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La Deuxième Guerre mondiale a connu un tournant décisif avec l’utilisation, par les États-Unis, des premières bombes atomiques, larguées sur Hiroshima et Nagasaki, au Japon.
Ce qu’on connaît sans doute moins, c’est que la Belgique a joué un rôle déterminant dans ce cadre. Si de l’uranium « belge », extrait en très grande quantité au Katanga par l’Union Minière, du temps du Congo belge, n’avait pas été envoyé en 1939 à New York alors que les bruits de bottes commençaient à résonner en Europe, l’Amérique n’aurait peut-être pas gagné la course à la bombe…
L’uranium n’était à l’époque qu’un déchet minier
« A l’époque, l’uranium n’était qu’un déchet minier », explique le physicien Amand Lucas, professeur émérite de l’Université de Namur (UNamur).
« Il s’agissait d’un rebut de l’exploitation du radium, dont les propriétés avaient été découvertes par Marie Curie. Au Congo belge, l’Union minière du Haut Katanga exploitait une mine riche en radium. Les déchets de cette exploitation, le minerai d’uranium, étaient tout simplement abandonnés sur le carreau de la mine », précise le scientifique, qui donnera ce jeudi une leçon publique (et gratuite) à ce sujet, dans le cadre du Collège Belgique, à Bruxelles.
Ce sont ces déchets d’uranium qui, dans le plus grand secret, vont être envoyés quelques jours avant le début de la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis. Des déchets dont la plupart des autorités américaines de l’époque ne percevaient pas l’intérêt stratégique !
« Seules quelques rares personnes, dont le président Roosevelt, étaient au courant du projet de fabrication d’une bombe atomique », précise Amand Lucas.
Écoutez le Pr Amand Lucas détailler, dans cet entretien de 8 minutes, l’incroyable saga de ces centaines de tonnes de minerais d’uranium particulièrement riche envoyés aux États-Unis en 1939.
Et ce qu’on connaît sans doute encore moins bien dans cette histoire, c’est ce qu’est devenu en 1939 l’autre gigantesque stock de minerais d’uranium de l’Union Minière: les centaines de tonnes abandonnées à Hoboken-Olen !
Les Allemands s’étaient approprié l’autre stock belge d’uranium, celui d’Hoboken
« Quand la Belgique a été envahie, les occupants ont expédié par trains entiers cette matière première en Allemagne », précise le Pr Lucas.
Il ne faut pas perdre de vue que c’est à Berlin que la fission nucléaire avait été découverte quelques mois plus tôt. Les Allemands aussi nourrissaient de grands espoirs dans ce contexte. Mais leurs travaux n’ont pas été couronnés de succès.
Pourquoi les Allemands n’ont-ils pas pu construire de bombe atomique ni même de réacteur nucléaire en état de fonctionner au cours de la Seconde Guerre mondiale?
Le Pr Lucas apportera quelques réponses à cette question lors de sa leçon donnée ce jeudi au Collège Belgique, à Bruxelles (au Palais des Académies), ce jeudi à 17 heures.
Signalons au passage que le Pr Lucas avait déjà abordé certaines facettes de cette page d’histoire qui marqua le début de l’ère atomique dans un ouvrage publié par l’Académie Royale de Belgique, dans sa collection « L’Académie en Poche ».