchal de France. Il enrage, car les troupes de Wellington lui filent sous le nez. Entre 15 et 16h, il remonte les colonnes françaises à la poursuite de l’arrière-garde britannique. Passe en coup de vent dans Genappe. Arrive vers 18h30 du côté de la Belle-Alliance sur l’entité de Lasne. Échange de tirs d’artillerie. Vers 20h, Napoléon se retire à la ferme du Caillou, à 4 kilomètres du champ de bataille. Son dernier quartier général abrite le plus grand musée napoléonien de Belgique.

 

Dimanche 18 juin, vers 11h30, le combat débute contre les Anglais. À 19h30, Napoléon engage la Garde impériale pour enfoncer les lignes ennemies avant l’arrivée du gros des troupes prussiennes. À 20h, ce ne sont pas les 34.000 hommes du maréchal de France Grouchy qui arrivent, mais les Prussiens qui débouchent en masse. C’est la débâcle. Sur la butte, érigée de 1824 à 1826, le lion en fonte, à la gueule ouverte en direction de la France, symbolise la victoire des monarchies.

 

 

 

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