En Belgique, le paludisme est en progression

24 avril 2017
par Daily Science
Temps de lecture : 3 minutes

C’est difficile à imaginer. Pourtant, l’Institut de Médecine Tropicale est formel. En Belgique, les cas de paludisme ne cessent de se multiplier.

 

L’Institution scientifique a même enregistré l’an dernier un record en son genre: 327 nouveaux cas y ont été diagnostiqués. Pire, l’IMT a aussi été confronté à une multiplication de cas de paludisme résistant aux médicaments…

 

L’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers traite les patients paludéens qui reviennent malades des régions tropicales. En tant que laboratoire de référence, il analyse également les échantillons que lui transmettent d’autres hôpitaux en Belgique. Au total, 4 cas de paludisme sur 5 diagnostiqués en Belgique passent par ses experts.

 

Les Belges voyagent davantage

 

« Environ 9 cas de paludisme sur 10 ont été contractés en Afrique, indique l’Institut, basé à Anvers. Et sur les 327 voyageurs atteints de paludisme l’an dernier, 29 ont dû être hospitalisés ».

 

Malaria cases detected at ITM Antwerp

 

Pourquoi cette flambée des cas de paludisme en Belgique? « Selon les chiffres d’Eurostat, les Belges voyagent de plus en plus », constate l’IMT. « Nous avons fait, en 2012 et en 2015, au total respectivement 12,3 et 13,9 millions voyages. Bien que l’on ne dispose de chiffres clairs à ce sujet, il est possible que la hausse du nombre de voyages d’aventure dans les tropiques joue un rôle dans l’augmentation de l’incidence du paludisme chez les voyageurs belges ».

 

Paludisme résistant

 

En 2016, l’IMT a été confronté pour la première fois à cinq voyageurs atteints de paludisme qui ont rechuté après avoir reçu l’artéméther-luméfantrine, une association de deux médicaments utilisée comme traitement standard contre le paludisme chez les voyageurs européens ayant séjourné en Afrique. Ces voyageurs se sont tous rétablis après le traitement par un autre médicament.

 

L’échec du traitement par l’artéméther-luméfantrine soulève la question de savoir si le parasite responsable du paludisme est en train de devenir résistant à un des deux composants. En Asie, la résistance aux dérivés de l’artémisinine est un problème connu et de plus en plus fréquent alors que, pour l’instant, la résistance de l’agent du paludisme en Afrique n’est pas confirmée.

 

Cliniciens et spécialistes en sciences biomédicales de l’Institut tentent désormais de savoir pourquoi le traitement chez les cinq patients en question a été inopérant.

 

« Il se peut, bien sûr, que le traitement ait échoué en raison d’une mauvaise absorption du médicament, du fait, par exemple, de la non-observance des instructions sur le plan alimentaire. Les études sur la résistance conduites dans notre laboratoire visent à savoir s’il existe une forme de résistance de l’agent du paludisme aux médicaments. Le paludisme résistant serait une première inquiétante pour l’Afrique », indique le Dr Ula Maniewski.

 

Bien que les chiffres belges soient inquiétants, l’IMT constate aussi qu’au niveau mondial, le paludisme perd par contre du terrain. Le nombre de décès a chuté. Entre 2010 et 2015, il est passé de près de 1 million de victimes à moins de 500.000 par an.

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