Diplomatie scientifique et innovation: Bruxelles et la Wallonie accélèrent

23 mai 2023
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Bonne nouvelle pour les scientifiques, les chercheurs et les innovateurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le réseau des agents de liaison scientifique (ALS) de Wallonie-Bruxelles International, l’agence en charge des relations internationales de la FWB, prend du galon. Le statut de ses agents se trouve pérennisé par la décision des gouvernements wallon et de la FWB. Leur nombre va quasi doubler dans les mois qui viennent. De six agents répartis dans le monde, on passe à dix, avec un renforcement en Europe et au Japon.

« Depuis une dizaine d’années, nous disposions d’Agents de liaison scientifique en Suède, en Suisse, en Allemagne ainsi qu’aux États-Unis, au Canada et au Brésil », rappelle Loïc Lefèvre, responsable du service Recherche et Innovation chez WBI, et à ce titre en charge du réseau des ALS.

« À l’origine, il s’agissait, avec ce réseau bâti dans le cadre du Plan Marshall wallon, d’aider les chercheurs belges à développer leurs activités sur la scène internationale. Désormais, la pérennisation de ce réseau et son amplification répondent à deux autres objectifs. D’une part, cela s’inscrit dans un contexte européen qui insiste sur l’importance de la diplomatie scientifique au-delà des frontières de l’Union. Et d’autre part, sur le développement économique de notre communauté, en lien avec les progrès scientifiques. »

Ecoutez Vassil Kolarov, en poste à Lausanne (Suisse), expliquer en quoi consiste son travail quotidien d’Agent de liaison scientifique de WBI:

 

Une collaboration plus étroite avec l’AWEX

Le premier volet inclut donc la diplomatie scientifique, académique et technologique et est indissociable de la promotion de l’enseignement supérieur. « L’idée est d’attirer les talents chez nous, de promouvoir les opportunités de financement et d’aider nos opérateurs dans leurs collaborations internationales. Ceci en complément de la veille scientifique et académique et des relais de développements politiques dans les différents pays que nous couvrons », précise M. Lefèvre.

Le deuxième objectif porte davantage sur la dimension économique avec l’Innovation ouverte et les programmes européens. Il s’agit, en partenariat avec l’AWEX (Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers), de renforcer la diplomatie économique et commerciale pour en faire un outil clé du développement économique.

Ecoutez Mathieu Quintyn, Agent de liaison scientifique de WBI en Allemagne, parler de l’évolution de son métier ces dix dernières années:

 

Trois pays européens supplémentaires, plus le Japon

Le nouveau réseau de « Conseillers Scientifiques et Académiques » sera présent, dès la prochaine rentrée académique, dans dix pays. Aux six premiers postes déjà pourvus d’un ALS (Agent de liaison de scientifique, selon l’ancienne appellation), viendront s’ajouter la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et le Japon.

Comme le précisaient, dans un communiqué commun, les deux Ministres-Présidents, le MR Pierre-Yves Jeholet (Fédération Wallonie-Bruxelles) et le PS Elio Di Rupo (Région wallonne), voici les critères qui ont abouti au choix de ces pays.

L’Espagne pour, dans un premier temps, renforcer les partenariats avec les universités espagnoles et la présence lors d’événements organisés dans les régions les plus innovantes d’Espagne. Et dans un second temps, pour développer une veille au Portugal, notamment pour le numérique.

La France pour se rapprocher davantage des régions les plus innovantes et renforcer les collaborations universitaires et entre les chercheurs.

Le Japon pour renforcer les partenariats académiques et en Recherche & Innovation avec un pays reconnu pour son enseignement supérieur et sa recherche d’excellence.

Le Royaume-Uni pour maintenir les relations scientifiques post-Brexit avec les institutions d’excellence du Royaume-Uni et soutenir rapidement la mise en œuvre de projets de recherche conjoints.

Ecoutez Mathieu Quintyn expliquer en quoi la pérennisation de la fonction décidée par les gouvernements de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles va la faire évoluer:

 

Des indicateurs nationaux et internationaux comme guides

Comment s’est opéré le choix de ces nouveaux pays? « Il résulte d’un travail d’analyse méticuleux basé sur de multiples indicateurs », reprend Loïc Lefèvre. « Par exemple, le Bloomberg Innovation Index, celui de l’innovation de l’OMPI (Organisation mondiale de la Propriété Intellectuelle) et le EU Regional Score Board de la Commission européenne. Des indicateurs plus spécifiques à la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont également été pris en compte. Notamment, celui lié aux co-publications scientifiques signées par des chercheurs belges et étrangers (FNRS). »

« Les indicateurs propres à WBI (en termes de mobilité des chercheurs, par exemple), et de partenaires tels l’ARES et les NCP (National Contact points européens) wallons et du FNRS ont aussi été pris en compte. Cela a débouché sur l’identification d’une série de 15 à 16 pays potentiellement intéressants. Un choix final a été posé. Des consultations de notre écosystème de recherche et d’innovation ont été menées. La liste a ensuite été transmise aux gouvernements de la Région Wallonne et de la FWB.»

Masse critique en vue des programmes de recherche européens

« Ces indicateurs montrent qu’il existe déjà de nombreuses collaborations avec ces pays. Leur intégration au sein du nouveau réseau des Conseillers Scientifiques et Académiques a été posée afin de pérenniser et de développer ces collaborations. Par exemple, afin de mettre plus facilement sur pied des consortiums scientifiques incluant nos chercheurs qui se positionnent ainsi mieux pour répondre à des appels à projets européens. Ceci en collaboration avec les NCP wallons et du FNRS ».

Les semaines qui viennent vont être chargées pour le nouveau réseau des Conseillers Scientifiques et Académiques. Les procédures de recrutement vont être lancées pour les nouveaux postes. « Le but étant qu’ils soient attribués d’ici le mois de septembre afin que le réseau soit complet et parfaitement opérationnel dès le début de l’année 2024 », conclut Loïc Lefèvre.

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