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L’immunité liée à l’allaitement ne passe pas nécessairement par les anticorps

5 juin 2019
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

On connaissait déjà les effets bénéfiques de l’allaitement maternel sur la santé des nourrissons. A l’Université de Liège, le Dr Benjamin Dewals, chercheur qualifié FNRS du centre de recherche FARAH de la Faculté de Médecine vétérinaire, vient de montrer que certains de ces effets protecteurs pouvaient perdurer jusqu’à l’âge adulte.

« Notre étude a été menée sur des souris en collaboration avec le Pr William Horsnell, de l’Université du Cap, en Afrique du Sud », explique le chercheur du FARAH (Fundamental and Applied Research for Animals and Health), de l’Université de Liège.

Protection contre un ver parasite

« On sait depuis longtemps que le transfert d’anticorps via le lait maternel est une source importante de protection contre les infections précoces », précise le chercheur.  « Généralement, on estime que cette protection se limite à la période d’allaitement. Notre étude sur des souris montre que cette protection peut aussi faire abstraction des anticorps maternels… et que cet effet bénéfique peut être acquis à long terme, bien après la fin de l’allaitement ».

Par quels mécanismes précis cette protection est-elle transmise? « Nous ne le savons pas encore », indique le Dr Dewals. « C’est clairement lié à l’allaitement. Mais cela passe-t-il par le lait? Ou par le contact physique entre le petit et la mère? Nous n’avons pas de réponses à ce stade, même si la piste du lait semble être la plus probable».

Dans le cas présent, les chercheurs ont travaillé sur des souriceaux adoptés et allaités par des souris qui avaient préalablement été infectées par un ver parasite (Nippostrongylus brasiliensis) et qui en avaient été débarrassées avant leur gestation. Ils ont observé que les petits acquéraient ainsi une protection immunitaire contre cette infection et que de façon inattendue, les anticorps présents dans le lait maternel étaient incapables de transmettre cet effet de protection aux petits.  Grâce à l’utilisation de souris transgéniques, les chercheurs ont démontré que le transfert d’anticorps de la mère allaitante au petit n’était pas impliqué dans le transfert d’immunité antiparasitaire.

Une découverte et un mystère… Pour en savoir davantage, un projet de thèse visant à déterminer les mécanismes de transfert d’immunité impliqués a été initié l’an dernier.

Un quart de l’Humanité victime de parasites

Plus globalement, le Pr William Horsnell, de l’Université du Cap, qui a participé à l’étude qui vient d’être publiée, espère que « cette recherche mènera à des études humaines sur la façon dont l’exposition maternelle à des agents pathogènes avant la grossesse peut influencer la santé de la progéniture. Nous nous intéressons particulièrement à la façon dont ces résultats peuvent aider à concevoir des stratégies de vaccination maternelle qui offrent une protection à long terme aux enfants ».

 

Vers d'Ascaris lumbricoides en boîtes de culture, expulsés d’une enfant de quatre ans, hôpital pédiatrique de la Croix Rouge au Cap, Afrique du Sud. © Prof. W. Horsnell, Université de Cape Town
Vers d’Ascaris lumbricoides en boîtes de culture, expulsés d’une enfant de quatre ans, hôpital pédiatrique de la Croix Rouge au Cap, Afrique du Sud. © Prof. W. Horsnell, Université de Cape Town

« C’est bien là un des enjeux de ces travaux », conclut de son côté le Dr Dewals, à l’Université de liège. « Le problème des infections parasitaires concerne de nombreux animaux dans le monde, notamment d’élevage, y compris en Belgique. Mais également la santé humaine. L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’un quart de la population mondiale est infectée par un parasite ». Et on constate que ces parasites sont de plus en plus résistants aux traitements antiparasitaires. Nous avons peut-être ici une piste intéressante pour faire face à ce problème ».

 

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