Le Jardin Zoologique de Bruxelles, lithographie de A. Canelle datant de 1856. (archives de la Ville de Bruxelles/Brussels Studies)

Le zoo de Bruxelles victime du Bois de la Cambre

16 octobre 2014
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

Vingt ans après l’indépendance de la Belgique, en 1851, plus de 560 animaux exotiques vivants sont présentés au public à Bruxelles, en pleine ville. Le zoo de la capitale venait d’ouvrir ses portes. « Au cours du dix-neuvième siècle, quatre jardins zoologiques ont été créés en Belgique », explique l’historien Wim Lambrechts dans la revue « Brussels Studies ».

 
« Le premier fut celui d’Anvers (1843), suivi de ceux de Gand et de Bruxelles en 1851 et de Liège en 1865. A Bruxelles, le projet était porté par quelques bourgeois. Son but: divertir les visiteurs et remplir certaines missions scientifiques. « Ces diverses initiatives ont connu un succès plutôt inégal »“, souligne l’historien. « Si le zoo d’Anvers (la Société royale de Zoologie d’Anvers, créée en 1844) est toujours bien présent aujourd’hui, le zoo de Bruxelles ne réussit pas à devenir une entreprise florissante ».
 

La dimension divertissante et cosmopolite du zoo de Bruxelles semble avoir été un de ses atouts majeurs. Et sans doute une des raisons de son déclin, une fois la mode passée. (voir encadré en bas d’article).
 

Un échec, trois facteurs
 

Selon l’historien, les raisons de l’échec relèvent de trois facteurs distincts:

  • – Il manquait au zoo de Bruxelles un dirigeant à la forte personnalité, comparable à Jacques Kets, le premier directeur du Zoo d’Anvers;
  • – En 1853, la mort frappa durement le zoo : 140 des 567 animaux périrent. L’hécatombe continua ensuite;
  • – A partir de 1861, la bourgeoisie bruxelloise trouva de nouvelles possibilités de loisirs grâce à l’aménagement de l’avenue Louise et du Bois de la Cambre.

 
Résultat
 

La direction se vit contrainte de fermer le zoo en 1876. « Une nouvelle société fut fondée, la Société Royale de Zoologie à Bruxelles, dont l’objectif était l’exploitation scientifique du zoo, mais qui fit aussi faillite en 1878. En 1879 et 1880, tous les animaux furent vendus », précise Wim Lambrechts, chercheur indépendant à la Hogeschool-Universiteit Brussel (HUB).
 

Bruxelles, Gand et Liège : même destin
 

D’autres projets de création d’un zoo à Bruxelles virent encore le jour au 20e siècle, notamment à Auderghem où il fut question d’aménager un jardin d’acclimatation. Aucun n’aboutit. On tenta aussi l’aventure d’un aquarium public.
 
Dès 1906, « l’aquarium et Musée de pisciculture » vit le jour avenue Louise, non loin… du Bois de la Cambre. Il n’eut pas de vie beaucoup plus longue que le zoo qui l’avait précédé dans la capitale. Le zoo de Bruxelles ne fut d’ailleurs pas le seul à fermer ses portes prématurément. Celui de Gand cessa ses activités en 1904 et celui de Liège un an plus tard.
 

Quant au site qui accueillit le zoo de Bruxelles, il reste aujourd’hui encore un haut lieu de culture scientifique. A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique, le domaine du zoo a été transformé en un parc public : le parc Léopold.
 

« Dans l’ancien cloître, on a créé un musée d’histoire naturelle, le futur Institut royal des Sciences naturelles de Belgique », précise le chercheur. Les iguanodons, découverts à Bernissart en 1878, y ont désormais remplacé éléphants et dromadaires.
 

Un lieu de rendez-vous mondain
 

« Les concerts connaissaient un grand succès également dans le zoo de Bruxelles », rapporte Wim Lambrechts dans son étude. « Cependant, au début, un problème surgit : les amateurs de musique se plaignaient du cliquetis des verres et des détonations de la bière de Diest ou de la limonade gazeuse. On construisit donc un kiosque musique « sur le plateau supérieur du jardin, loin du café. Mais, ajoute l’auteur, ceci ne suffit pas modifier la vieille habitude des Belges (boire de la bière). Le zoo de Bruxelles avait son propre journal dans lequel les concerts étaient annoncés et décrits : une foule nombreuse de dames aux toilettes splendides et un grand nombre d’officiers, dont les brillants uniformes rehaussent tout l’éclat de nos assemblées. Ce qui montre clairement que, pour la bourgeoisie, le zoo de Bruxelles était l’endroit idéal pour voir et être vu. »

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