Les PAI (Pôles d’attraction interuniversitaire) sont en voie de disparition ? Place à EOS! Mercredi matin, au Palais des Académies à Bruxelles, le nouveau programme de recherche collaborative entre des équipes universitaires du nord et du sud du pays a été officiellement lancé. Son nom:« Excellence of Science » (EOS). Contrairement aux PAI, qui étaient un programme fédéral, EOS est cogéré par les deux principales communautés du pays, via le FNRS et son homologue flamand, le FWO.
« EOS fait notamment référence à la déesse de l’aurore », souligne le Pr Albert Corhay, recteur de l’Université de Liège et président du Fonds de la Recherche scientifique (F.R.S.-FNRS). « C’est un nouveau départ pour les relations entre les communautés de chercheurs de Flandre et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ».
Un accord entre communautés
Le programme fédéral des Pôles d’attraction interuniversitaire (PAI) était condamné à disparaître par la dernière réforme de l’État. Ses moyens financiers (un peu plus de 30 millions d’euros par an) ont été transférés aux Communautés. Les ministres responsables de la recherche, Jean-Claude Marcourt (PS) en Fédération Wallonie-Bruxelles et Philippe Muyters (N-VA) du côté flamand, se sont mis d’accord pour conserver à cet argent sa destination première. C’est ce qui a débouché sur le programme EOS.
« Nous avions déjà développé des recherches communes entre le nord et le sud du pays », indique Jean-Claude Marcourt, Vice-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. “Par exemple des recherches entre le pôle Mecatech wallon et IMEC, en Flandre. Mais il s’agit de programmes ponctuels. Avec « Excellence of Science », nous soutenons de tels efforts de recherche fondamentale et collaborative de manière structurelle. Cela profitera à l’ensemble des chercheurs impliqués, tant en ce qui concerne leur niveau d’excellence que leur réputation internationale. Une réputation méritée ».
Quatre ans de financement par projet
« Dès l’an dernier, nous avons signé un accord de principe avec le FWO pour gérer ensemble ces ressources », explique le Pr Véronique Halloin, Secrétaire générale du F.R.S.-FNRS. « Nous avons contribué à la mise en forme de ce nouveau programme ».
Le programme fonctionnera par appels à projets. Le premier est lancé dès aujourd’hui. Les chercheurs ont jusqu’au mois d’avril 2017 pour y répondre.
Chaque projet sera évalué par un groupe de quatre experts internationaux. Nouveauté avec EOS: les équipes auront une sorte de « droit de réponse » face aux critiques formulées. Une commission scientifique mixte FNRS-FWO, composée de 18 membres, classera alors de manière définitive les projets. Seuls les meilleurs seront financés.
Aussi pour les Établissements scientifiques fédéraux et des partenaires hors frontières
Les projets soumis à EOS et qui passeront le cap de la sélection seront financés pour 4 ans (au lieu de 5 pour les PAI). Chaque projet pourra bénéficier d’un financement allant de 450.000 à un million d’euros chaque année. Ils devront comporter au minimum 3 groupes universitaires et au maximum 6, représentant nécessairement les deux communautés. Les établissements scientifiques fédéraux ainsi que des chercheurs étrangers pourront également être financés dans le cadre de ces projets, à concurrence de 10% du budget du projet concerné. Enfin, au moins un doctorant par projet devra pouvoir bénéficier de cet argent.
« The Excellence of Science est un instrument collaboratif unique. Il couvre tous les domaines scientifiques et va pouvoir soutenir une quarantaine de projets conséquents par appel », estime Véronique Halloin, Secrétaire générale du FNRS.
Une compétition qui vise l’excellence
La compétition sera rude. EOS vise l’excellence scientifique. « Nous estimons à l’heure actuelle que le premier appel (clôture de la soumission des projets en avril 2017) devrait susciter quelque 200 propositions », dit encore le Pr Halloin.
Côté calendrier, les équipes pourront exprimer un droit de réponse jusqu’en septembre 2017. La commission scientifique arrêtera son classement définitif en novembre. Les équipes retenues seront financées dès le début de l’année 2018. Juste à temps pour faire le lien avec la fin des financements des projets fédéraux PAI. Ce qui réjouit Jean-Claude Marcourt. « Grâce à EOS, la recherche collaborative entre nos deux communautés ne connaîtra pas de césure », conclut-il.
Les plus-values du programme EOS
– EOS est le seul instrument structurel de collaboration entre les chercheurs issus des deux communautés du pays
– Ses recherches collaboratives ont potentiellement plus d’impacts que celles de laboratoires isolés
– Il permet des partages d’équipements et d’expertises
– Il favorise l’interdisciplinarité
– Ce programme devrait améliorer la visibilité de tous les partenaires ainsi que celle de leurs publications
– Ce programme est de nature à limiter la duplication de certaines recherches