Equipe actuelle de Milgram de Savoirs. De gauche à droite : Julia Eberlen, Kenzo Nera, Pascaline Van Oost, Sarah Leveaux, Olivier Klein, Magali Beylat, Inès Mentec © Milgram de Savoirs

Plongée dans l’esprit humain avec le podcast Milgram de Savoirs

3 juillet 2024
par Camille Stassart
Temps de lecture : 5 minutes

Série : Diffusion massive du savoir (2/5) 

A travers le podcast « Milgram de Savoirs » – en référence à Stanley Milgram, l’un des psychologues sociaux les plus connus au monde – une équipe de chercheurs de l’ULB et de l’UCLouvain entend briser les barrières entre le grand public et la recherche en psychologie.

Lancé en juillet 2019, ce podcast diffuse des entretiens d’une trentaine de minutes avec des experts de divers champs de la discipline en vue de présenter leurs thématiques d’étude. En parallèle, Milgram de Savoirs conçoit des épisodes plus courts qui abordent, en 5 minutes, des problématiques proches du quotidien, comme le syndrome de l’imposteur, le mensonge, ou encore le burn-out.

Inès Mentec et Sarah Leveaux lors de l’enregistrement d’un épisode avec Olivier Luminet © Milgram de Savoirs

Un podcast comme mission de stage

Si cette idée de podcast trottait depuis longtemps dans la tête des scientifiques du Centre de Recherche en psychologie sociale et interculturelle de l’ULB, elle se concrétise par l’arrivée de Sarah Leveaux. « J’étais à l’époque étudiante à l’Université Lumière Lyon 2 et j’effectuais un stage de recherche de trois mois au sein du laboratoire », indique Sarah Leveaux, aujourd’hui doctorante à l’Université Lumière Lyon 2.

« Ma maîtresse de stage était Julia Eberlen et, lors de la première réunion, elle et Olivier Klein, le co-directeur du centre, m’ont proposé de mettre sur pied ce podcast, ce que j’ai tout de suite accepté. Kenzo Nera, alors doctorant, nous a rapidement rejoints. Au bout des trois mois, on avait enregistré les premiers épisodes, en autodidactes : ils ont été diffusés durant l’été 2019. Par la suite, j’ai continué à participer au projet à distance. Et je profite de mes venues à Bruxelles pour enregistrer l’un ou l’autre épisode. »

Magali Beylat et Julia Eberlen, membres du podcast avec Odile Rohmer © Milgram de Savoirs

100 grammes de savoirs, un contenu plus digeste

L’équipe opte d’emblée pour le format de longs entretiens. Rapidement, un second format, plus court, est néanmoins inclus au podcast. « Dès le départ, on a voulu atteindre le grand public. Mais les interviews, au cours desquelles on discute de sujets parfois techniques, ne le permettaient pas toujours. On a alors décidé de lancer en parallèle des épisodes de 5 minutes qui apportent des réponses à des questions spécifiques, proches des réalités des individus », explique Sarah Leveaux.

Ainsi sont nés les épisodes « 100 g » de savoirs. Quand ceux basés sur les entretiens sont rebaptisés « 1000 g ».

Les « 100 g » sont écrits par des doctorants ou postdoctorants issus d’universités belges, mais aussi suisses et françaises. « Ils offrent donc aussi l’avantage de mettre en avant de jeunes acteurs de la recherche, et pas uniquement des scientifiques bien établis, comme c’est le cas avec les « 1000 g » », souligne Inès Mentec, doctorante à l’ULB, qui a rejoint le projet il y a un an.

Olivier Klein, Pascaline Van Oost, Magali Beylat, membres du podcast avec Vincent Yzerbyt et Céline Darnon © Milgram de Savoirs

La psycho sous toutes ses facettes

Milgram de Savoirs réunit aujourd’hui 7 membres bénévoles aux rôles polyvalents. Et c’est en équipe que les sujets traités dans les épisodes sont choisis. Ceux-ci font parfois écho à l’actualité, comme l’épisode portant sur la psycho-oncologie, diffusé à l’occasion d’Octobre Rose, mois visant à sensibiliser au cancer du sein. Mais ce n’est pas systématique. Souvent, ces sujets sont sélectionnés au gré des discussions entre les membres, ou en fonction des opportunités d’entretiens.

A travers plus de 80 épisodes (« 1000 g » et « 100 g » confondus), Milgram de Savoirs a su mettre en avant de multiples travaux en sciences psychologiques, notamment en psychologie sociale – qui étudie la façon dont la présence d’autrui influence les états psychologiques et les conduites des individus –, et en psychologie cognitive, axée sur les mécanismes cérébraux impliqués dans la perception, la mémoire, le raisonnement, ou encore le langage.

« On tente aujourd’hui d’ouvrir de plus en plus le podcast à d’autres disciplines, comme la psychologie du développement, ou encore la psychologie clinique et de la santé », fait savoir Sarah Leveaux.

Et Inès Mentec de préciser : « Au-delà de la recherche, on s’attache aussi à casser les mythes, parfois très fortement ancrés chez le public, comme l’épisode qui revient sur la croyance que l’on a un hémisphère dominant, gauche ou droit

Une démarche de vulgarisation scientifique qui a d’ailleurs été récompensée par le Prix du Fonds Wernaers du FNRS en 2023.

Pascaline Van Oost et Magali Beylat membre de l’équipe, lors d’un enregistrement avec Vincent Yzerbyt © Milgram de Savoir

Vulgariser les savoirs, une mission de l’université

Pour les deux chercheuses, ce podcast répond à l’une des missions fondamentales de l’université : le service à la société.

« Personnellement, je viens d’un milieu populaire. Quand j’ai commencé mes études, j’ai été confrontée au jargon académique, un langage de classe disposant d’un certain capital culturel. Et je me souviens que certaines choses étaient difficiles à appréhender. Ce qui me motive avec ce podcast est donc de rendre accessibles les connaissances au plus grand nombre », développe Sarah Leveaux. « En outre, en sachant que la recherche est financée par les pouvoirs publics, et donc par les citoyens, il me semble juste de transmettre ces savoirs auprès du grand public. »

Même constat pour Inès Mentec : « J’ai la chance, en tant que chercheuse, de pouvoir générer du savoir. Et le garder pour soi n’a aucun intérêt.»

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