« Les artistes qui ont décoré voici 20.000 ans la grotte de Lascaux étaient des êtres soignés et intelligents : comme vous et moi ». Le Dr Olivier Retout est formel. Aux yeux du directeur de l’exposition itinérante internationale Lascaux, qui vient de s’ouvrir aux Musées Royaux d’Arts et d’Histoire à Bruxelles, seuls des êtres raffinés et prodigieusement intelligents ont pu décorer de manière aussi éblouissante la fameuse grotte découverte en Dordogne en 1940.
Les quatre représentations de Cro-Magnon dues à la plasticienne Elisabeth Daynès mettent en scène ce raffinement préhistorique. L’artiste a basé son travail sur des squelettes fossiles et sur les derniers résultats des recherches dans ce domaine. Ce raffinement paléolithique est une théorie que soutient également le Pr Yves Coppens. Le paléoanthropologue français qui a présidé le comité scientifique de l’expo itinérante a « validé » ces représentations de Cro-Magnon.
Quel était le degré de raffinement de Cro-Magnon ? Ecoutez les explications du Dr Retout.
Les Cro-Magnon de Lascaux étaient des “Homo sapiens sapiens”, des hommes modernes, tout comme nous. Ils étaient présents dans une bonne partie de l’Europe, y compris dans nos contrées.
A Lascaux, la grotte recèle de plusieurs centaines de représentations d’animaux (aurochs, cerfs, chevaux, bisons, etc.) mais d’une seule représentation humaine. Elle ne dit pas grand-chose sur les artistes qui ont décoré la cavité.
En Belgique, où les grottes sont également nombreuses dans le massif calcaire, l’art pariétal brille par contre par son absence. A l’exception notable de la dalle gravée de Chaleux, découverte dans la grotte du même nom sur la Lesse, c’est le désert.
Pourquoi l’art pariétal est-il quasi absent en Belgique ? Ecoutez le Dr Serge Lemaître, archéologue aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire.
Au Paléolithique, Cro-Magnon n’était pas qu’un artiste plasticien qui prenait sans doute soin de son apparence, qui cousait ses vêtements et fabriquait des bijoux. A cette époque, il appréciait aussi la musique, comme en attestent certaines pièces présentées dans le cadre de l’expo itinérante et son intéressant complément « belge ».
Les Musées royaux d’Arts et d’Histoire ainsi que l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique ont complété la muséographie française par des pièces issues de leurs propres collections. Outre quelques squelettes d’animaux de l’époque, plusieurs vitrines proposent des pièces retrouvées notamment à Goyet et à Maisières-Canal. C’est le cas d’un sifflet, d’une flûte en os d’oiseau ou encore en os de renne perforé (une phalange). « Cette pièce a pu servir d’appeau », explique le Dr Lemaître, coordinateur scientifique de l’exposition Lascaux à Bruxelles.
Cro-Magnon était-il musicien ? L’avis du Dr Serge Lemaître.
L’exposition Lascaux, au Cinquantenaire se tient jusqu’au 15 mars 2015. On y découvrira notamment une partie reconstituée de la fameuse grotte. Soit les tronçons appelés la Nef et le Puits où on observera notamment la frise des cerfs, la vache noire, l’unique représentation d’un homme…
Un film en 3D est également proposé dans l’expo. En voici un extrait.
Lascaux 1, 2, 3, 4…
L’accès à la grotte de Lascaux à Montignac (Dordogne, France), a été fermé au public en 1963. Son succès avait mené à une pollution due à l’humidité et les gaz carboniques émis par les trop nombreux visiteurs du site. Ceux-ci avaient entraîné le développement de microorganismes et de champignons qui petit à petit, ont altéré les peintures préhistoriques.
Lascaux 2, un fac-similé partiel de la grotte a alors été inauguré non loin de la grotte naturelle.
Depuis deux ans, Lascaux 3, l’exposition itinérante dont question ci-dessus, sillonne la planète.
A Montignac, on prépare désormais Lascaux 4, soit une nouvelle maquette à l’échelle de la fameuse grotte. Il s’agit cette fois de la reproduction de la grotte complète. Son inauguration est prévue en 2016.