La crise sanitaire qui a frappé la planète n’a pas épargné les doctorants de nos universités qui participent habituellement en cette période de l’année au concours de vulgarisation scientifique « Ma Thèse en 180 secondes ». Avec le confinement, il n’était plus envisageable de rassembler les candidats et leurs publics dans un auditoire.
Vulgarisation scientifique… en ligne
Exit, dès lors le concours MT180 cette année? Plutôt que de jeter le gant, l’Université de Mons (UMons) et l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) ont préféré innover. Elles ont donc organisé ensemble, cette année, ce concours, sous une forme digitale.
Neuf candidats issus des deux universités avaient répondu présent: quatre chercheuses et cinq chercheurs issus de disciplines diverses: médecine, économie, science des matériaux, chimie, économie… Le 9 juin, le concours les a rassemblés, par écrans interposés.
« Le règlement du concours a dû être quelque peu adapté », concède le Dr Francesco Lo Bue, directeur du MUMONS (Direction de la Culture et de l’Information scientifique à l’UMons), et animateur de la soirée. « Mais l’essentiel a été maintenu. Les candidats devaient présenter un résumé de leur thèse de manière vulgarisée, en moins de trois minutes et en ne s’appuyant que sur une seule diapositive, projetée à l’écran pendant leur prestation. Cette année, plutôt que d’être debout, face au public, ils étaient assis, face à la caméra de leur ordinateur ».
Premier prix pour une chercheuse de l’UCLouvain
Le jury se composait de deux représentants de chaque université ainsi que de trois membres complémentaires, dont un journaliste scientifique de Daily Science. Sa mission: classer les prestations des candidats suivant une série de critères bien établis liés à la vulgarisation, les talents oratoires des candidats, la structuration de leur exposé. Alors que les prestations ont été de haut niveau, deux lauréats se sont distingués. Ou plus exactement, deux lauréates.
Sarah Reuter, de l’UCLouvain, a été classée première. En moins de 180 secondes, elle a su captiver son public en pointant la nature et les enjeux de ses travaux portant sur « l’optimisation de la vitesse de corrosion d’alliages à base de fer pour stents biorésorbables par acidification de la surface métallique ». Un titre de thèse que la boursière FRIA (FNRS) avait préféré simplifier en intitulant sa prestation : « Visitons les fast-foods sans trop culpabiliser ».
Des stents dégradables in situ
La chercheuse s’est intéressée aux matériaux composant les stents, ces dispositifs médicaux utilisés en cardiologie qui permettent de rouvrir et de maintenir ouverts des vaisseaux sanguins bouchés, notamment suite à de mauvaises habitudes alimentaires.
Le but de ses recherches ? Faciliter l’élimination naturelle de ces stents dans les artères une fois celles-ci durablement « réparées ». « Généralement, six mois après la mise en place du stent », a-t-elle précisé. Un stent qui reste longtemps dans un vaisseau peut, en effet, à terme, devenir source de problèmes pour le patient.
La santé des entreprises et les risques de faillite
Loredana Cultrera a été classée deuxième lors de ce concours. Elle aussi s’intéresse à la santé, mais surtout à celle des entreprises. « Et si on tentait de vous sauver? », propose-t-elle. Une manière plus directe et vulgarisée de nous parler de sa thèse intitulée « From Prediction to Prevention: Analysis of The Bankruptcy Phenomenon ».
À la Faculté Warocqué d’Economie et de Gestion, de l’UMons, elle a étudié divers paramètres concernant les risques de faillite des entreprises en Wallonie. Son travail et sa prestation ont séduit le public qui suivait en direct les présentations des candidats via le site web du MUMONS. Loredana Cultrera a été récompensée par le prix du public. Un public amené à voter via l’application (belge) Wooclap.
Pas de finale internationale
Habituellement, les lauréats de chaque université participant à « MT180 » se rencontrent pour une finale interuniversitaire désignant alors le ou la représentant(e) de leur pays pour la finale internationale. La pandémie de Covid-19 qui a secoué la planète a bousculé ce schéma. Cette année, il n’y aura pas de finale interuniversitaire en Belgique, ni de finale internationale.
Expliquer un peu de science à sa famille et ses amis
Toutefois, les prestations des neuf candidats de ce 9 juin, n’ont pas été un exercice gratuit. Si se livrer à cet exercice de vulgarisation devant un écran et une webcam n’est, certes, pas la même chose que présenter un résumé de sa thèse en trois minutes face à un public en chair et en os, les candidats sont heureux de cette initiative.
« S’adresser à un autre public, parler de manière plus simple et sans jargon de nos recherches nous donne une autre vision de notre thèse », dit l’un d’eux. « C’est un super exercice. Ma famille a enfin compris sur quoi je travaille depuis six ans ». « Cela m’a permis d’expliquer un peu de science à ma famille et à mes amis », confirme Sarah Reuter.
Les prestations des candidats de la cuvée digitale 2020 de « Ma Thèse en 180 secondes » ont captivé quelque 1500 personnes au total.