Un médecin au long nez, la préservation des glaciers est une priorité de l’Unesco, la diversité génétique diminue chez un grand nombre d’espèces, la radioactivité de la poussière saharienne ne résulte pas des essais nucléaires français…
À la rédaction de Daily Science, nous repérons régulièrement des informations susceptibles d’intéresser (ou de surprendre) nos lecteurs et lectrices. À l’occasion de notre dixième anniversaire, nous relançons deux fois par mois notre rubrique du week-end « les yeux et les oreilles de Daily Science ». Avec, pour celle-ci, et à la demande de notre lectorat, un regard plus international.
Un médecin au long nez
Un grand manteau, des gants en cuir, des lunettes, un chapeau, un masque au long nez… Cette tenue plutôt effrayante est en réalité un costume de médecin du 17e siècle. Cet équipement était censé protéger le médecin de la peste dont souffraient ses patients.
Cette photo est l’une de celles visibles dans l’application gratuite Trezoors pour smartphones et tablettes proposée depuis le début de cette année par Daily Science et qui est disponible dans les stores iOS et Android.
Trezoors est une application qui invite à découvrir les trésors des musées universitaires de Bruxelles et de Wallonie. Chaque trésor présenté est soit visible dans les salles des musées concernés qui sont accessibles au public, soit précieusement conservé dans les réserves de ces institutions. Ce « médecin de la peste » fait partie des collections du musée de la médecine de l’ULB. L’application est actualisée plusieurs fois par semaine.
La préservation des glaciers est une priorité de l’Unesco
Les glaciers et les calottes glaciaires stockent environ 70 % de l’eau douce mondiale. Mais ces formations naturelles sont en perpétuel recul en raison du dérèglement climatique. L’Unesco et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) viennent de lancer officiellement l’Année internationale de la préservation des glaciers, des écosystèmes dont dépendent, au bas mot, trois milliards de personnes sur Terre. Et il y a urgence!
« On estime que les glaciers du mont Kenya, des Rwenzori et du Kilimandjaro auront entièrement disparu d’ici 2040. Par ailleurs, le “Troisième Pôle”, correspondant au système Hindu Kush-Karakoram-Himalaya, pourrait perdre 50 % de son volume glaciaire actuel d’ici 2100 », indiquent l’Unesco et l’OMM.
« La préservation des glaciers est l’un des défis les plus urgents de l’humanité. Ces formations ne sont pas seulement de l’eau gelée : elles sont les gardiennes de l’histoire climatique de notre planète, une source de vie pour des milliards de personnes, un équilibre pour la biodiversité environnante, et des lieux sacrés pour de nombreuses cultures. Leur disparition rapide est un rappel que nous devons agir maintenant », précise Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco.
En 2023, les glaciers ont subi leur plus forte perte de masse de ces cinq décennies. « À long terme, leur fonte menace la sécurité de l’eau pour des millions de personnes. Cette année internationale doit être un signal d’alarme pour le monde entier », estime le directeur général de l’OMM.
La diversité génétique diminue chez un grand nombre d’espèces
La Dre Catherine Grueber, de l’Université de Sydney (Australie), est une des expertes de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Sur base d’un examen systématique de 882 études concernant 628 espèces, elle estime avec ses collègues que deux tiers d’entre elles ont vu leur diversité génétique baisser au cours de ces quarante dernières années.
La perte de diversité génétique a été observée dans la majorité des espèces terrestres (qui représentent 90,2 % de l’ensemble de données), tandis que les pertes dans le domaine marin étaient plus variables. Les pertes de diversité génétique les plus importantes ont été observées chez les oiseaux et les mammifères.
Les chercheurs ont également classé les effets des menaces et des efforts d’intervention sur la diversité génétique. Ils ont constaté que deux tiers des populations ont subi au moins un type de perturbation écologique. Le déclin de la diversité a également été observé chez des espèces qui n’ont subi aucune perturbation écologique, ce qui suggère un niveau de déclin de fond qui n’a pas été déclenché par un événement spécifique.
Moins de la moitié des populations affectées par des menaces ont fait l’objet d’efforts de conservation. L’analyse des efforts de conservation signalés au cours des périodes d’étude a révélé leur capacité à ralentir ou à stopper la perte de diversité génétique au sein des populations touchées: l’ajout de nouveaux individus à la population d’une espèce étant la seule intervention à s’accompagner d’une augmentation de la diversité génétique au fil du temps.
La radioactivité de la poussière saharienne qui se dépose en Europe ne résulte pas des essais nucléaires français
Dans les années 1960, la France a procédé à des essais nucléaires atmosphériques dans la région de Reggane, dans le sud de l’Algérie, l’une des régions les plus poussiéreuses du Sahara. Des chercheurs du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement de l’Université Paris-Saclay (France) ont voulu savoir si des niveaux significatifs d’isotopes radioactifs produits lors de ces essais avaient atteint l’Europe occidentale lors de l’intense épisode de poussière saharienne de mars 2022. Ils ont pour cela testé 110 échantillons de poussières déposés lors de cette tempête dans six pays européens, dont la Belgique.
De manière inattendue, leurs résultats montrent que, bien que la poussière provenait de la région de Reggane, le plutonium radioactif qu’elle contenait n’a pas été créé par les essais nucléaires français, mais bien par des essais menés ailleurs par les États-Unis et l’URSS. Les signatures isotopiques du césium ont corroboré la source de la radioactivité.
Les chercheurs notent aussi que les niveaux de radioactivité mesurés dans ces poussières étaient bien inférieurs aux seuils déterminés par l’Union européenne pour les denrées alimentaires et pour l’air.