Parler de sciences de multiples manières, à l’échelle de toute une cité, pour susciter de la curiosité, de l’intérêt et peut-être même des vocations. C’est le pari que Charleroi entend bien relever à la fin de ce mois de mars. Et son programme est à la fois alléchant et ambitieux. Il tourne autour d’un enfant du pays devenu un scientifique mondialement connu : Georges Lemaître.
Ce 28 mars, la ville de naissance du chanoine Georges Lemaître organise sa première « journée mondiale du Big Bang ». Pourquoi le choix de cette date? « Tout simplement parce que c’est un 28 mars (1949) qu’un des opposants les plus farouches à la théorie de Georges Lemaître sur l’origine de l’Univers la tourna en dérision en la qualifiant de Big Bang », explique Didier Colart, directeur de Charlerooms, un des initiateurs de cette première journée mondiale.
La boutade de Fred Hoyle
À l’époque, l’astronome britannique Fred Hoyle avait utilisé cette métaphore pour dire tout le mal qu’il pensait de la théorie de « l’atome primitif » proposée par Georges Lemaître afin d’expliquer l’origine de l’Univers. Et le fait que celui-ci était un univers dynamique (en expansion) et non figé, statique, comme le soutenait Fred Hoyle. Depuis, l’appellation sarcastique de Hoyle a fait long feu. Et la notion de Big Bang a fait ses preuves.
Avant de découvrir les activités de la journée du 28 mars au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, un premier rendez-vous, plus ludique, est proposé le samedi 25 mars aux amateurs d’« escape game ».
Pour découvrir les liens étroits entre Charleroi, Georges Lemaître et sa théorie, mais aussi les perspectives qu’offrira la ville en matière d’études supérieures dès la prochaine rentrée académique, Charlerooms attend les curieux dans la Ville-Haute (Tour de l’UT) dès samedi matin.
En mettant en scène quelques scientifiques célèbres (des acteurs endosseront notamment les habits de Georges Lemaître et de Fred Hoyle pour animer ce jeu et poser des questions), le « BigBangGame » familiarisera le public à diverses disciplines scientifiques, principalement les STEAM (Sciences, technologie, ingénierie, art et mathématiques). Les joueurs descendront vers la Ville-Basse et la Maison Lemaître, en passant par le campus de l’Université afin d’y découvrir les nouveaux lieux de formation. Le circuit est émaillé de questions en lien avec la physique, les sciences et, bien entendu, Georges Lemaître et la cosmologie.
Le premier photographe d’un trou noir récompensé
Moins ludiques, mais tout aussi passionnantes, les activités du 28 mars au Palais des Beaux-Arts proposées par l’Université libre de Bruxelles et l’UMons dès 13 heures s’attarderont sur la question de la diffusion scientifique.
L’UCLouvain de son côté, université où Georges Lemaître fit ses études et enseigna pendant quelque 40 ans, saisira l’occasion pour remettre son prix international Georges Lemaître.
« Depuis 2009, c’est la Fondation Louvain qui organise et attribue ce fameux prix », souligne Daniel Rahier, Secrétaire général de la Fondation. « Ce Prix récompense tous les deux ans un scientifique belge ou international qui, au cours de sa carrière universitaire, a contribué de façon remarquable au développement et à la diffusion des connaissances dans les domaines de la cosmologie, de l’astronomie, de l’astrophysique, de la géophysique, ou de la recherche spatiale. » Le Prix Georges Lemaître 2023 sera attribué à Sheperd S. Doeleman, astrophysicien américain.
Les recherches de ce dernier portent sur les trous noirs supermassifs. L’homme a séjourné en Wallonie étant enfant avant de mener sa carrière aux États-Unis. C’est son talent de vulgarisateur qui sera récompensé, mais surtout son rôle de directeur fondateur du projet international EHT (Event Horizon Telescope).
L’EHT est un réseau de radiotélescopes terrestres qui combine les données de multiples stations d’interférométrie réparties sur Terre. Ce réseau a livré en 2019 les toutes premières images d’un trou noir, ce qui a permis d’observer son « horizon », comme disent les astrophysiciens.
La soirée se clôturera par une conférence donnée notamment par la Pre Véronique Dehant (UCLouvain et Observatoire royal de Belgique), qui expliquera en termes simples la théorie du Big Bang. Deux astronautes de l’Agence spatiale européenne, dont le nouvel astronaute belge fraîchement recruté par l’ESA, Raphaël Liégeois, discuteront de la recherche spatiale et des perspectives d’exploration humaine. Le 28 mars, assurément, Charleroi sera au centre… de l’Univers!