Mieux former les enseignants au TDAH pour contrer les échecs scolaires

1 juin 2023
par Elise Dubuisson
Durée de lecture : 4 min

En Belgique, et ailleurs dans le monde, 5 à 7% des enfants sont atteints d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Un trouble qui se caractérise par une inattention persistante et/ou de l’hyperactivité-impulsivité et qui n’est pas sans conséquence sur le parcours scolaire de ceux qui en souffrent.

Un mal pesant

« Le TDAH est associé à des difficultés scolaires et peut constituer un véritable défi aussi bien pour les enfants qui en souffrent, que pour leur famille et leurs professeurs », indiquent les auteurs d’une étude menée en Belgique auprès d’enseignants exerçant en Fédération Wallonie-Bruxelles.

« En classe, la distractibilité, le manque d’inhibition ou encore l’agitation motrice sont des difficultés liées au TDAH. Les adolescents atteints de TDAH présentent trois fois plus de risque d’abandonner l’école, d’être renvoyés de l’établissement scolaire ou de redoubler que des adolescents au développement typique. »

Les enseignants interrogés

Raison pour laquelle, leur assurer un soutien scolaire efficace est essentiel ! Mais dans les fait, qu’en est-il vraiment ? Les enseignants sont-ils assez formés pour encadrer les enfants souffrant de TDAH ? C’est précisément l’objet de cette étude et réalisée auprès d’enseignants de primaire et de secondaire. Ceux-ci ont été interrogés sur leurs connaissances du TDAH et sur ce qu’ils pensaient de l’utilité et de la mise en œuvre des différents aménagements spécifiques à ce trouble.

Par aménagements spécifiques, on entend, par exemple, utiliser de manière fréquente et immédiate des remarques positives ; donner à l’enfant davantage de temps pour ses examens et ses exercices en classe ; placer l’élève à proximité de l’enseignant, éloigné des distractions et/ou à côté d’un camarade calme. Mais aussi éviter au maximum de critiquer l’enfant devant ses camarades, de hausser la voix ou d’entrer en conflit avec lui devant la classe.

Ou encore à distribuer des jetons lors d’un bon comportement , mettre en place un barème quantifiant la récompense en fonction du nombre de jetons et disposer en classe un tableau montrant le nombre de jetons que chaque élève aurait reçu.

Une formation lacunaire

Bonne nouvelle: les enseignants interrogés sont sensibles à cette problématique. En effet, 92,4% d’entre eux considèrent que les enfants avec TDAH non pris en charge ont plus de difficultés à l’école.

Mais cette sensibilité ne semble pas être le résultat d’une formation efficace sur le sujet puisque seulement une minorité des participants (16,5%) a reçu une formation spécifique sur le TDAH au cours de ses études. La majorité des personnes interrogées a acquis ses connaissances en se formant et en se documentant de manière indépendante.

Ce manque de formation est problématique indiquent les auteurs : « une étude menée en Espagne, a mis en évidence un lien entre les connaissances de l’enseignant sur le TDAH et sa perception sur ses propres connaissances et sa propre efficacité en tant qu’enseignant à l’égard d’un jeune TDAH. Ainsi, une formation complète sur le TDAH donnerait à l’enseignant une meilleure perception de son efficacité pour enseigner à un élève avec TDAH ».

La mise en place d’un cours approfondi sur le TDAH dans la formation initiale des enseignants est dès lors indispensable pour un repérage et un meilleur soutien aux élèves qui en sont atteints.

Des aménagements difficiles à mettre en place

Quant aux aménagements mis en place, l’étude montre qu’utiliser de manière fréquente et immédiate des remarques positives est l’aménagement le plus souvent rencontré. Alors que la distribution de jetons lors d’un bon comportement est peu appliquée.

Ce n’est un secret pour personne, les enfants sont de plus en plus nombreux en classe, les programmes scolaires ne cessent d’évoluer et la charge de travail des enseignants est dès lors conséquente. Ce qui ne facilite pas la mise en place d’un accompagnement spécifique des enfants TDAH.

« Selon les enseignants, les principales raisons des difficultés de mise en place de certains aménagements sont le manque de temps, de moyens économiques, la méconnaissance de ces aides et le fait que trop d’élèves devraient en bénéficier », expliquent les auteurs.

Tenant compte de ces obstacles, la solution est peut-être de commencer par se concentrer sur quelques aménagements ayant fait leurs preuves. C’est à dire : le renforcement positif, la position préférentielle en classe et éviter de critiquer l’élève devant ses camarades. Ceux-ci sont non seulement considérés comme les plus efficaces par la littérature scientifique, mais aussi par les enseignants.

Enfin, les auteurs rappellent que les centres psycho-médico-sociaux (PMS) et les Services de Promotion de la Santé à l’Ecole (PSE) ont également un rôle crucial à jouer dans l’accompagnement des enseignants et dans l’apport des connaissances nécessaires sur les différents troubles. « Et cette situation ne s’arrête pas à un encadrement du corps enseignant, mais des élèves également, afin d’assurer une intégration sociale, primordiale pour la bonne évolution d’un enfant », concluent-ils.

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