La NASH, ou stéatohépatite non-alcoolique, touche 5% de la population en Belgique. Les mécanismes de cette maladie demeurent encore largement méconnus. Une recherche menée par des équipes des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l’UCLouvain a identifié des facteurs associés aux formes les plus sévères de la maladie.
La prévalence de l’obésité a atteint des proportions épidémiques dans le monde entier. « Des études épidémiologiques révèlent que l’obésité est associée à des complications telles que le diabète sucré, les maladies cardiovasculaires et rénales, les cancers et les troubles musculo-squelettiques », explique Nicolas Lanthier, chercheur au Laboratoire d’hépatologie et de gastroentérologie au de l’Institut de Recherche Expérimentale et Clinique de l’UCLouvain et des Cliniques universitaires Saint-Luc.
« L’obésité est également associée au développement d’une stéatose hépatique. Plusieurs études ont mis en évidence le rôle critique du tissu adipeux, et en particulier de sa localisation viscérale, dans les troubles métaboliques liés à l’obésité. »
Silencieuse mais dévastatrice
La stéatohépatite non-alcoolique, appelée NASH, est une maladie du foie principalement liée à un régime alimentaire trop riche en sucre et en graisse ainsi qu’au manque d’exercice physique.
Il s’agit plus précisément d’une surcharge de graisse au niveau du foie, s’accompagnant d’inflammation et de dégâts cellulaires.
Maladie dite « silencieuse », la NASH ne présente pas de symptôme particulier aux stades précoces. Elle peut toutefois entraîner des complications sévères au niveau du foie (cirrhose et cancer du foie) et participer à la survenue de complications en dehors du foie (infarctus du myocarde, AVC, etc.).
En Belgique, 30% de la population présentent une surcharge en graisse au niveau du foie (stéatose) et peuvent être considérés comme à risque de développer une NASH (forme plus sévère qui associe graisse, inflammation et dégâts au niveau du foie) qui touche 5% de la population.
Surpoids et stéatose
Il s’agit d’un véritable problème de santé publique dont on ignore encore les mécanismes. Une étude menée par des chercheurs des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l’UCLouvain a pu mettre en évidence des nouveaux facteurs associés à une sévérité plus importante de la stéatose hépatique.
52 patients atteints d’obésité – avec un BMI (indice de masse corporelle) supérieur à 30 – ont été recrutés aux Cliniques universitaires Saint-Luc dans le cadre de cette étude. Via une méthode non-invasive d’élastographie transitoire (le FibroScan), les chercheurs ont mesuré la quantité de graisse présente dans le foie ainsi qu’une éventuelle dureté anormale de cet organe (stade de la fibrose).
L’ensemble des patients présentait une stéatose (graisse au niveau du foie) : 70% sous une forme sévère et 25% sous une forme fibrotique.
Muscles et microbiote
Différents facteurs ont ensuite été évalués chez les sujets de l’étude, dont la quantité de graisse sous-cutanée et intra-abdominale, l’état des muscles, le microbiote intestinal.
Résultats ? « Outre une expansion de la graisse abdominale, les chercheurs ont observé une augmentation du volume des muscles et une infiltration de graisse au niveau des muscles, soit le facteur le plus corrélé à la fibrose hépatique », explique Dr Nicolas Lanthier.
« En parallèle, la caractérisation du microbiote intestinal a mis en évidence la diminution d’une bactérie, appelée Clostridium sensu stricto, directement liée à la fibrose hépatique et à l’infiltration en graisse du muscle. »
Perspectives diagnostiques et thérapeutiques
Les résultats de cette recherche représentent un progrès important dans la compréhension des mécanismes de la stéatose hépatique liée à une dysfonction métabolique. En outre, ils ouvrent des pistes pour la mise en place d’outils diagnostiques de la maladie ainsi que de nouvelles cibles thérapeutiques.
Afin de poursuivre dans cette voie, l’équipe de chercheurs a initié une nouvelle étude prospective.