Intéressé(e) par un séjour de recherche à Rome en 2023? Deux appels à candidatures sont actuellement ouverts à l’Academia Belgica, le centre belge pour l’Histoire, les Arts et les Sciences. Ils portent sur des bourses de séjour d’un à trois mois pour des chercheurs travaillant prioritairement dans les domaines des sciences historiques, de l’histoire de l’art, de l’histoire de l’architecture et des lettres. L’appel pour ces « Stipendia Academiae Belgicae » est ouvert jusqu’au 25 septembre. Il en va de même pour les bourses de recherche Academia Belgica-FNRS (et FWO) de six mois destinées cette fois à des post-doctorants.
« Pour les séjours de cette année, nous avions reçu 38 dossiers de candidatures », explique la Dre Sabine Van Sprang, directrice de l’Academia Belgica. « Nous accueillerons au final 26 boursiers en 2022 ». Outre les chercheurs, l’institution belge installée au cœur de Rome accueille aussi chaque année deux artistes en résidence. Chacun pour une période de cinq mois. Un atelier est mis à leur disposition sur le toit du bâtiment, avec vue sur le parc de la Villa Borghèse. Un accord avec le Grand-Duché de Luxembourg permet également à l’Academia Belgica d’accueillir depuis trois ans un ou une artiste supplémentaire.
Au cœur d’un réseau de 38 académies établies à Rome
« L’Academia Belgica fait partie d’un réseau international de trente-huit académies et instituts de recherche présents à Rome et issus de 19 pays », reprend Dre Van Sprang. « Ces académies collaborent entre elles. En ce qui nous concerne, nous travaillons dans l’esprit des instituts de recherches avancées, mais avec un lien avec la Belgique. Dans ce cadre, la rencontre entre les artistes et les scientifiques qui logent chez nous est une des plus-values de ces séjours », précise la directrice, détachée pour quatre ans du Musée des Beaux-Arts, où elle est conservatrice des peintures des XVIe et XVIIe siècles .
L’Academia Belgica ne se limite pas à offrir le gîte et le couvert aux scientifiques et aux artistes de passage. Des ateliers, des conférences, des séminaires, souvent en sciences humaines et très souvent en collaboration avec autres académies, émaillent son calendrier. Tout récemment, c’est un cycle de conférences du Collège Belgique qui y a été organisé.
« Franz Cumont, une sorte d’Indiana Jones de son époque »
Cette frénésie intellectuelle ne s’arrête pas là, tant s’en faut. La bibliothèque de 80.000 ouvrages hébergée en ces lieux, et alimentée de plusieurs fonds, est, elle aussi, largement ouverte aux chercheurs internationaux.
Par ailleurs, l’Academia Begica mène aussi son propre programme de recherches, lesquelles sont centrées sur son patrimoine. Le fonds Franz Cumont, du nom de l’historien belge des religions orientales, « une sorte d’Indiana Jones de son époque », indique Dre Van Sprang, a été digitalisé. A l’occasion du 75e anniversaire du décès du scientifique, un colloque est organisé à son propos en collaboration avec l’École française de Rome. Parallèlement, des lettres et des manuscrits de Franz Cumont ont également été confiés au musée royal de Mariemont dans le cadre de son exposition temporaire « Le Mystère Mithra. Plongée au cœur d’un culte de l’Antiquité romaine ».
Cette exposition, qui est désormais clôturée, est toutefois toujours visible de manière virtuelle et immersive sur le site du Musée. Et ce, grâce à une numérisation à 360° de l’espace d’exposition agrémentée de panneaux explicatifs, de vidéos et d’interviews.
Architecture diplomatique
Un autre projet de recherche porte sur l’histoire même du bâtiment art déco qui abrite l’Academia Belgica.
En 1930, la princesse Marie-José de Belgique épouse le prince héritier d’Italie Umberto de Savoie. Une souscription nationale est organisée dans notre pays pour offrir un présent au couple princier. Suivant le désir de la princesse, une partie des fonds réunis va à l’érection de la Fondation nationale Princesse Marie-José afin de permettre à des artistes et de jeunes historiens de l’art belges de séjourner en Italie.
À la fin des années 1930, le projet d’une Academia Belgica à Rome se concrétise sur un terrain concédé à la Belgique par les autorités italiennes. Confié aux architectes Gino Cipriani (italien) et Jean Hendrickx (belge), l’imposant édifice moderniste et art déco est inauguré en 1939 en présence du couple princier, mais ne sera opérationnel qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Nous disposons de tous les dessins et plans préparatoires de la construction du bâtiment », indique encore la directrice. « De même que toute une série de photographies faites par l’Irpa, l’Institut royal du patrimoine artistique, un établissement scientifique qui relève de Belspo, la Politique scientifique fédérale belge. L’idée est d’en tirer un ouvrage de référence sur l’histoire de ce bâtiment pour l’automne 2023 et d’organiser, à cette occasion, un colloque en collaboration avec l’académie du Danemark, qui démarre, elle aussi, un projet sur l’architecture diplomatique. »
Une belle occasion de découvrir cette « maison belge à Rome », avec ses marbres noirs du Hainaut, ses portes monumentales en acier forgées à l’époque à Bruxelles et ses portes intérieures façonnées dans du bois venu du Congo. Sans oublier de jeter un œil au mobilier des lieux dessiné par l’architecte belge Jean Hendrickx et qui est resté miraculeusement dans son jus. Qu’il s’agisse de la bibliothèque, du bureau de la direction ou encore de l’aménagement des chambres: tout est d’origine!