Le web évolue et se structure toujours davantage. Cette évolution a permis l’ouverture du marché des noms de domaine de premier niveau. En Belgique par exemple, à côté du classique « .be », on a assisté en 2012 à la naissance des nouveaux noms de domaine de premier niveau de type « .brussels » et « .vlaanderen ».
Brussels Studies, la revue électronique pour les recherches sur Bruxelles, a voulu mesurer l’engouement suscité par le suffixe « .brussels ». Sa dernière étude réalisée par six chercheurs de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) livre des résultats mitigés.
Moins de 8.000 adresses
En terme de nombre vente de noms de domaine se terminant par « .brussels », les chiffres sont bien en deçà de ce que les projections de départ laissaient entrevoir.
« Lors de leur lancement, l’ASBL DNS Belgium (qui gère les noms de domaine en Belgique) s’attendait à vendre 50.000 noms de domaine .brussels en l’espace de cinq à 10 ans », indiquent les chercheurs. « Le chiffre de 7 258 enregistrements atteint en mars 2016 montre qu’on est loin de ces estimations ».
Quasi deux ans plus tard, en janvier 2018, ce nombre était passé à 7541 pour « .brussels ». Un chiffre à comparer avec les 6706 domaines « .vlaanderen » recensés chez DNS Belgium et les 1,5 millions de « .be ». Un fiasco? Non, un marché de niche disent les chercheurs.
Une chance pour les acteurs « bruxellois »
« Les adresses « .brussels » constituent une niche qui n’est pas tombée dans la spéculation », estiment-ils. « Même si moins de noms de domaine « .brussels » ont été acquis que prévu et si le nombre de grands acteurs commerciaux est resté limité, cela a cependant eu pour effet positif de laisser de la place aux acteurs locaux et de petite taille, ayant une connexion claire avec Bruxelles ».
« La sémantique locale forte de ce nom de domaine n’en est que mieux respectée. C’est une bonne nouvelle pour les webmasters comme pour les utilisateurs finaux, qui trouveront ainsi un contenu qui sera cohérent avec son adresse ».
« Le premier client du .brussels n’est autre que le CIRB, organisme du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l’introduction de nouvelles technologies. Sur les 7.258 adresses .brussels, il en a acquis 1.437. Celles-ci sont généralement axées sur le service public et correspondent pour la plupart à une zone de police, au code postal ou au nom d’une commune, ou encore au nom d’une institution publique ».
27 domaines « .brussels » ont été acquis par la firme américaine Apple
« Le deuxième titulaire le plus représenté du « .brussels », avec ses 64 noms exclusifs, est une entreprise privée, qui, sur son site, se dit « actuellement intéressée par l’achat de noms de domaine génériques de qualité qui ne portent atteinte aux droits de propriété intellectuelle de personne », indiquent encore les chercheurs».
« Viennent ensuite des particuliers belges, dont un non bruxellois, détenant respectivement 54, 50 et 44 noms de domaine, suivis par la multinationale américaine Apple qui en possède 27 ».
« Il y a au total 1 877 titulaires uniques. Si l’on écarte les 1 437 noms de domaine du CIRB, chaque titulaire en possède 1,76 en moyenne. Ce chiffre relativement faible laisse penser que l’extension « .brussels » ne pâtit vraisemblablement pas d’acquisitions massives par de grands consortiums d’achat », commentent-ils.
Un domaine sur quatre est « parqué »
A quoi servent effectivement ces nouveaux noms de domaine bruxellois?
« 25,34 % des URL sont parquées », constate l’étude. « Un domaine parqué consiste à enregistrer le nom d’un domaine Internet sans qu’il ne soit associé à un quelconque service. Cela peut être fait dans le but de réserver le nom pour une exploitation ultérieure et de le protéger contre un éventuel cybersquatting. Généralement, la page affiche un message du type « site en construction » ou présente des annonces publicitaires afin de rentabiliser les vues ».
« La spéculation n’est pas absente dans ce créneau. Un marché secondaire des noms de domaine a très rapidement vu le jour après l’essor du web dans les années 1990. Tout comme dans l’immobilier, des personnes investissent dans des noms de domaine uniquement en vue de les revendre plus cher.
Dans notre corpus, 2,87 % des noms de domaine sont explicitement proposés à la vente. Un pourcentage en deçà de la réalité », estiment les chercheurs.
Il y a aussi la question de la redirection. On parle de redirection lorsqu’une page web n’a pas de contenu proprement dit et renvoie simplement vers une autre URL. 27,20 % des noms de domaine « .brussels » sont ainsi redirigés vers une autre adresse.
Le secteur des services arrive en tête de peloton
Les auteurs de la recherche ont également tenté de déterminer le secteur d’activité dont relève la page web. Une analyse du contenu des sites a permis de recenser les secteurs d’activité prédominants.
- Services (51,28 %) : plus de la moitié des sites web proposent des services, notamment d’HoReCa, d’éducation et de santé, entre autres.
- Commerce (18,38 %) : près d’un site sur cinq concerne la vente de biens.
- Culture (11,54 %) : plus d’un site sur 10 promeut des activités culturelles.
- Transports (10,68 %) : ce chiffre, qui peut paraître surprenant, résulte principalement du nombre élevé de noms de domaine acquis par la STIB.
- Tourisme (3,84 %) : sites d’information sur les activités touristiques bruxelloises.
- Sites personnels (2,14 %) : sites que des particuliers utilisent comme supports de leurs activités professionnelles ou de loisir.
- Politique (2,14 %): sites dédiés à la promotion politique d’un parti ou d’un individu.
Les chercheurs de l’ULB ont également constaté que 28,21 % des sites web examinés étaient directement ou indirectement associés à la ville ou à la région de Bruxelles.
Davantage de détails sur ces données sont disponibles dans l’article publié par Brussels Studies (dont l’adresse web est de type « .be » et non « .brussels », ainsi que dans le rapport annuel de DNS Belgium.