L’école numérique n’est pas qu’une question de tableau interactif ou d’ordinateurs connectés dans les classes. À Bruxelles et en Wallonie, un projet de recherche dirigé par la Haute Ecole Léonard de Vinci – Parnasse-ISEI a fait entrer les ordinateurs et les tablettes dans… les salles de gymnastique.
« L’introduction du numérique dans les écoles vise d’une part à éduquer les jeunes à ces technologies afin de leur permettre de développer des compétences adéquates face à ces outils digitaux », explique le Pr Jean-Philippe Dupont (HE Léonard de Vinci/pédagogie). « Mais ces technologies de l’information doivent aussi permettre de nouvelles formes d’apprentissages tout en s’adaptant à chaque élève ».
Deux études dans les écoles
C’est dans ce contexte qu’il a développé avec divers collègues un projet de feedback vidéo en salle de gymnastique.
« Nous voulions déterminer dans quelle mesure l’utilisation de la caméra d’un ordinateur ou d’une tablette, munie d’un logiciel adéquat, pouvait augmenter la motivation des élèves lors du cours d’éducation physique », expliquait le chercheur lors de la dernière Journée des Chercheurs en Hautes Ecoles, organisée par le réseau SynHERA (Synergie entre les Hautes Écoles et les Entreprises pour la Recherche Appliquée).
Les chercheurs ont donc mené une double série d’observations lors de cours d’éducation physique dans des écoles primaires et secondaires de Bruxelles et de Wallonie. Différents groupes d’élèves ont été suivis pendant plusieurs semaines.
Les mouvements décortiqués
Certains bénéficiaient « simplement » des conseils et des remarques de leurs professeurs en ce qui concerne la réalisation de différents exercices, la correction des mouvements, etc. D’autres disposaient de ce suivi pédagogique « humain », doublé d’images vidéo filmées pendant l’exercice et commentées par l’enseignant. D’autres encore ne recevaient pas de commentaires de leur professeur, mais avaient à disposition les images vidéo de leur prestation.
Les images vidéo étaient filmées avec un logiciel spécialement développé pour le coaching sportif. Il permet de revoir les mouvements en détail, éventuellement en mode ralenti pour décomposer les mouvements. Ces vidéos peuvent également être annotées.
Les images commentées par l’enseignant sont les plus motivantes
Au fil du temps, la motivation des élèves de ces différents groupes a été évaluée. Il en ressort que chez les élèves qui bénéficiaient du suivi vidéo et des commentaires du professeur, une augmentation significative de la perception d’autonomie ainsi que de la perception d’être dans un climat soutenant l’autonomie ont été observées. « Au final, leurs performances techniques par rapport aux exercices demandés étaient également meilleures », souligne Jean-Philippe Dupont.
Dans le groupe contrôle par contre, sans utilisation de vidéo, aucune évolution significative de la motivation des élèves n’a été constatée. Et il en va de même pour le groupe qui bénéficiait d’un suivi vidéo, mais sans les commentaires de l’enseignant.
« Cette double recherche montre tout le potentiel de l’apport des nouvelles technologies dans l’enseignement de l’éducation physique », conclut le chercheur. Qui pointe également l’attrait de « l’évolution des pratiques enseignantes vers des dispositifs soutenant davantage l’autonomie des apprenants ».
« Ce qui nécessite une attention et un encadrement particuliers dans ce sens (positionnement et commentaires de l’enseignant) et de la formation des enseignants par rapport à la création de ces dispositifs, aux pratiques enseignantes et à l’utilisation de ces outils ».