Quand la technologie la plus pointue se met au service de l’art, cela réserve parfois quelques belles surprises. C’est le cas d’une œuvre du peintre surréaliste belge René Magritte, « La pose enchantée », un tableau dont avait perdu la trace depuis 1932. Et pour cause…
Réalisée en 1927, cette œuvre n’avait pas trouvé preneur. Le peintre avait alors décidé d’en récupérer la toile et de la réutiliser. Nous sommes alors au début des années 1930, et la crise économique consécutive au krach boursier de 1929 fait durement ressentir ses effets.
René Magritte découpe « La pose enchantée » en quatre morceaux. Ils serviront à la création de quatre tableaux bien connus aujourd’hui et réalisés pour l’essentiel en 1935.
- – « Le portrait », 1935, huile sur toile, 73.3 x 50.2 cm, MoMA, New York
- – « Dieu n’est pas un saint », 1935-36, huile sur toile, 67,2 x 43 cm, MRBAB, Bruxelles
- – « Le modèle rouge »,1935, huile sur toile, 72 x 48,5 cm, Moderna Museet, Stockholm
- – « La condition humaine »,1935, huile sur toile, 54.2 x 73.2 cm , Norwich Castle, Royaume-Uni
Le mystère lié à la disparition de « La pose enchantée » reste par contre entier… Jusqu’en 2013, quant à la faveur d’une exposition temporaire Magritte à New York et suite à l’analyse par rayons X, on découvre, sous la peinture intitulée « Le portrait », les contours d’un quart du tableau « La pose enchantée ».
La chasse aux autres pièces du puzzle est alors lancée. « Le modèle rouge », et « La condition humaine » livrent un à un leur secret.
La quatrième et dernière partie de “La pose enchantée », vient d’être découverte (mi-octobre) par les scientifiques du Centre européen d’archéométrie de l’Université de Liège, suite à un projet de recherche lancé en 2016. Elle se cachait sous la peinture “Dieu n’est pas un saint », exposée au Musée Magritte de Bruxelles.
Voici un résumé en images de cette saga scientifico-artistique
« Si nous avons la possibilité de poursuivre ces recherches, il y a tout lieu de s’attendre à ce que d’autres tableaux disparus de Magritte fassent surface”, estime Francisca Vandepitte, Conservateur au Département Art Moderne des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, et citée par l’Université de Liège.
« Cette découverte démontre, une nouvelle fois, l’apport considérable des méthodes d’analyses et d’imagerie scientifique à la connaissance d’un peintre et de son œuvre», indique de son côté Catherine Defeyt, Chercheur au Centre Européen d’Archéométrie , dans un communiqué de l’ULiège.
« Les enjeux de ce vaste projet de recherche sont multiples. Au-delà de la possibilité de retrouver des œuvres de jeunesse disparues, il s’agit aussi d’appréhender l’œuvre de Magritte par le prisme de sa matérialité. Ceci afin de cerner au plus près le processus créatif du peintre mais aussi de découvrir l’origine des altérations atypiques qu’ont en commun plusieurs tableaux importants exposés au musée Magritte. »
Découvrez ici le travail du Centre européen d’archéométrie (Université de Liège)