Des prospections en Wallonie sur les sites de vente de matériaux de construction ont permis de trouver sept nouvelles espèces d’escargots pour la Belgique. Une autre, déjà recensée dans d’autres parties du pays, est nouvelle en Wallonie. « Proportionnellement, c’est énorme. On ne compte qu’une centaine d’espèces d’escargots terrestres en Wallonie, et environ 110 espèces pour la Belgique », indique Louis Bronne, spécialiste en malacologie chez Natagora. Le dérèglement climatique favorise sans doute l’installation d’espèces venues d’ailleurs.
De nombreuses espèces d’escargots vivent sur les rochers, où ils se nourrissent essentiellement d’algues et de lichens. Ils sont donc transportés tout naturellement avec les pierres. « Dans nos régions, le commerce des pierres n’est pas une nouveauté ; ce qui a changé, ce sont les conditions climatiques plus favorables pour ces espèces qui apprécient un climat chaud et sec », explique Dr Johann Delcourt de la Société Royale Belge de Malacologie et chercheur à l’ULiège au sein de l’unité FOCUS (Freshwater and OCeanic science Unit of reSearch).
Escargots globe-trotters
Quatre de ces nouvelles espèces viennent d’Europe. Une population d’hélicette veloutée Xerotricha conspurcata et une autre d’hélicon des gorges Chilostoma cingulatum ont été découvertes dans un seul site chacune. La clausilie dentée Laciniaria plicata a été trouvée dans cinq dépôts entre lesquels des liaisons existent. Enfin, deux des cinq populations de la perlée massue Charpentieria itala ont été observées chez des particuliers où des pavés ont été installés récemment.
Les trois autres espèces (Cathaica fasciola, Bradybaena jourdyi et une espèce indéterminée du genre Acusta) proviennent de Chine ou du Vietnam. Seuls des animaux morts ont été découverts dans le dépôt d’un importateur de pierres.
Il est difficile d’imaginer des animaux aussi lents, capables de grands déplacements. « Intrinsèquement, l’homme non plus n’est pas très mobile. Pourtant, il peut voyager jusqu’à l’autre bout de la planète en moins d’une journée. Les escargots, c’est pareil », poursuit Louis Bronne. De tout temps, les escargots ont utilisé des éléments mobiles pour se déplacer : l’eau, le vent, voire d’autres animaux, comme les oiseaux.
Aujourd’hui, les escargots sont surtout introduits par le biais du commerce international : via les cargaisons de plantes ou les produits liés à l’agriculture, sur des véhicules… « Les escargots sont des passagers clandestins idéaux : ils adhèrent aux supports et sont capables de passer des mois cachés dans leur coquille », précise Johann Delcourt.
Des animaux à suivre
L’arrivée de nouvelles espèces soulève toujours de nombreuses questions.
« Les effectifs de l’hélicette veloutée, de l’hélicon des gorges, de la clausilie dentée et de la perlée massue ne devraient pas exploser. En outre, ces espèces ne posent aucun problème connu », rassure Louis Bronne.
À l’inverse, Cathaica fasciola et Theba pisana (l’espèce trouvée pour la première fois en Wallonie) sont potentiellement préoccupantes, car elles causent des dommages considérables à l’agriculture ailleurs dans le monde. « Ces espèces sont transportées avec différents types de marchandises. Or, seule une poignée de volontaires s’activent pour empêcher leur installation. C’est nettement insuffisant », continue le malacologue.
L’une des espèces du genre Acusta est ravageuse. « On ne sait pas si on a affaire à cette espèce-là, car l’identification des individus découverts n’a pas pu être effectuée jusqu’au bout. Des moyens financiers sont indispensables pour effectuer les analyses ADN et écarter cette éventualité », indique Johann Delcourt. Natagora lance donc un appel aux dons pour que le coût des techniques modernes ne soit plus un frein à l’étude des gastéropodes terrestres de Wallonie.