L’avènement de l’ère des étudiants-chercheurs

20 juin 2023
par Laetitia Theunis
Temps de lecture : 4 minutes

Augmenter la participation des étudiants dans les projets de recherche, c’est l’objectif de BLIST (pour Boosting incLusion of Students In research acTivities). Ce projet ERASMUS+ devrait permettre, à terme, d’offrir aux enseignants et étudiants des outils pour renforcer la présence de ces derniers dans la recherche et l’innovation au niveau européen.

C’est synHERA, la cellule d’accompagnement et de valorisation de la recherche au sein des hautes écoles et des centres de recherches associés de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), qui sera à la barre de cet ambitieux projet européen.

Pour le concrétiser, la première étape va consister à créer le questionnaire qui servira à réaliser un « benchmarking » (une technique de gestion de la qualité qui consiste à étudier et analyser les modes d’organisation des autres organismes afin de s’en inspirer et d’en tirer le meilleur) au niveau européen, voire au-delà des frontières européennes.

« Avec notre partenaire français Builders – École d’Ingénieurs à Caen et notre partenaire portugais Sociedade Portuguesa de Inovação, une société privée de consultance active dans la recherche et l’innovation au Portugal, nous devons développer ensemble une méthodologie à appliquer. C’est totalement innovant, aucune trace dans la littérature d’une telle démarche », explique Cristina Brandini, responsable de la cellule Europe au sein de synHERA qui accompagne les chercheurs de haute école souhaitant se lancer dans des projets financés au niveau européen.

Des étudiants pas assez préparés

D’ici un an, ce benchmarking devrait avoir identifié les bonnes pratiques d’inclusion des étudiants dans des projets de recherche mises en place dans d’autres établissements d’enseignement supérieur européens.

« A partir de ces résultats, on obtiendra un ou plusieurs modèles et conseils pour que les établissements d’enseignement supérieur puissent inclure plus aisément les étudiants dans leurs projets et activités de recherche. Il s’agira de créer des solutions transférables et réutilisables par d’autres établissements d’enseignement supérieur en Europe. »

« Nous développerons ainsi une série d’outils. Notamment un guide rassemblant les bonnes pratiques que nous aurons identifiées et des formations à destination de tous les étudiants européens. »

De quoi leur apprendre la façon adéquate de réaliser une recherche bibliographique, comment rédiger un projet de recherche, comment le mener à bien endéans un temps imparti ou encore comment mener un entretien de recherche dans le cas des sciences humaines. Beaucoup d’étudiants arrivent en dernière année sans savoir comment rédiger un mémoire. Le besoin est criant. On ne compte plus les enseignants qui se plaignent de devoir lire et corriger des travaux de fin d’études mal rédigés, peu qualitatifs, aux références bibliographiques douteuses, gorgés de fautes d’orthographe et de syntaxe.

Davantage d’étudiants-chercheurs

Le but de BLIST est d’augmenter la masse de chercheurs en FWB. « Il s’agit de cultiver nos chercheurs de demain. La recherche peut être une expérience particulièrement difficile et stressante pour les étudiants. Beaucoup la vivent même négativement. Si on parvient à créer un cadre, doté d’une formation adéquate, on espère leur donner le goût ou du moins l’intérêt pour la recherche scientifique. »

Le consortium mené par synHERA identifiera les profils d’étudiants les plus aptes à être inclus dans des projets de recherche. « Peut-être cela ne concernera-t-il que les étudiants en dernière année ? Voire spécifiquement dans le cadre de leur travail de fin d’études ?  On peut imaginer que l’expérience de recherche scientifique s’inscrive dans le cadre de la mobilité Erasmus+. Cela constituerait une opportunité unique, et une motivation supplémentaire pour participer au programme Erasmus+. Dans ce cadre, les étudiants en dernière année, notamment de haute école, pourraient profiter de la mobilité Erasmus+ pour apprendre à faire de la recherche et réaliser leur TFE en même temps. » Tout cela reste à définir en fonction des résultats du benchmarking.

Boîte à outils en ligne

En parallèle des aspects consacrés aux étudiants, «  les trois partenaires du projet développeront aussi des séminaires de sensibilisation à destination des enseignants et du personnel administratif des établissements d’enseignement supérieur concernant l’importance de permettre aux étudiants de faire de la recherche durant leurs études. »

« Finalement, une plateforme web sera créée afin d’accueillir cette boite à outils. Tous nos résultats, qu’ils soient conçus pour les étudiants ou les enseignants, y seront disponibles et téléchargeables gratuitement. »

Le projet BLIST vient tout juste de démarrer. Doté d’un budget européen de 250.000 euros, il livrera ses résultats d’ici fin janvier 2025.

« C’est la première fois que synHERA coordonne un projet européen. Ce rôle implique que nous serons, notamment, en charge du bon déroulement du projet, de l’organisation de séminaires, d’événements de réseautage. Cela permettra de donner une réelle visibilité européenne à synHERA et de nouer de nouvelles collaborations avec d’autres acteurs de la recherche et de l’innovation », conclut Cristina Brandini.

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