Série : Musées universitaires (5/5)
La Wallonie et Bruxelles regorgent de trésors. Et 238 d’entre eux sont encore un petit peu plus précieux que les autres! « Ces pièces exceptionnelles ont, en effet, été classées «Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles » », indique Claude Vandewattyne du service de la protection du patrimoine culturel mobilier, à l’Administration générale de la Culture (FWB).
« Ceci afin de les protéger, mais aussi pour éviter que ce patrimoine d’exception quitte le territoire à titre définitif. Bien sûr, ils peuvent faire l’objet de prêts, par exemple pour des expositions temporaires, mais ils doivent revenir ensuite au pays, comme le stipule le décret de 2002 qui instaure ce statut. »
Des objets exceptionnels
Qu’entend-on ici par « trésor » ? Ce ne sont, bien sûr, pas des coffres remplis d’or, d’argent et de bijoux. Même si certaines pièces d’orfèvrerie sont bien présentes dans la liste de ces fameux trésors.
Il s’agit d’objets qui rencontrent au moins deux des six critères suivants:
– Un état de conservation remarquable
– La rareté
– Un lien avec l’Histoire ou l’Histoire de l’Art
– La grande qualité de conception et d’exécution
– La reconnaissance du bien par une communauté en tant qu’expression de son identité historique ou culturelle
– L’intérêt de l’ensemble ou de la collection dont le bien fait partie
Et c’est le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui décide ou non du classement de ces trésors. Des décisions qui font suite aux recommandations d’une commission de 17 experts, dont Claude Vandewattyne n’est autre que le secrétaire.
Une bible de Gutenberg à Mons
« Outre la protection des pièces, ce classement ouvre également la voie à d’éventuels subsides dans le cadre de leur restauration », précise-t-il. « Par ailleurs, ce statut de trésor constitue également une sorte de label, qui contribue à leur notoriété ». Question valeur, ces pièces sont tout bonnement inestimables, en ce sens qu’elles sont uniques. Leur donner une valeur vénale est dès lors très compliqué. Ce sont, en réalité, des trésors sans prix. »
« De ces 238 trésors, quasi la moitié est de type patrimoine religieux », reprend Claude Vandewattyne. « Et treize relèvent actuellement des musées et des collections universitaires. Il peut s’agir d’un objet seul. C’est le cas, par exemple, de la bible de Gutenberg, qui date du 15e siècle et qui est conservée à la bibliothèque de l’université de Mons. Ou encore du manuscrit de saint Ghislain, qui date du 11e siècle, également à l’UMons. Mais un trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles peut également comprendre un ensemble de pièces. Je pense au Fonds d’archives de Georges Lemaître, le « Père du Big Bang », qui est conservé par l’UCLouvain. »
Certains trésors universitaires sont accessibles quotidiennement dans les musées universitaires. La sculpture sur bois du Christ des Rameaux, une œuvre en bois de chêne quasi grandeur nature et qui remonte au 16e siècle, en est un bel exemple. Il trône au Musée L, à Louvain-la-Neuve, dans la section des arts anciens du musée.

Des « Blaschka » plus vrais que nature à Liège
En cité ardente, on pointera l’exceptionnelle collection de « Blaschka » présentée sous vitrine à l’Aquarium-Muséum. « Il s’agit de 49 modèles en verre d’animaux invertébrés marins dont 39 sont exposés », souligne Michaël Scholl, le directeur des lieux.
Ces sculptures en verre coloré, soufflé et filé sont époustouflantes de détails, de réalisme, mais aussi de fragilité. Elles ont été réalisées par les maîtres-verriers Léopold et Rudolf Blaschka. Il s’agissait d’une commande passée en 1856 par le patron de l’Institut de Zoologie de Liège de l’époque, le Pr Édouard Van Beneden.

« Ces objets à vocation pédagogique permettaient de représenter en trois dimensions et de manière quasi naturelle et réalistes des invertébrés marins. Rien à voir avec les véritables animaux conservés dans de l’alcool ou du formol qui s’affaissent et se décolorent avec le temps », pointe le Dr Scholl. Un trésor d’autant plus exceptionnel que le père et le fils Blaschka n’ont pas transmis le secret de fabrication de leurs œuvres.

Victor Hugo à Bruxelles
À L’ULB, c’est notamment une collection de 74 photographies réalisées par Louis Ghémar qui est protégée par le label Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces images, au format « carte de visite », ont été prises le 16 septembre 1862, lors d’un banquet organisé à Bruxelles en l’honneur de Victor Hugo et la sortie de son livre « Les Misérables ». Et ce, à la demande des éditeurs belges Albert Lacroix et Hippolyte Verboeckhoven.
On notera aussi que les collections universitaires constituent en elles-mêmes une sorte de trésor. Celui sur lequel s’établit la Science », estime le Pr Winand (ULiège). « En ce sens, les collections des universités sont d’une certaine manière le socle de théories et de savoirs scientifiques.»
Ecoutez le Pr Winand détailler en quoi ces collections sont les garantes des progrès scientifiques :
Les modestes Trezoors de… Daily Science
Plus modestement, et loin des critères de classement des « Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles », Daily Science propose également à ses lecteurs de découvrir, dans le cadre de cette série d’articles, l’un ou l’autre « Trezoors » de nos musées universitaires.
Ceux-ci sont à découvrir régulièrement dans sa nouvelle application baptisée « Trezoors » et disponible sur les stores IOS et Google.
De quoi plonger chaque semaine dans de nouvelles découvertes issues de ces musées ou de leurs réserves. Avant d’aller y jeter un œil « en personne » ?
NB: Cette enquête sur les musées universitaires a bénéficié du soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles.