Relevés topographiques dans la Lesse, à Han. © V.Fassotte
Relevés topographiques dans la Lesse, à Han. © V.Fassotte

Les trésors de l’archéologie subaquatique

18 juillet 2014
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Série (5/5) / Archéo 2014

 

Nul besoin de plonger dans les mers chaudes pour découvrir l’un ou l’autre trésor antique. La grotte de Han, d’où surgit la Lesse, a été, et reste, un haut-lieu de l’archéologie subaquatique en Belgique. Depuis plus de 50 ans, elle livre de nombreuses pièces aux scientifiques qui n’hésitent pas à se jeter à l’eau.

 

« A Han, les premières fouilles archéologiques ont été menées entre 1902 et 1904 », explique Michel Timperman, le conservateur des collections archéologiques. « A partir de 1963, les recherches se sont déroulées pour l’essentiel en plongée, dans le lit de la rivière, à la sortie de la grotte », dans une zone de 25 mètres de long sur 6 à 7 mètres de large.

 

9000 ans d’occupation du site

 

A l’époque, les archéologues n’étaient pas encore plongeurs ni même nécessairement spéléologues. Ils restaient à terre et comptaient sur les récoltes des plongeurs. Ces derniers ne disposaient pas nécessairement de toutes les compétences scientifiques requises pour effectuer ce travail le plus scientifiquement possible.

 

En 1988, le problème a été résolu. Le Centre de recherches archéologiques fluviales (CRAF) a pris le relais. Ses membres appliquent désormais sous l’eau les techniques de fouilles utilisées en surface, notamment en ce qui concerne l’enregistrement in situ des vestiges avant tout prélèvement. Quant aux archéologues qui étudient ces pièces, ils proviennent de toutes les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une bonne partie des collections sont d’ailleurs encore à l’examen, à l’ULB notamment.

 

Pointe de flèche en silex, Néolithique final. © M. Timperman
Pointe de flèche en silex, Néolithique final. © M. Timperman

Les résultats de ce demi-siècle d’archéologie subaquatique à Han (qui s’échelonne de 50 centimètres de profondeur à plus de quatre mètres) sont époustouflants. Des milliers d’objets ont été sortis du lit de la Lesse. Des pointes de silex finement taillées, des céramiques, des bijoux en or, des armes diverses attestent de l’occupation des lieux depuis plus de 9.000 ans !

 

Diplôme militaire romain

 

« Les plus anciennes traces d’occupation de la grotte remontent au mésolithique », confirme Michel Timperman. Mais les pièces retrouvées dénotent aussi des occupations de la grotte au Néolithique final (2400 à 2800 ans avant notre ère). On retrouve également beaucoup de pièces datant de l’époque gallo-romaine, comme ce volet d’un diplôme militaire romain décerné par l’empereur Trajan le 19 janvier de l’an 108 et dont la face intérieure reprend la fin du texte de l’édit : « Avons donné congé honorable Claudius Livianus préfet du prétoire a contresigné le 14 des calendes de février sous le consulat de Gallus et Bradua » .

 

Han-sur Lesse, diplôme militaire romain © CDB
Han-sur Lesse, diplôme militaire romain © CDB

 

C’est toutefois l’Age du Bronze final, entre 1100 et 800 ans av. J.-C., qui est la période la mieux représentée », souligne encore le conservateur.
La quantité et la qualité des objets datant de cette époque font de la grotte un site exceptionnel en Europe occidentale. Il y a des pointes de flèches, des épées, des lances, des centaines d’épingles, des dizaines de couteaux. On a également retrouvé des lames de faucilles, des rasoirs ou encore des haches dont une a été conservée avec son manche en bois… Un état de conservation exceptionnel dû au fait que les pièces ont longuement séjourné dans l’eau et la vase, à l’abri de l’oxygène et des pillards.

 

Certaines pièces de cette période, plus exceptionnelles encore, sont également visibles au musée de site dédié à ces découvertes. C’est par exemple le cas d’un bijou en or ou encore d’une rouelle votive ornée âgée de quelque 3000 ans.

 

Ecoutez Michel Timperman parler de ces deux trésors de l’Age du Bronze retrouvés dans la Lesse

Le collier aux disques d’or

 

Parure en or retrouvée dans la Lesse, Age du Bronze final. © G. Evrard
Parure en or retrouvée dans la Lesse, Age du Bronze final. © G. Evrard

 

Les fouilles subaquatiques à Han sont loin d’être terminées. Chaque année, les plongeurs reviennent dans les eaux de la Lesse. La prochaine campagne est programmée pour la seconde quinzaine du mois d’août.

 

Depuis 2012, ces campagnes se concentrent sur une tranchée transversale dans la rivière, juste en dehors de la grotte. « L’objectif des fouilles a sensiblement évolué ces dernières années, reprend Michel Timperman. Actuellement, nous ne cherchons pas à accumuler un maximum de pièces, mais bien a mieux comprendre le site, son histoire et ses occupations successives. Plusieurs théories sont avancées actuellement. On estime qu’il pouvait s’agir d’un lieu de culte. Mais cela se discute…

 

Reconstitution archéologique les 9 et 10 août

 

Le week-end des 9 et 10 août, un week-end de la préhistoire fer revivre l site ds grottes au rythme de diverses reconstitutions accessibles au public. Deux groupes spécialisés dans ce genre d’événements seront sur place pour faire revivre pendant quelques heures le quotidien des Hommes de l’Age du Bronze et de la période gauloise.

A noter également, une exposition temporaire retraçant 25 ans de fouilles archéologiques dans la région de Rochefort/Han-sur-Lesse est également visible à l’office de Tourisme de Han jusqu’à l’automne.

Haut depage