Opportuniste ou routinier? Hédoniste ou contraint? Tous les vacanciers ne sont pas coulés dans le même moule. Et si leur « type » peut se définir scientifiquement, celui-ci n’est pas figé pour la vie.
Le Pr Alain Decrop, directeur du Centre de Recherche sur la Consommation et les Loisirs (CeRCLe) de l’Université de Namur (UNamur), l’a découvert au fil de ses travaux sur les processus qui entraînent une prise de décision.
Il a même identifié plusieurs catégories de vacanciers, en se basant sur diverses variables psychologiques et sociologiques.
« Les travaux menés ces dernières années nous ont même permis de valider cette typologie du vacancier », indique le Pr Decrop, par ailleurs doyen de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion.
Six catégories de vacanciers
Les études menées à l’UNamur ont d’abord été qualitatives. Elles ont analysé les comportements liés aux vacances de 25 familles et d’une quinzaine de groupes d’amis pendant plusieurs mois.
« De janvier aux vacances d’été puis encore après les séjours de vacances, afin de recueillir les regrets et les sources de satisfaction de nos participants », précise le patron du CeRCLe.
Ces résultats ont ensuite été confirmés et validés par des études complémentaires, en Belgique et en Suède. Elles sont en cours de validation pour d’autres pays.
Six catégories de vacanciers ont ainsi été identifiées par les chercheurs namurois.
«Bien entendu ces différentes typologies s’interpénètrent. Notamment en fonction des circonstances de la vie, de l’âge, des moyens disponibles, d’événements extérieurs, etc.» précise Alain Decrop.
Le routinier. Il reproduit d’année en année les mêmes comportements. Il fréquente le même lieu de vacances, le même hôtel, avec un même mode de transport. Cette routine implique qu’il consacre peu de temps à la « prise de décision ».
Le rationnel. Très impliqué par les vacances il recherche un grand nombre d’informations dans les agences, sur internet, au salon des vacances. Il analyse les possibilités, il compare les destinations, les alternatives avant de prendre une décision informée et la plus satisfaisante possible sur sa destination.
L’hédoniste. Il aime les voyages, il aime s’évader. Lui aussi effectue des recherches sur sa destination, mais il a aussi tendance à être idéaliste, à ne pas nécessairement s’intéresser aux contraintes pratiques de ses choix. Il donne libre-cours à ses envies. En réalité, il prend presque plus de plaisir à préparer ses vacances qu’à les vivre. Il a également tendance à reporter ses vacances. Parfois au risque de devoir prendre des décisions de dernières minutes.
L’opportuniste. Ce vacancier saisit plutôt les opportunités de dernières minutes et à moindres coûts qui se présentent à lui. Ses choix sont aussi guidés par des opportunités sociales. Il attend une proposition d’accompagnement. Il ne prend donc pas de décision longtemps à l’avance, afin précisément de rester libre pour ces opportunités tardives. En général, ce type de vacancier est moins impliqué dans la préparation de ses vacances. Aussi, souvent, par manque de temps, à cause de ses activités professionnelles.
Le contraint. Pour les personnes entrant dans cette catégorie, les vacances constituent presque une charge. Cela peut s’expliquer notamment par le mode d’hébergement choisi. Quand les vacances se déroulent dans une location, où on va retrouver les mêmes tâches ménagères à réaliser qu’à la maison, ce n’est guère réjouissant. Cela ne s’assimile dès lors pas à des vacances reposantes. Les vacances contraintes concernent aussi les personnes confrontées à une circonstance de vie inhabituelle: perte d’emploi, problème de santé…
L’adaptable. Il change régulièrement de destination. Il s’adapte aux circonstances de la vie: enfants en bas âge, enfants qui ont grandi. Il s’adapte à l’évolution de son cadre de vie.
Le sort des souvenirs de vacances
Ces comportements ne sont pas les seules dimensions qui intéressent les chercheurs namurois.
Cette semaine, avec leurs collègues venus des quatre coins de la planète dans le cadre de la conférence « Consumer Psychology of Tourism, Hospitality, and Leisure Research (CPTHL) », organisée à Namur, ils ont discuté de questions aussi variées que les choix écologiques et éthiques des vacanciers, l’influence de l’âge sur ces processus, du genre et de l’éducation dans les comportements touristiques, des relations invités-hôtes, le processus de cocréation dans le tourisme via internet.
Et de la signification et du sort réservé aux souvenirs rapportés de vacances? « Rendez-vous dans deux mois », conclut le Pr Decrop.
« Une de nos doctorantes s’est intéressée à cette question. Elle défendra sa thèse intitulée « The recontextualisation of special possessions in time, space and the social environment: The case of tourist souvenirs » au mois de septembre”.