Les villes désavantagent les espèces peu mobiles et favorisent celles adaptées à des températures un peu plus élevées. Telle est la conclusion d’une recherche de terrain menée sur 80 sites en Belgique.
« Nous voyons pour la première fois comment l’urbanisation appauvrit la biodiversité à grande échelle », témoigne Frederik Hendrickx, de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
Avec 300 habitants au km2, la Belgique est l’un des pays d’Europe les plus urbanisés. Et au niveau mondial, l’urbanisation continue à augmenter. Selon les estimations, elle devrait tripler d’ici 2030. Les biologistes de l’IRSNB ont cherché à comprendre comment elle modifiait l’état de la faune en étudiant des coléoptères carabidés.
Des îlots de chaleur
À l’aide de pièges à insectes, les chercheurs ont échantillonné 81 sites en Belgique. Ils ont comparé la composition en coléoptères des zones rurales et des zones urbaines. Le résultat : ils ont noté un plus grand nombre d’espèces appréciant la chaleur dans les villes que dans les campagnes. Les matériaux sombres comme l’asphalte emmagasinant plus de chaleur, les températures sont plus élevées en ville. De plus les zones vertes (parcs, jardins…) y sont aussi souvent plus fragmentées, plus espacées.
Cela explique pourquoi les espèces de coléoptères à ailes courtes (qui ne peuvent pas parcourir de longues distances) sont moins fréquentes en ville. L’étude a révélé qu’aujourd’hui dans les villes flamandes, on ne trouve, presque exclusivement, que des coléoptères à ailes longues.
Pour le biologiste Frederik Hendrickx, « l’urbanisation mène à l’uniformisation. Les conditions de vie en ville favorisent fortement des caractéristiques spécifiques comme une forte capacité de propagation et un penchant pour la chaleur. Par conséquent, vous ne retrouvez en zone urbaine que quelques espèces, toujours les mêmes, y compris dans un parc boisé où vous auriez pu vous attendre à une diversité plus importante et similaire à celle d’une forêt en zone rurale. Et ce qui vaut pour les coléoptères vaut également pour bien d’autres espèces animales et végétales. »
L’étude, publiée dans Global Change Biology, est l’une des premières à démontrer, à une si grande échelle, les effets de l’urbanisation sur les populations d’insectes. Comprendre ces modifications est important pour pouvoir, à long terme, évaluer et anticiper leurs conséquences sur les écosystèmes.