Le slam est une pratique contemporaine de poésie orale. Depuis 3 ans, des élèves de 5e et de rhétos viennent s’y adonner sur des campus de l’UCLouvain. Cette initiative est mise en place pour permettre à des élèves de tout milieu socio-économique d’avoir un premier contact avec l’université. Et ce, par le biais de la culture. Mais aussi pour travailler, avec ces potentiels futurs étudiants, des compétences essentielles pour évoluer dans l’enseignement supérieur : la maîtrise de la langue française et de l’expression orale, ainsi que l’expression d’un avis en public. De quoi renforcer la confiance en soi.
Acteur de son propre texte
« Le slam est l’une des déclinaisons « hors livre » de la littérature, qui est généralement caractérisé par un investissement du corps et de la voix des auteurs et autrices. Le rythme en est un élément central. Né aux États-Unis dans les années 1980, cette pratique de la poésie orale s’est développée en Europe à partir de scènes ouvertes », explique Dre Alice Colau, chercheuse à l’Institut Langage et Communication de l’UCLouvain. En septembre 2023, elle a soutenu une thèse dénommée « Analyse des rythmes dans le slam. Construction d’une pratique partagée de poésie contemporaine en Belgique francophone ».
« Mouvant par essence, le slam ne se laisse pas réduire à une forme ou un genre. Il est avant tout une performance scénique régie par le principe suivant : trois minutes pour interpréter un texte dont on est l’auteur ou l’autrice, sans accessoire ni musique. Il se caractérise par une totale liberté de forme et de fond. » Selon cette définition, Grand Corps Malade, poète français populaire qui interprète des textes de sa plume sur une musique, n’est donc pas un slameur.
De slameurs à coachs
Le dispositif proposé par l’UCLouvain se déroule en trois temps. La première étape consiste en la découverte théorique de la pratique du slam. 4 capsules vidéo réalisées par les chercheuses et chercheurs de la faculté de philosophie, arts et lettres permettent d’apprendre ce qu’est le slam, les différentes techniques d’écriture, de mise en voix, etc.
« Les classes participantes ont d’octobre à décembre pour exploiter ces capsules de manière autonome. Ensuite, des slameuses et slameurs de notre collectif partenaire – à Bruxelles, il s’agit de Slameke – se rendent dans les classes sélectionnées. Durant trois ateliers de 2 heures, l’accent est mis sur l’écriture et la déclamation », explique Alice Naglieri, chargée des relations avec l’enseignement secondaire (UCLouvain).
Un succès à tout point de vue
« Évidemment, les enseignants sont impliqués dans la dynamique. Et entre les ateliers, ils doivent réaliser un suivi avec les élèves pour s’assurer que tout soit prêt pour l’étape finale : la scène slam inter-école. » Celle-ci s’est déroulée le 5 avril à la Maison des Etudiants du campus UCLouvain FUCaM pour les écoles du Borinage. Et le 11 avril à Louvain-la-Neuve pour les écoles bruxelloises et du Brabant wallon.
Le succès était au rendez-vous, ils n’étaient pas moins de 372 à avoir intégré l’initiative. Trop nombreux, malheureusement, pour pouvoir tous monter sur scène lors de la finale. L’astuce a consisté à demander à chaque classe de sélectionner deux ambassadeurs qui l’ont représentée lors de la scène slam inter-école.
« Une majorité des élèves a slamé en solo devant un jury composé de slameurs, de personnes du monde culturel et de personnes de l’UCLouvain. Les jurés ont attribué, à chaque participant, une note sur dix. Et une moyenne a été réalisée pour chaque classe. Ensuite, les trois classes avec la meilleure note sont montées sur le podium et ont reçu un recueil de textes d’un slameur bruxellois. »
« L’évolution est fulgurante entre les premiers ateliers, durant lesquels les élèves sont un peu frileux à s’exprimer devant leurs camarades et n’ont pas beaucoup d’inspiration, et l’excellent niveau de la scène slam inter-école », conclut Alice Naglieri. De quoi s’avancer vers les études supérieures d’un pas plus assuré.