Salle blanche de l'entreprise Aerospacelab à Mont-Saint-Guibert © Christian Du Brulle

Dans trois ans, jusqu’à 500 satellites seront produits chaque année à Charleroi

15 juin 2022
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Charleroi était déjà une ville Ariane, un label décroché par les cités qui hébergent l’une ou l’autre industrie impliquée dans la construction du lanceur européen Ariane. Avec la construction de la « mégafactory », la grande usine de fabrication à la chaîne de satellites de l’entreprise wallonne Aerospacelab, elle va aussi devenir un des hauts lieux, en Europe, du NewSpace.

Le NewSpace, c’est cette autre manière d’être actif dans le secteur spatial. Une démarche clairement économique, qui mise sur le secteur privé pour développer des activités aérospatiales. Ici, on ne parle plus de découvertes scientifiques ou de grands programmes d’exploration, mais bien d’exploitation de l’espace. Exactement comme le fait l’entreprise privée américaine Space X, qui fournit un accès commercial à l’espace. Et ce, à des coûts nettement inférieurs, et avec une souplesse plus marquée, que ce que proposent les acteurs traditionnels du secteur.

Première usine à Louvain-la-Neuve

En Wallonie, Aerospacelab, installée à Mont-Saint-Guibert, s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Créée en 2018 par Benoit Deper, cette entreprise du New Space joue sur deux tableaux.

« Nous sommes une entreprise d’intelligence géospatiale », précise le PDG de l’entreprise. « Au départ de diverses données, issues notamment de  satellites d’observation de la Terre, nous fournissons à nos clients les informations stratégiques dont ils ont besoin. Cela couvre de multiples domaines: protection de l’environnement, production durable de marchandises, agriculture, surveillance des infrastructures, de sécurité, etc. D’autre part, nous fabriquons aussi des satellites. Notre premier engin, Arthur, a été lancé l’an dernier », rappelle-t-il.

Et quitte à fabriquer des satellites pour ses propres besoins, l’entreprise vise aussi la production de tels engins pour des tiers. C’est pour cette raison que la première usine à satellites d’Aerospacelab, installée à Louvain-la-Neuve, est déjà sortie de terre. Avec une capacité de fabrication annuelle de 24 satellites, la production devrait y démarrer au troisième trimestre de cette année, le temps de finaliser la salle blanche (sans poussières) de 600 mètres carrés.

Une demande mondiale en satellites qui va exploser

Vu la demande potentielle de tels engins dans les années à venir, une seconde usine, celle de Charleroi, s’est avérée indispensable.

D’ici 2030, 1.700 satellites devraient être lancés en moyenne par an dans le monde, indique Aerospacelab. C’est pour apporter une réponse à cette demande vertigineuse que l’usine de Charleroi, dont les travaux de construction commencent avenue Émile Rousseaux à Marcinelle, va être construite.

« Pour répondre à cette demande, on ne peut plus produire des satellites à la pièce. Nous misons donc sur un modèle éprouvé dans le secteur automobile: une production standardisée, mais adaptable aux besoins de nos clients », précise Benoit Deper. «Nous mettons en place des usines de fabrication de satellites, avec des lignes de production utilisant des composants produits en série et des instruments spécifiques si nécessaire. Nous possédons et exploitons toutes les installations d’essai nécessaires à la fabrication de satellites, ce qui permet une intégration verticale et, partant, une certaine souplesse », précise-t-il.

Vue d’artiste de ce que sera la future usine d’Aerospacelab à Charleroi © Aerospacelab

Des plateformes satellitaires adaptables aux besoins des clients

L’entreprise va donc proposer à ses clients des plateformes satellitaires de base, sur lesquelles viendront se greffer les charges utiles nécessaires à leurs activités respectives. Ce sont ces VSP, des « Versatil Satellite Platform », qui constitueront donc le cœur de la production à Marcinelle, comme à Louvain-la-Neuve. De quoi produire des satellites et des constellations de satellites pour un large éventail d’applications. Bien entendu, Aerospacelab va aussi y produire ses propres satellites, destinés à assurer ses services d’intelligence géospatiale.

L’initiative est largement soutenue et observée par les pouvoirs publics. Outre le positionnement de la Wallonie dans ce contexte NewSpace mondial (l’usine de Marcinelle sera la plus grande du genre en Europe), le site devrait recruter 400 collaborateurs. Des ingénieurs, mais aussi des techniciens et autres profils spécifiques.

Les premiers satellites sortiront de la chaîne de montage début 2025.

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