Roue à aubes du moulin de Beaurieux © Christian Du Brulle

Le patrimoine wallon est aussi scientifique et technique

8 septembre 2023
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Cela turbine à Beaurieux, un village du Brabant Wallon qui relève de la commune de Court-Saint-Etienne ! Sur les berges de l’Orne, la roue à aubes de l’antique moulin plonge dans le bief aux eaux brunâtres. Gonflée par les abondantes pluies du matin, la rivière est tumultueuse.

À l’intérieur du bâtiment qui jouxte le bief, l’axe qui traverse le mur fait tourner une énorme roue crantée métallique. Mais cela fait déjà plusieurs années qu’elle n’entraîne plus le mécanisme de la meule à grains. Ici, on ne produit plus de farine, mais bien des kilowattheures.

Isabelle et Olivier, propriétaires du moulin de Beaurieux © Christian Du Brulle

Des kWh plutôt que de la farine

« Nous avons remis la roue en état en 2004 et installé un générateur électrique doté d’un démultiplicateur », explique Olivier, le propriétaire des lieux avec son épouse Isabelle. « Depuis 2017, le moulin tourne sans arrêt. L’électricité produite est utilisée pour les besoins de notre maison. Le surplus est envoyé sur le réseau électrique ». Ce n’est donc plus de la farine qui sort du moulin, comme au temps de sa construction, mais bien de l’électricité. Une production identique à celle que produirait une centaine de panneaux solaires.

Pour découvrir cette reconversion du moulin, désormais transformé en habitation privée, rendez-vous le week-end des 9 et 10 septembre à l’occasion des journées du Patrimoine. L’installation sera accessible au public et des animations seront proposées aux enfants.

Moulin de Beaurieux © Christian Du Brulle

Transmission intergénérationnelle

Cet étonnant lifting d’un moulin datant du 14e siècle rencontre le souhait de la ministre wallonne Valérie De Bue (MR) en charge notamment du Patrimoine. « Il illustre parfaitement l’évolution du patrimoine, ou plus exactement de la transmission de celui-ci d’une génération à l’autre », expliquait-elle sur place.

Une ministre qui a décidé cette année d’axer les journées du patrimoine sur la jeunesse. Outre plus de 400 rendez-vous fixés tout au long du week-end à travers la Wallonie, quasi autant d’animations spécialement destinées aux jeunes de 10 à 14 ans sont également au programme. « Cela correspond à la vision que nous avons du patrimoine », précise-t-elle. « Il doit être conservé, mais aussi animé, grâce à la collaboration de divers acteurs du secteur public et du secteur privé. »

L’AWaP, l’Agence wallonne du patrimoine, est aux manettes de cette vaste opération. Elle propose cette année, outre la traditionnelle brochure des « journées du patrimoine», un fascicule complémentaire plus spécifiquement destiné aux jeunes. Cette « initiation au patrimoine » est accessible sur le site de l’opération.

« Nous inscrivons dans la durée notre action vers les jeunes », précise Sophie Denoël, inspectrice générale ff. « Une nouvelle collection de brochures thématiques destinées aux 8-12 ans est en cours de confection. Les deux premiers numéros de ces brochures intitulées « Qu’est-ce que…? » sont déjà disponibles. La première explique ce qu’est le patrimoine, la seconde parle de châteaux. Il en existe plusieurs centaines en Wallonie. Et on ne parle pas ici de château d’eau ! » Pourquoi tant d’effort à destination de ce jeune public? « Tout simplement parce qu’on protège mieux ce qu’on connaît », répond la ministre De Bue.

Radiotélescope d’Humain © Christian Du Brulle

Rendez-vous à Humain, sous le Soleil

Notons que le patrimoine wallon n’est pas qu’artistique, architectural ou industriel. Il peut aussi être scientifique. Cette année, pointons plus particulièrement l’ouverture au public du site de radioastronomie d’Humain, près de Marche-en-Famenne, en province de Luxembourg.

Cette station a été fondée en 1953 par l’Observatoire royal de Belgique pour accueillir les tout premiers radiotélescopes belges dédiés à l’observation du Soleil. Dans les années 1960, un interféromètre solaire de 44 radiotélescopes y a été construit. Il a fonctionné jusqu’en 2001.

Aujourd’hui, la station accueille toujours des expériences scientifiques radio et optiques d’observation du ciel, du Soleil, de l’environnement spatial de la Terre et de son atmosphère. Le public pourra déambuler le long des deux axes nord-sud et est-ouest de l’ancien interféromètre où seront placés des panneaux explicatifs. Le laboratoire de contrôle de l’interféromètre accueillera un petit musée sur l’histoire du site. Et, bien entendu, les expériences proposées aux jeunes tourneront autour du Soleil.

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