Samantha Cristoforetti, astronaute de l'ESA, à bord de la Station spatiale internationale, le 3 février 2015, lors de sa mission Futura © ESA/NASA

L’ESA recrute des astronautes et des … parastronautes

24 février 2021
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Y aura-t-il un jour un astronaute souffrant d’un handicap, en mission dans l’ISS, la Station spatiale internationale? Pour l’Agence spatiale européenne (ESA), cette éventualité est loin d’être impossible. Outre la campagne de recrutement d’astronautes qu’elle lancera dès la fin du mois de mars, l’ESA n’exclut pas de recruter quelques parastronautes. « Des personnes présentant toutes les qualités cognitives et professionnelles requises pour devenir astronautes, mais qui souffrent d’un handicap physique », précise Jan Wörner, le directeur général de l’ESA.

Cette volonté de l’Agence spatiale européenne de recruter de tels profils s’explique par son souci de ne se priver d’aucune expertise pour mener à bien ses missions. « Ni d’exclure certaines catégories de collaborateurs, y compris en ce qui concerne les astronautes. Nous avions testé, il y 4 ans, les aptitudes de huit personnes handicapées en microgravité, lors d’une campagne de vols paraboliques, il est temps de passer au stade d’astronautes. Nous voulons être une agence spatiale inclusive », précise Jan Wörner. « C’est le message que l’ESA veut faire passer, en étant la première agence spatiale au monde à lancer le recrutement de parastronautes ».

Deux corps d’astronautes européens

« Les adaptations techniques à envisager pour accueillir de tels astronautes dans nos missions seront nombreuses. C’est pourquoi nous nous faisons aider par des spécialistes, comme le Comité international paralympique », précise David Parker, directeur de l’exploration humaine et robotique de l’ESA.

Pour les candidats présentant un handicap physique, l’ESA se limitera au recrutement de personnes de petite taille, c’est-à-dire de moins d’1m30, ou présentant un problème aux membres inférieurs. Par exemple à la suite d’une amputation ou d’une déficience congénitale. Cela concerne le ou les pied(s) et/ou la jambe sous le genou, précise-t-on à l’ESA.

Pour les futurs parastronautes, comme pour les futurs astronautes que l’ESA compte recruter, la route sera longue et complexe avant de travailler dans l’espace. « Cela débutera par une candidature en ligne, ouverte dès le 31 mars prochain », précise encore David Parker.

« Deux types de profil sont recherchés. D’une part, il y a des astronautes de carrière. Il s’agira d’hommes et de femmes qui feront d’emblée partie du personnel de l’ESA pour une longue durée. Nous envisageons de recruter de 4 à 6 personnes dans cette catégorie. D’autre part, nous souhaitons également constituer un cadre d’une vingtaine d’astronautes de réserve. Ceux-ci ne seront pas salariés par l’ESA tant qu’ils ne seront pas désignés pour une mission de l’Agence ou pour une mission commerciale. Ils seraient alors engagés temporairement par l’ESA, pour une période de 4 ans. »

Au minimum un master et trois années d’expérience professionnelle

C’est dans cette seconde catégorie que seraient versés les parastronautes. Dans un cas comme dans l’autre, les candidat(e)s recherché(e)s devront être titulaires, au minimum, d’un diplôme de master et pouvoir attester de trois années d’expérience professionnelle. « Un doctorat ou un second master sont des atouts », indique Lucy van der Tas, responsable des ressources humaines à l’ESA (Head of Talent Acquisition), « mais ce n’est pas obligatoire ».

Les candidatures en ligne seront ouvertes du 31 mars jusqu’au 31 mai. Le processus commencera par un questionnaire et l’envoi d’une série de documents, dont un certificat médical d’aptitude aéronautique et un CV. La sélection des astronautes et parastronautes passera par diverses étapes éliminatoires, s’étendant sur une période de 18 mois.

L’ISS, mais aussi la Lune comme terrain de travail

« Pour ces nouveaux astronautes de l’ESA, la première destination sera la Station spatiale internationale », explique de son côté Frank de Winne, le deuxième astronaute belge, lequel a mené deux missions en orbite sous la bannière de l’ESA. Il dirige actuellement le centre de formation des astronautes européens (EAC) à Cologne, en Allemagne.

« Nous avons aussi trois vols vers le Gateway qui sont déjà réservés pour des astronautes de l’ESA dans les 5 à 10 ans qui viennent », précise de son côté David Parker. Le Gateway est la station orbitale lunaire développée par les Américains, avec le concours de l’Agence spatiale européenne, notamment. Cette station orbitale lunaire doit servir de base pour les astronautes qui se rendront ensuite, pour des missions spécifiques, sur la surface de la Lune.

Avant de mettre le cap sur Mars? « Dans un avenir plus lointain, certainement », conclut Jan Wörner.

 

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