L’index « biodiversité » belge est légèrement positif

15 septembre 2020
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

L’édition 2020 du rapport mondial du WWF « Planète Vivante » mettait le doigt récemment sur l’état de santé déplorable de la biodiversité dans le monde. Il pointait notamment que, depuis 1970, le nombre de vertébrés sur Terre avait diminué de 68%.

Cette semaine, le WWF Belgique, en collaboration avec Natuurpunt, Natagora, la Plateforme Biodiversité et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique publient les résultats du Rapport Planète Vivante Belgique. Et celui-ci dresse un état des lieux de la biodiversité en Belgique entre 1990 et 2018 plutôt positif: +0,2% chaque année depuis 1990, soit  +5,7 % sur l’ensemble de la période.

283 espèces vivantes sous la loupe

Surprenant? « N’oublions pas que dans les décennies qui ont précédé 1990, le pays a perdu une part énorme de son capital naturel, avec la disparition d’espèces emblématiques, mais aussi la transformation et la fragmentation des habitats », indique Antoine Lebrun, directeur du WWF Belgique.

L’indice Planète Vivante (IPV) pour la Belgique est l’indicateur phare de ce rapport. Il mesure la variation moyenne de la taille des populations de 283 espèces dans le pays. 92 de ces espèces sont des oiseaux, 3 des mammifères, 34 des sauterelles et des criquets, 62 des odonates (libellules et demoiselles), 6 des reptiles, 12 des amphibiens et 74 des papillons de jour.

Si l’IPV belge indique une légère augmentation de cet index (+0,2 % par an) pour la période 1990-2018, et une stabilité ces 10 dernières années, cette tendance générale est à nuancer en fonction des groupes d’espèces considérées, mais aussi des régions du pays et des écosystèmes.

Tendances ‘indice Planète Vivante’ (IPV) par groupes taxonomiques© WWF rapport Planète Vivante Belgique

Tous les habitats ne sont pas logés à la même enseigne

Pour explorer de façon plus approfondie les dynamiques se cachant derrière l’IPV national, des index ont également été calculés par grands types d’habitats. Ceux-ci sont calculés à partir des tendances des espèces liées spécifiquement à l’habitat concerné.

Dans les zones agricoles, la chute de la biodiversité est claire. Dans les forêts, une baisse légère est également constatée. Par contre les zones humides voient une évolution positive. « Rien d’étonnant », soulignent les auteurs du rapport. « Il y a trente ans, nombre de rivières étaient encore des égouts à ciel ouvert. Avec les réglementations sur les eaux usées, la situation s’est donc très sensiblement améliorée ».

Les oiseaux trinquent

Globalement, dans l’IPV belge, ce sont les populations d’oiseaux qui enregistrent le plus fort déclin. Depuis 1990, elles diminuent en moyenne de 1,2 % par an, ce qui représente une baisse globale de 28,7 % durant la période 1990-2018.

L’IPV enregistre surtout une forte baisse pour les oiseaux spécialistes des zones agricoles (-60,9 % sur la période 1990-2018) et, dans une moindre mesure, pour les espèces spécialistes des forêts (-26,6 %).

En revanche, parmi les populations animales étudiées, les espèces liées aux zones naturelles ouvertes et aux zones humides enregistrent, en moyenne, une augmentation pour la période 1990-2018 (de +15 % et +47,6 % respectivement).

Le loup et le saumon sont de retour

Le rapport contient aussi quelques bonnes nouvelles. Les espèces animales vivant dans les zones naturelles ouvertes ont augmenté de 15 % entre 1990 et 2018. Celles vivant dans les zones humides ont augmenté de 47,6 % sur la même période. Avec une espèce emblématique pour la Meuse, qui a vu revenir le saumon atlantique dans ses eaux en 2002. Ou encore le loup, du côté du Limbourg, depuis 2017.

Une bonne nouvelle le retour du loup en Belgique? « Son retour est une très bonne nouvelle pour la nature », estiment les auteurs du rapport. « Il joue un rôle clé au sein d’un écosystème naturel, équilibrant les populations de proies et de prédateurs. Le loup contribue à la bonne santé des populations qu’il cible, à savoir les herbivores, en chassant ses proies parmi les animaux malades ou affaiblis. En cas de présence de loups, les herbivores évitent certaines zones dans la forêt. À ces endroits, l’herbe n’est plus broutée, ce qui permet à la végétation et à la forêt de se régénérer ».

Chacun peut favoriser la biodiversité

La biodiversité nous fournit nourriture, oxygène, logement, vêtements, médicaments, cosmétiques, loisirs,… Les services qu’elle nous rend sont tellement nombreux, que ceux-ci sont devenus une évidence. Que faire dès lors pour améliorer l’état de la biodiversité en Belgique?

Le mouvement #EnsemblePourLaBiodiversité propose une campagne « Sauvons la biodiversité, ensemble et maintenant » accessible à tous et proposant des gestes simples, individuels ou participatifs, validés scientifiquement.

Ce mouvement #EnsemblePourLaBiodiversité, composé de 75 acteurs belges, regroupe toutes les expertises sur la crise de biodiversité. Partenaires fédéraux et régionaux, initiatives privées, ses membres ont pour mission d’étudier, de conserver, de protéger et de promouvoir la biodiversité en Belgique et dans le monde que ce soit en préparant des avis pour les décideurs ou en déployant leurs efforts en matière de coopération au développement et de sensibilisation du public.

Espèces envahissantes

Ainsi, un accord de coopération a été conclu entre les autorités belges pour mieux coordonner la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, considérées comme la deuxième cause de perte de biodiversité.

« Au cours des dernières décennies, le nombre d’espèces exotiques a augmenté de façon spectaculaire en Belgique, notamment en raison du commerce d’animaux de compagnie, de plantes ornementales et de plantes aquatiques ainsi que de la mondialisation croissante de l’économie », pointe le rapport Planète Vivante Belgique.

« Certaines de ces espèces constituent une importante menace pour notre biodiversité lorsqu’elles entrent en concurrence avec les espèces indigènes, par exemple pour les ressources en nourriture, ou lorsqu’elles introduisent de nouvelles maladies. Elles deviennent dès lors des « espèces exotiques envahissantes ».

On notera qu’un nouveau portail belge sur les espèces exotiques envahissantes et leur gestion en Belgique est désormais disponible.

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