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« La beauté de Cléopâtre se décline de mille façons. Parfois avec goût, parfois moins ». Le Dr François de Callataÿ, Chef de Département à la Bibliothèque royale de Belgique, s’intéresse de près aux représentations de ce personnage historique. Y compris les plus farfelues, comme la salière-poivrier de facture philippine qui illustre cet article.
Cléopâtre, dernière reine d’Egypte, qui mit César et Antoine à genou, est devenue une icône planétaire. « Une icône qui se résume bien souvent à la représentation d’une femme très belle, très sexuée, mais qui est absolument seule, si ce n’est les pyramides », souligne le numismate spécialisé dans la période hellénistique.
Usages et mésusages de son image
« Il suffit de taper les mots “images” et “Cleopatra” dans un moteur de recherche sur internet pour que des milliers de clichés surgissent », assure François de Callataÿ.
Sur le site de l’Académie Royale de Belgique, où il donnera mardi une leçon publique sur « Cléopâtre : usages et mésusages de son image », le chercheur précise que « que nulle autre icône n’aura autant captivé l’imaginaire d’un si grand nombre et cela à toutes les époques ».
Paradoxalement, cette multiplication des représentations de Cléopâtre au fil des siècles contraste avec le très faible nombre de sources iconographiques représentant effectivement la souveraine d’Egypte.
De Plutarque à Shakespeare
« Nous ne la connaissons qu’indirectement et par ceux qui l’ont vaincue: les Romains », précise le chercheur. « Du côté des textes littéraires, les écrits les plus substantiels sont à 90% dus à Plutarque. Il nous donne des détails sur sa vie, il livre du sang et des larmes. A tel point que ce texte va même jusqu’à être dupliqué plus tard par Shakespeare ».
Quant à sa beauté et ses véritables traits, aux yeux du numismate, la seule source valable n’existe que sur des monnaies d’argent et de bronze. Et encore, seules les monnaies de bronze frappées à Alexandrie sont à ses yeux le seul vecteur sûr de la représentation de Cléopâtre.
« Tout le reste ne sont que des interprétations qui tentent de se rapprocher de ce qu’on trouve sur ces monnaies », estime le Dr de Callataÿ.
Le Dr François de Callataÿ détaillera et illustrera abondamment son point de vue au Collège Belgique le mardi 14 octobre à Bruxelles, de 17 à 19 heures. Pour rappel, les séances du Collège Belgique sont gratuites. L’inscription est toutefois souhaitée.