Les organes greffés n’aiment pas la pollution

29 janvier 2015
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes
Dr Stijn VERLEDEN, KUL
Dr Stijn VERLEDEN, KUL

Les personnes qui ont bénéficié d’une greffe d’organe devraient-elles chaque jour consulter les prévisions météorologiques avant de sortir de chez elle? A en croire les travaux du Dr Stijn Verleden, lauréat cette année du prestigieux Prix Jacqueline Bernheim, ce réflexe quotidien pourrait bien-être vital!

 

Bien entendu, ce ne sont pas les prévisions de pluie ou de beau temps qui sont intéressantes pour ces patients, mais bien celles liées à la qualité de l’air. Les travaux du jeune chercheur (il a moins de 40 ans, un des critères du Prix), attaché au Département de médecine clinique et expérimentale de la KUL, concernent les mécanismes de rejet chronique après une transplantation pulmonaire.

 

Dans son étude « Risk factors and phenotypes of chronic rejection after lung transplantation », il confirme que certains mécanismes à l’origine du rejet chronique déjà suspectés sont bien à l’œuvre dans les cas de rejet mais surtout il en ajoute un autre: la pollution atmosphérique.

 

« Le rejet chronique survient chez la moitié des patients endéans les 5 ans après la transplantation », rappelle le jury du Prix organisé par le Fonds pour la chirurgie cardiaque. « Ce qui constitue la prévalence la plus importante parmi toutes les transplantations tissulaires. Le Dr Verleden nous aide à mieux comprendre les facteurs de risques liés à ces rejets chroniques (infections des voies respiratoires, colonisation par des micro-organismes, rejet aigu…). En y ajoutant la pollution atmosphérique, il éclaire désormais d’un jour nouveau cette problématique ».

 

Désormais le Dr Verleden poursuit ses recherches  visant à mieux comprendre la genèse du rejet chronique. Avec l’espoir de pouvoir proposer aux patients de meilleurs traitements.

 

Le Prix Berheim est remis aujourd’hui au lauréat dans le cadre du Congrès scientifique de la Société Belge de Cardiologie. C’est la seizième fois que le Fonds pour la Chirurgie cardiaque remet ce prix à un chercheur belge, relevant d’une institution universitaire en Belgique, précise le Pr Jean-Louis Leclerc (ULB), président du Fonds. Parallèlement, le Fonds alloue aussi des bourses de recherches chaque année à une douzaine d’équipes dans le pays (ULB, UCL, ULg, KUL…)

 

« Notre but est de soutenir la recherche en chirurgie thoracique (cœur et poumons) et d’ainsi faire progresser les connaissances et les traitements liés à ces pathologies », dit-il encore.

 

Les greffés du cœur, ou, dans le cas présent, des poumons, ne sont pas les seuls à souffrir des effets délétères de la pollution atmosphérique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelait l’an dernier que près de 7 millions de personnes décèdent prématurément  chaque année du fait de l’exposition à la pollution de l’air.

 

Ces chiffres représentent plus du double des estimations précédentes et confirment que la pollution de l’air est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. L’OMS précisait aussi que la grande majorité des décès liés à cette pollution atmosphérique étaient dus aux maladies cardiovasculaires, à savoir:

 

  •     40% –cardiopathies ischémiques;
  •     40% –accident vasculaire cérébral;
  •     11% –bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO);
  •     6% – cancer du poumon;
  •     3% –infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez l’enfant.
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