Agriculture intérieure intensive, éclairage ciblé PHILIPS Lightning
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L’agriculture urbaine, ingrédient de l’économie « glocale »

3 juillet 2014
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes
"Sans plus attendre!", par Guibert Del Marmol, Ker Editions.
“Sans plus attendre!”, par Guibert Del Marmol, Ker Editions.

La Grand’Place? Prenez à gauche après la troisième ferme urbaine… Entendrons-nous un jour ce genre de conversation dans les rues de Bruxelles? Sans aller jusque là, l’économiste belge Guibert Del Marmol est persuadé que l’avenir des villes passera nécessairement par le city farming.

 

« Vous savez, je suis un perspectiviste. Je voyage beaucoup. J’observe ce qui est en train d’émerger aux quatre coins du monde. Et le concept des fermes urbaines est un processus en marche », assure-t-il. « Au même titre que d’autres initiatives destinées à rendre une plus grande autonomie alimentaire aux villes de la planète ».

 

Son constat est simple. L’avenir est aux villes. « Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit en ville », précise-t-il. « Dans quinze ans, 70 % de la population sera urbaine. Cela présente de sérieux défis, notamment en terme d’approvisionnement en nourriture. « Une ville comme Paris dispose d’une autonomie alimentaire de 72 heures », pointe-t-il.

 

Une nouvelle politique pour amorcer l’intérêt du secteur privé

 

Une partie de la solution à ce problème passe par une relocalisation de la production. A ses yeux, le développement de l’autonomie alimentaire dans les villes repose sur quatre axes.

 

  • 1 Le recentrage des zones vertes dans la ville. « Il faut ré-imbriquer plus fortement la ceinture verte dans ou près des villes, par des modèles de maraîchage », dit-il.
  • 2 Réinvestir les espaces verts publics et les développer. « A New York, les autorités ont lancé une vaste étude pour savoir ce qu’il faudrait comme espaces verts dans la ville afin de devenir autonome du point de vue de la production alimentaire. Central Park, mais aussi tous les toits des immeubles sont concernés. »
  • 3 Comme cela ne suffit pas, les villes doivent aussi s’intéresser aux fermes verticales et construire en ville des immeubles à finalité agricole plutôt que du logement ou des bureaux.
  • 4 Motiver le secteur privé à embrayer dans cette dynamique. « Quand on repense tout un système, c’est porteur d’innovations et d’emplois », indique Guibert Del Marmol. « Mais la seule action publique ne suffira pas. Si on couvrait tous les toits d’une ville de cultures, on ne répondrait qu’à 30 à 40 % de la demande. Il faut donc que des opérateurs privés s’y mettent. »

L’agriculture se verticalise

 

Dans son livre « Sans plus attendre », l’économiste propose diverses visions pour assurer une meilleure durabilité à l’Humanité urbaine. Cela passe par la dimension agricole. Et il détaille quelques expériences intéressantes en la matière à Montréal, Hong Kong, Tokyo…

 
Il s’intéresse aussi à l’agriculture verticale qui s’installe sur plusieurs étages. « En Amérique du Nord, cela a commencé par les toits, explique-t-il. Les autorités publiques se sont prises au jeu et ont incité à verdir les toits. Cela marche bien à Chicago qui est très en pointe dans ce domaine, dans une perspective de maraîchage. C’est la chose la plus simple à faire au début. »

 

Mais cela ne sera pas suffisant. Il faut penser à étager. « Cela se fait déjà en Afrique, au Burkina Faso, indique encore Gilbert Del Marmol. On y a créé une ferme verticale low cost, sur plusieurs étages, avec des puits de lumière. L’avantage est que la production est protégée des prédateurs, insectes et autres. »

 

Une économie relocalisée, bio-inspirée, circulaire, fonctionnelle, collaborative
 

Développer l’autonomie alimentaire des villes ne signifie pas pour autant un repli sur soi. C’est ici qu’intervient la dimension « glocale » (contraction de « globale » et « locale ») de sa réflexion.

 

« La mondialisation apporte des choses très intéressantes. Notamment en ce qui concerne l’échange des savoirs. Et par rapport à ces nouvelles solutions agricoles locales, nous aurons besoin de l’intelligence collective et de l’échange des bonnes pratiques par delà les frontières pour réussir. Si je prône plus globalement une économie relocalisée, bio-inspirée, circulaire, fonctionnelle, collaborative… il est illusoire de vouloir tout faire soi-même.
Il faut dès lors entretenir les relations entre pays, entre régions, entre bassins économiques. Nous ne produirons jamais tout sur place. Les échanges resteront nécessaires ».

 

Cette vision n’est-elle pas utopiste ? « Aux cyniques de tous bords qui disent que cela ne suffira pas, termine-t-il, je préfère répondre par une citation de Kennedy : « Les problèmes du monde ne peuvent pas être résolus par des sceptiques ou des cyniques dont les horizons se limitent aux réalités évidentes. Nous avons besoin d’hommes capables d’imaginer ce qui n’a jamais existé. »

 

 

 

 

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