Le comportement du jeune enfant révèle sa santé mentale

21 octobre 2016
par Raphaël Duboisdenghien
Temps de lecture : 4 minutes
 «L’évaluation du comportement chez le jeune enfant» par le Pr Isabelle Roskam. Editions Mardaga. VP 28€ - VN 22,99€
«L’évaluation du comportement chez le jeune enfant» par le Pr Isabelle Roskam. Editions Mardaga. VP 28€ – VN 22,99€

Après «Les enfants difficiles» et «Mon enfant est insupportable», la professeure de psychologie Isabelle Roskam se centre sur «L’évaluation du comportement chez le jeune enfant» aux éditions Mardaga. La chercheuse à l’IPSY, l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’Université Catholique de Louvain (UCL), défend l’idée que le comportement constitue un révélateur extrêmement puissant du bien-être et de la santé mentale chez l’enfant de moins de 6 ans.

Pourquoi?

«Parce que l’enfant en bas âge est cash! Il a beaucoup de mal à tricher avec son comportement. S’il ressent de la colère, il exprime de la colère. S’il ne se sent pas bien à l’intérieur, cela se voit de manière inévitable au-dehors. On voit l’enfant se mettre en retrait. Se désintéresser. Avoir des variations d’humeur inhabituelles. S’agiter. Se montrer agressif, exigeant ou opposant. À l’inverse, lorsqu’un jeune enfant se sent serein et confiant, on le voit s’ajuster à son environnement avec aisance. Aller au-devant de stimulations variées. Et interagir avec les partenaires sociaux disponibles dans son milieu de développement

Les psychologues ne sont pas seuls

Par leur formation, les psychologues sont les mieux placés pour évaluer le comportement d’un jeune enfant. Une démarche qui peut avoir de lourdes conséquences pour l’enfant, pour sa famille.

«Ces professionnels ne sont rien sans les mères, les pères, les enseignants, les intervenants du milieu de garde et tous ceux qui côtoient l’enfant dans ses diverses niches de développement. Les différents informateurs apportent tous des données spécifiques et incontournables. Aucun d’eux n’a le monopole de la connaissance. Chacun doit être respecté pour son expertise. Il ne faut pas tomber dans le piège de croire qu’un instrument, si séduisant soit-il, nous révèle la vérité sur l’enfant. On ne peut pas s’abriter derrière des résultats chiffrés pour justifier de manière linéaire une décision prise

Le livre favorise le rapprochement entre la recherche et la clinique. Il propose aux psychologues, praticiens ou chercheurs, une palette d’instruments d’évaluation et d’outils encore méconnus qui ont été validés scientifiquement. Comme des questionnaires, peu coûteux en temps, à compléter par les parents ou des personnes en contact avec l’enfant. Le DIPA, «Diagnostic Infant and Preschool Assessment» de 2004 est le seul entretien diagnostique conçu pour les enfants d’âge préscolaire. Ses questions sont lues telles qu’elles ont été rédigées. L’évaluation est complétée par d’autres sources d’information que les parents, recueillies avec des méthodes d’évaluation différentes.

«Il n’existe aucune mesure d’évaluation qui puisse se targuer d’être parfaite ou meilleure que tout autre», souligne Isabelle Roskam. «Le professionnel doit composer avec les instruments existants. Il doit les combiner afin de tirer le meilleur de chacun. Et d’en contourner les inévitables limites

L’accompagnement des parents s’appuie sur la recherche

Le comportement d’un enfant qui perd en jouant avec un camarade de maternelle est un indicateur symptomatique. Dans le jeu de Snap, les scénarios sont truqués pour rendre probables les réactions que le psychologue souhaite analyser. Afin d’obtenir des données plus objectives, des chercheurs ont développé un jeu de cartes virtuel programmé pour ne faire gagner qu’une seule fois l’enfant cible. Ces deux outils et le manuel de codage sont obtenus sur le site de l’H2M, «Hard-t(w)o-Manage Children». Un programme lancé à l’initiative de la professeure de psychologie pour évaluer les troubles de comportement dit externalisé chez les jeunes enfants. En suivre le développement. Étudier les facteurs de risque.

À l’IPSY, lors des «Consultations psychologiques spécialisées en parentalité» l’équipe de la professeure Roskam s’appuie sur la recherche pour accompagner les parents d’enfants de 2 à 6 ans présentant des comportements difficiles. En collaboration avec les «Consultations psychologiques et logopédiques universitaires» de l’Université de Liège (ULg). Des formations sont organisées pour les psychologues, logopèdes, enseignants, puéricultrices.

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