Arnaud Vajda © Christian Du Brulle

Un nouveau capitaine pour la Politique scientifique fédérale

24 février 2022
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Depuis le début du mois de février, la Politique scientifique fédérale belge (Belspo) a un nouveau patron. Arnaud Vajda, 40 ans, vient de prendre pour six ans les rênes de ce département riche d’environ 2.300 personnes. En dehors des quelque 200 personnes qui travaillent à l’administration centrale, le reste du personnel relève de divers services, dont les dix établissements scientifiques fédéraux (les grands musées, leurs instituts de recherche, les archives, l’Observatoire, l’IRM, l’Aéronomie spatiale, la Bibliothèque royale…). Pour motiver ses troupes et faire revivre son département, le nouveau Président du Comité de Direction a une stratégie bien arrêtée. Rencontre.

Daily Science (DS) : Au début de votre carrière, vous avez été attaché à la Politique scientifique avant de rejoindre les Allocations familiales et, ensuite, le SPF Finances, où vous étiez directeur des ressources humaines. Dans quel état avez-vous retrouvé Belspo?

Arnaud Vajda (AV) : « Depuis 10 ans, ce département fonctionne dans une logique de défense, de conservation des acquis. Une attitude prudente que je comprends, mais qui est aujourd’hui dépassée. Ma stratégie est d’avoir davantage de fierté dans ce que nous faisons, d’afficher nos ambitions. Cela nous permettra de grandir, de nous développer, de proposer de nouveaux projets, et d’ainsi décrocher des crédits complémentaires. »

DS : Précisément, quel est le budget de votre département cette année?

AV : « En 2022, notre budget global est de l’ordre de 530 millions d’euros. Parmi les principaux postes, on retrouve la politique spatiale: 273,4 millions y seront consacrés. Cela comprend la participation belge à l’ESA, l’Agence spatiale européenne. Les dotations aux Établissements scientifiques fédéraux s’élèvent à 117,8 millions. Une quarantaine de millions va aux projets de recherche nationaux et ce budget pourrait augmenter. 43 millions au futur réacteur de recherche du projet MYRRAH et 11,3 millions à des projets de R&D internationale. »

DS : Un important volet de votre début de mandat concerne la nomination de 7 des 10 directeurs généraux des Établissements scientifiques fédéraux (ESF).

AV : « En effet. Sept des dix ESF sont actuellement dirigés par des directeurs ad interim. Et pour certains, depuis plus d’une dizaine d’années. Nous allons lancer incessamment le recrutement de leurs directeurs généraux. Les procédures de sélection seront initiées d’ici avril. Il faudra ensuite constituer les jurys. Les matières des ESF étant ce qu’elles sont, l’identification des spécialistes à solliciter comme membres externes de ces jurys va sans doute prendre un peu de temps. Mais notre objectif est de pouvoir procéder à une première série de nominations dès septembre. Et d’avoir tout le monde en poste d’ici la fin de l’année, voire tout début 2023. »

DS : Un autre volet de votre stratégie concerne un certain décloisonnement de la recherche fédérale. Comment allez-vous vous y prendre?

AV : « Il existe une volonté de faire collaborer les chercheurs des ESF avec les universités.  Par exemple via le programme Fed twin. Mais cela fait longtemps que, par ailleurs, Belspo n’a pas financé de projets de recherche qui ne sont pas traités par les Établissements scientifiques fédéraux. Des projets de recherche qui seraient cependant utiles au gouvernement pour l’éclairer et l’aider dans ses prises de décisions. La mission de la Politique scientifique fédérale n’est pas de se limiter au financement de thématiques de recherches qui sont couvertes par les ESF, mais bien tout type de recherche nécessaire pour soutenir la prise de décision du gouvernement fédéral, et ce dans toutes les compétences qui sont les siennes. C’est là une piste de développement pour Belspo. On retrouve cette même logique dans la mise sur pied du Centre Climat, à Uccle. Les trois ESF spatiaux y collaborent de manière transdisciplinaire, mais on va aussi y recruter 10 à 15 nouveaux chercheurs. »

DS : La Politique scientifique fédérale, c’est aussi un important parc immobilier. Quelles sont vos priorités dans ce domaine?

AV : « L’idée est de parler d’une seule voix au gestionnaire de ce patrimoine, la Régie des bâtiments. Je souhaite que cela se fasse de manière concertée, au niveau du Comité de Direction de Belspo que je préside, et qui regroupe les directeurs des programmes de l’administration centrale et les directeurs généraux des ESF. Pour les années à venir, trois chantiers me semblent prioritaires. Il y a la refonte complète du Cinquantenaire, en prévision du bicentenaire de la Belgique, en 2030. Il y a également les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Enfin, le bâtiment du planétarium, qui est la vitrine du spatial belge, réclame aussi de sérieux travaux. »

DS : Quel est aujourd’hui le principal problème auquel Belspo doit faire face?

AV : « Depuis des années, nous avons disparu de l’agora publique. Et nous avons aussi disparu du paysage institutionnel belge. Pour rétablir ces liens, il faut communiquer. Cela passe par une bonne information liée à nos activités et aux services que nous pouvons rendre auprès des autres départements fédéraux. Il nous faut une stratégie de communication qui explique qu’au-delà des activités individuelles des ESF, il y a une logique générale du département et de ses objectifs. Un contrat d’administration est actuellement en gestation. J’aimerais en faire un instrument de communication. Mon ambition est d’impulser une nouvelle dynamique à ce département et de lui offrir une nouvelle visibilité à long terme. »

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