A Bruxelles, l’innovation au sein des entreprises n’est pas tout à fait identique aux autres régions du pays

11 décembre 2018
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

L’innovation est cruciale pour la croissance économique d’une région. Elle repose notamment sur les connaissances que les entreprises échangent avec d’autres acteurs. Dans ce contexte, la situation bruxelloise se distingue-t-elle des autres régions du pays ?

L’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA) s’est penché sur cette question, et d’autres, en lien avec cette thématique de l’innovation. Ses conclusions sont à découvrir dans un long « cahier » (80 pages).

Les flux de connaissances sous la loupe

On y analyse les flux de connaissances qui concernent des entreprises technologiquement innovantes en Région bruxelloise, mais également dans l’agglomération bruxelloise au sens large. Parce que bien sûr, au sein de la Région de Bruxelles-Capitale, l’Innovation ne s’arrête pas aux limites administratives et institutionnelles de la Région. Elle déborde sur les territoires qui ont un lien fonctionnel avec la Région.

Le premier constat est donc clair : le système d’innovation bruxellois fonctionne plutôt à l’échelle de l’agglomération bruxelloise, c’est-à-dire la Région de Bruxelles-Capitale et son « hinterland ».

« L’hinterland bruxellois est défini ici comme un noyau résidentiel urbain composé d’un centre urbain et des quartiers environnants directement reliés par des logements, des bâtiments industriels et commerciaux, des infrastructures publiques comme les bâtiments, les routes, les parcs, les infrastructures sportives, etc. », rappellent les auteurs de l’étude, issus de la KULeuven.

Seules les entreprises de dix salariés au moins ont été prises en compte

L’étude compare la Région de Bruxelles-Capitale avec les deux autres régions du pays. Elle établit aussi des comparaisons entre l’agglomération bruxelloise constituée de la Région de Bruxelles-Capitale et de son hinterland avec l’ensemble des quatre autres grandes agglomérations de Belgique (Anvers, Gand, Charleroi et Liège). Enfin, elle compare également la Région de Bruxelles-Capitale avec son hinterland.

Autre donnée de base : la population cible de cette étude se compose d’entreprises privées employant 10 salariés et plus qui sont actives dans l’industrie manufacturière et le secteur des services aux entreprises.

Les résultats ?

À partir de ces comparaisons, les résultats suivants sont dégagés :

  • 1. La Région de Bruxelles-Capitale apparaît comme un lieu attractif pour les entreprises innovantes de grande taille. Ces entreprises génèrent une grande valeur ajoutée pour la Région et dépendent moins des connaissances externes. En outre, la Région attire également les entreprises innovantes qui font partie du secteur à forte intensité d’information. Cela simplifie la question des infrastructures spécifiques nécessitées par ce type d’entreprises étant donné qu’elles s’intègrent facilement dans le tissu urbain. La présence d’entreprises du secteur à forte intensité d’information est également compatible avec l’utilisation des TIC comme l’une des priorités du Plan Régional pour l’Innovation.

 

  • 2. Les entreprises innovantes du système d’innovation bruxellois — et en particulier les PME — recourent souvent dans leur stratégie d’innovation à l’acquisition des idées développées par des tiers (pour les adapter éventuellement). Cette ouverture relative dans la stratégie d’innovation en comparaison avec les autres régions et autres grandes agglomérations peut révéler la présence d’une plus grande capacité d’absorption, permettant à l’entreprise de mieux assimiler les connaissances externes et de les intégrer efficacement aux connaissances présentes en interne.

 

  • 3. En dépit d’une présence importante en Région de Bruxelles-Capitale de centres de connaissances comme les universités et les instituts de recherche (semi-) publics, ainsi que les hôpitaux universitaires de haut niveau, ces centres sont d’une efficacité plutôt faible lorsqu’il s’agit d’apporter des idées pour l’innovation. Cette faiblesse est également perceptible lorsque ces centres de connaissances publics sont considérés comme partenaires de coopération pour transposer efficacement les idées d’une entreprise en innovations. Cela indique une inadéquation entre l’offre publique de connaissances et la demande émanant des entreprises innovantes. Le rapport souligne par contre la force des connaissances présentes en interne et la capacité des entreprises innovantes.

 

  • 4. Les entreprises innovantes technologiquement en Région de Bruxelles-Capitale utilisent moins souvent les sources d’innovation liées aux clusters temporaires sous la forme de lieux de rencontre occasionnels lors de conférences et de rencontres avec les organisations professionnelles. Cela ne correspond pas entièrement au positionnement de la Région de Bruxelles-Capitale en tant que carrefour d’échanges de connaissances au niveau régional, national et international.

 

  • 5. En comparaison avec les entreprises des autres régions de Belgique, les entreprises de la Région de Bruxelles-Capitale ne montrent pas un niveau d’implication significativement plus important dans les accords de coopération internationaux en matière d’innovation. Les entreprises de l’hinterland bruxellois sont par contre davantage impliquées dans la coopération internationale avec notamment les États-Unis.

« Sur la base du profil international de la Région de Bruxelles-Capitale, on pouvait s’attendre à un caractère international plus marqué dans les échanges de connaissances », indique encore l’IBSA.

 

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