Tarier pâtre. © René Dumoulin
Tarier pâtre. © René Dumoulin

Natagora publie dans « Science »

7 avril 2016
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

C’est une première ! L’association belge de protection de la nature Natagora cosigne cette semaine un article scientifique dans la prestigieuse revue «Science».

 
Prestigieuse? Tous les chercheurs le savent : « Science » est, avec sa rivale britannique « Nature », une des deux revues scientifiques les plus importantes de la planète.

 

Un très haut « facteur d’impact »

 

Elles présentent deux caractéristiques principales. Science et Nature sont des revues généralistes : tous les domaines de recherche sont a priori susceptibles de faire l’objet d’une publication dans leurs pages. Mais surtout, ce sont les deux revues les plus cotées au sein de la communauté scientifique. Elles disposent de « facteurs d’impact » très élevés.

 

Le facteur d’impact d’une revue est une mesure qui atteste de la visibilité de la revue dans le monde de la recherche. Au plus ce chiffre est élevé, au plus la notoriété de la revue, de ses articles et par ricochet, des scientifiques qui y sont publiés, est importante.

 

Le journal « Nature » affiche un facteur d’impact de 41 (chiffre 2014). « Science », qui est édité par l’Association américaine pour l’avancement des Sciences (AAAS), présentait cette même année un facteur d’impact de 33. A titre de comparaison, l’European journal of Taxonomy, édité à Bruxelles (Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique), a un facteur d’impact de 1, 312.

 
Effet du réchauffement climatique sur les populations d’oiseaux

 

Qu’à donc réalisé Natagora pour mériter un tel honneur ? « Nous avons participé à une étude relative à l’évolution des populations d’oiseaux en fonction de l’évolution du climat au fil de ces trente dernières années », explique le biologiste Jean-Yves Paquet, directeur du département “Etudes” au sein de l’asbl.

 

“Les données belges fournies pour cette étude proviennent des observations wallonnes réalisées depuis plus de 30 ans, notamment dans le cadre du programme de « Surveillance des Oiseaux Communs en Wallonie ».

 
« Cette publication scientifique est donc aussi une reconnaissance importante du travail réalisé par les dizaines d’ornithologues qui participent à la surveillance de la biodiversité », souligne le Dr Paquet.

 
L’étude internationale était dirigée par une équipe de l’Université de Durham (Grande-Bretagne), en collaboration avec la Société royale britannique de protection des oiseaux et l’United States Geological Survey (USGS).

 

Basée sur des milliers d’observations menées en Europe et aux États-Unis, elle démontre l’impact des changements climatiques sur les populations d’oiseaux communs.

 

En Belgique, 67 espèces d’oiseaux sur les 80 analysés souffrent du changement climatique

 

« En Belgique, d’après cette analyse, sur 80 espèces nicheuses communes, 67 sont prédites comme impactées négativement par les changements climatiques et seulement 10 sont prédites comme allant évoluer positivement », indique Jean-Yves Paquet. Des espèces comme la grive litorne ou le moineau friquet régressent. Par contre les passereaux à tendance méridionale comme le tarier pâtre se portent de mieux en mieux.

 

L’étude permet, par contraste, d’identifier que d’autres facteurs sont également en action. Le grimpereau des bois, qui devrait régresser, se porte bien par exemple. Par contre, le serin cini est en diminution catastrophique alors qu’on s’attendait à l’inverse il y a encore 20 ans.

 

Jauger les politiques climatiques

 

Les deux auteurs principaux de l’étude, le Dr Stephen Willis et le Dr Philip Stephens, de l’Université de Durham, précisent que ces travaux vont permettre aux acteurs de la conservation de la nature de suivre la réponse des oiseaux aux changements climatiques. Mais également que cet indicateur devrait permettre d’évaluer l’impact des politiques mises en place pour contrecarrer le phénomène.

 

« Ces découvertes représentent un nouvel indicateur d’impact du changement climatique sur la biodiversité. La même approche pourrait être appliquée à d’autres groupes comme les papillons ou les libellules. Ces résultats nous aident aussi à comprendre en quoi le changement climatique affecte la biodiversité, en parallèle aux autres facteurs importants comme la perte d’habitats ou l’intensification de l’agriculture », précise le Dr Willis.

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