Des ossements découverts à Waterloo deux siècles après la bataille

19 juillet 2022
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

Waterloo Uncovered, organisme caritatif de soutien aux ex-militaires, vient de retourner sur le champ de bataille de Waterloo. Son équipe d’archéologues, d’étudiants et de vétérans a mis au jour des ossements d’une extraordinaire rareté. De quoi mieux comprendre les horreurs endurées par les soldats de 1815.

Des découvertes rares

Lors de la précédente campagne de fouilles, en 2019, les restes de trois membres amputés avaient été découverts à la Ferme de Mont Saint-Jean, principal hôpital de campagne de Wellington pendant la bataille (à présent le siège de la Brasserie de Waterloo et sa Micro-Brasserie).

L’un de ces membres contenait encore une balle de mousquet française. Des ossements semblant appartenir à un cheval furent ensuite découverts à quelques mètres à peine. Mais en 2019, le temps a manqué pour permettre une investigation plus poussée.

Celle-ci fut entreprise 3 ans plus tard. En juillet 2022, les restes d’au moins trois chevaux ont été découverts à Mont-Saint-Jean, l’un d’entre eux apparemment presque entier. De nouveaux os humains ont également été découverts, y compris le crâne et le bras d’un individu.

« Ces découvertes sont extrêmement rares pour un champ de bataille napoléonien, et l’équipe est à présent pleinement engagée dans des recherches plus approfondies afin d’en apprendre davantage sur ces restes », explique l’équipe de Waterloo Uncovered.

« Je suis archéologue des champs de bataille depuis 20 ans et je n’ai jamais rien vu de pareil. On peut difficilement s’approcher plus près de la cruelle réalité de Waterloo », mentionne Pr Tony Pollard, l’un des directeurs archéologiques du projet et directeur du Centre d’Archéologie de Champ de Bataille de l’université de Glasgow.

« Trouver un squelette dans la même tranchée que des boîtes de munitions et des membres amputés montre l’état d’urgence dans lequel l’hôpital de campagne devait se trouver lors de la bataille : des soldats morts, chevaux, membres amputés et plus encore ont dû être déposés dans des fossés à proximité et enterrés rapidement dans un effort désespéré pour limiter la prolifération de maladies au sein de l’hôpital », explique Véronique Moulaert, de l’agence wallonne du patrimoine (AwaP), partenaire du projet.

Un deuxième site fouillé

Des fouilles se sont également déroulées sur le site du village de Plancenoit, là où eurent lieu certains des combats parmi les plus sanglants de la bataille de Waterloo.

A l’extérieur du bourg, derrière la première ligne de Napoléon, les prospections au détecteur de métaux ont livrés des preuves (y compris des balles de mousquet) de violents combats qui eurent lieu vers la fin de journée entre les troupes françaises et prussiennes.

« Quant à l’ouverture de tranchées, elle a pour but de vérifier la nature des anomalies enregistrées lors des prospections géophysiques à large échelle – menées pour la première fois sur un champ de bataille du XIXe siècle-. Il n’est pas encore possible de dire si ces découvertes seront aussi importantes que celles de Mont-Saint-Jean. Quelles qu’elles soient, l’équipe se réjouit de l’opportunité de mettre en lumière des éléments peu ou mal connus de la bataille », explique l’équipe de Waterloo Uncovered.

Des vétérans se muent en archéologues

Ce projet archéologique propose l’inclusion dans l’équipe de fouilles de militaires et ex-militaires, dont beaucoup souffrent de blessures physiques et de traumatismes psychologiques suite aux services rendus dans les forces armées.

En partenariat avec certaines des meilleures universités d’Europe, l’association utilise l’archéologie comme outil pour aider les militaires à se remettre de ces troubles et traumas de la guerre. En échange, les vétérans amènent leur expérience des contextes de conflits dans l’interprétation des découvertes effectuées lors des fouilles.

Cette année 20 vétérans ont rejoint le projet : 11 venant du Royaume-Uni, 5 des Pays-Bas, 3 d’Allemagne, et un de Belgique.

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